Opinions - 17.12.2015

La crise de la démocratie représentative

 La crise de la démocratie représentative

La démocratie représentative, jadis dénommée gouvernement représentatif est un système politique qui découle de la pensée libérale inaugurée par John Locke. Cette idée du gouvernement représentatif a fait son chemin et a été théorisée par les philosophes des Lumières.  Ce mode de gouvernement est en place depuis un peu plus de deux siècles. Toutefois, il se trouve aujourd'hui confronté à ses propres limites, il est essoufflé. Il a un besoin vital d'être repensé, innové et d'être en phase avec cette époque et ses défis. Partout dans le monde, le réveil volcanique et l'émergence des extrêmes et des populismes le montrent. Si ce modèle n'est pas réformé, il sera bientôt en faillite totale et les totalitarismes prendront le dessus.

Au cours du XXème, la démocratie libérale a été confrontée à deux idéologies totalitaires, ennemies des libertés. En dépit de toutes les difficultés, elle a résisté et fini par triompher sur les deux autres. Que serait le monde si les Alliés n'avaient pas remporté la Seconde Guerre mondiale ? Le fascisme aurait régné sur les quatre coins de la planète. Certes, cette victoire n'aurait jamais été possible sans l'Armée rouge et ses formidables exploits sur le front de l'est. Néanmoins, le communisme a été l'une des idéologies les plus totalitaires qu'ait connue l'Humanité. Combien de millions furent déportés, torturés et assassinés en URSS ou dans la Chine de Mao? Bien sûr, les nostalgiques du communisme vous diront:" Mais le communisme n'a jamais été mis en place, ce ne sont que des tentatives ratés. " Or nous savons pertinemment que le communisme porte dans ses graines l'exclusion, la pensée unique et le totalitarisme. Le concept de la dictature du prolétariat en est le parfait exemple.

L'URSS avait opposé à la démocratie libérale, la démocratie populaire. Aux droits civils et politiques, elle a opposé les droits économiques et sociaux. Ces droits sont bien évidemment complémentaires mais cette logique d'antagonisme était toujours de mise pour les soviétiques. En fin de compte, l'Histoire donnera raison à la démocratie représentative et l'URSS s'est écroulée.

Aujourd'hui, le modèle démocratique affiche certaines faiblesses, comme en témoigne les niveaux record d'abstention, l'émergence et la vigueur des mouvements contestataires et la montée en puissance du populisme. Les partis d'extrême-droite ne se sont jamais mieux portés que de nos jours, les différentes échéances électorales le prouvent. Les dernières élections régionales en France ont mobilisé plus de 6 millions d'électeurs en faveur du Front national au premier tour. Certes, le retrait des listes socialistes dans les grandes régions où le PS est arrivé en troisième position a permis aux candidats des Républicains de remporter la présidence de ces régions au second tour. Si cette stratégie n'avait pas été mise en place, le FN serait à la tête de régions importantes à l'instar de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Et même si les frontistes n'ont raflé la présidence d'aucune région, ils ont triplé leur présence au sein des conseils régionaux.

Et croire que tous les électeurs du FN sont tous des racistes, c'est ne rien comprendre à la situation actuelle et ce serait une lecture très premier degré. Il faut savoir que les citoyens sont exaspérés par les deux partis traditionnels, qui n'ont pas apporté de solutions à leurs problèmes et à leurs préoccupations depuis des décennies. Pour eux, le personnel politique n'est pas en place pour servir la nation mais "pour faire carrière", quand ils observent les accointances entre la classe politique et le show business, la rupture est consommée. C'est un désarroi total à l'égard de ceux des gouvernants.

Et ce rejet de la classe politique se généralise, observez bien l'Espagne, tous les politologues d'Europe scruteront avec beaucoup d'attention le scrutin législatif du 20 décembre. Les deux partis traditionnels -le Parti populaire et le Parti socialiste - qui gouvernent successivement depuis la fin du franquisme risquent d'être balayés. La difficile situation politique et sociale que vit l'Espagne depuis des années a vu les mouvements citoyens croître et prendre de l'ampleur. Certains de ces mouvements qui se sont rassemblés sous la bannière des " Indignados " en mai 2011 sur la Porta del Sol et partout dans la péninsule ibérique se sont transformés en formations politiques qui remportent un grand succès auprès de l'électorat espagnol désabusé. C'est le cas de Podemos mais aussi de Ciudadanos, parti de la citoyenneté.

Le constat est inéluctable, la démocratie libérale doit évoluer, se renouveler et doit redonner espoir aux nouvelles générations. Sinon les mouvements extrémistes et les organisations terroristes continueront d'attirer comme un aimant tous les exclus et tous les marginalisés d'un système à bout de souffle.

 

Chedly Mamoghli