Martyrs en sursis
Le Terrorisme en Tunisie persiste et signe. Il frappe là où il veut, quand il veut et choisit froidement ses cibles. Les cris d’Allah Akbar du terroriste résonnent plus fort que les gémissements des mères accablées de peine à la suite de la mort de leurs fils bien aimés. La Tunisie martyre gémit comme une bête sacrifiée sur l’autel d’un Dieu en pierre. Ces mères tristes et affligées souffrent lentement et continueront à souffrir longtemps. Ces mères se consument dans la douleur et personne au monde ne pourra réparer leur peine. Ces mères qui mortifient leurs sens et leurs passions pour rendre le dernier adieu à leurs chéris qu’elles ont mis au monde, élevé et vu grandir et réussir. A ces mères martyrisées et à notre Tunisie meurtrie les seules créatures qui ressentent dans leur chair la douleur de la mort des 12 hommes de la sécurité présidentielle. A ces mères je présente mes condoléances et je prends part de leur douleur à la mort de leurs biens aimés.
L’attentat qui a frappé la garde présidentielle à Tunis le 24 novembre 2015 a plus d’un sens. Ce n’est pas le moment de l’analyser ou en tirer les enseignements.Je voudrais seulement prendre part à la douleur des mères et attirer l’attention de ceux qui sont payés pour assurer la sécurité du pays et de la population. Ces valeureux gardes sont morts et n’accepteront d’être qualifiés de martyrs que lorsqu’ils seront vengés comme il le faut. Ils seront « sur la liste » des martyrs, auront droit à tous leurs privilèges ou même plus, mais leurs âmes n’accepteront jamais ce titre élogieux avant d’être vengés.
Je n’aurai pas tenu ce langage si les gardes étaient en faction et armés.Ils pourraient se défendre et réagir à temps. S’ils étaient tombés sur le champ de bataille lors d’une attaque d’un ennemi armé ils auraient réagi comme il faut et on ne sera pas aussi marqué par de tant de frustration et de peine. Mais ces gardes n’étaient pas armés et n’ont pas encore pris leur service. Leurs âmes, leurs collègues et beaucoup de tunisiens n’accepteront pas leur mort facile. Nous n’accepterons pas qu’ils soient « décorés » avec un titre flatteur. Leur mort est en sursis. Le jour où ils seront vengés nous les qualifierons de martyrs.
C’est un sursis qui servira de cap pour la guerre contre le terrorisme dans notre pays. Le terroriste qui a frappé le 24 novembre à Tunis, ceux qui ont frappé au Bardo et à Sousse, dans les montagnes de Chambi, Ouergha et Mghila n’hésiteront pas demain à récidiver et à exécuter les ordres de leurs commanditaires. La guerre doit viser ces derniers et ne pas cibler uniquement leurs pions. Pour venger ces mères affligées et pour consoler notre Tunisie meurtrie, il importe de cibler les commanditaires de ces attentats terroristes, leur logistique financière et leurs terrains de prêche. Que les valeureux gardes reposent en paix mais ne dorment pas avant qu’ils ne soient vengés et avant que les peines de leurs mères ne soient réparées.
Mohamed Nafti
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