Le Nouveau Monde et le Désert

Un milieu inhospitalier et hostile à la moindre forme de vie avec de larges variations de températures entre le jour et la nuit qui finissent même par avoir raison des roches et des pierres. C’est le désert tel qu’il est perçu là où la vie ne finit pas de finir.

Et pourtant avec ses oasis de légendes, ses paysages magnifiques moulés par les vents et ses hommes «Les Seigneurs du désert» la vie n’a jamais fini de commencer, de recommencer. Le désert a vu naître de grandes civilisations couronnées par des reines légendaires.

En témoigne les légendes de Zénobie qui devant l'incapacité des empereurs à défendre la Syrie parvint à réunir sous son autorité les provinces de Syrie, d'Arabie et d'Égypte, et commença la conquête des provinces d'Asie mineure jusqu’à ce que Aurélien empereur depuis l'automne 270, entreprit à la fin de 271 de combattre ces rivaux et s'empara de Palmyre…

Le site archéologique d’Al-Hijr  est un témoignage unique de la civilisation nabatéenne. Avec près de cent tombes monumentales aux façades décorées et ses puits, le site est un exemple exceptionnel de la qualité de l’architecture des Nabatéens et de leur maîtrise des techniques hydrauliques. Le barrage de Marib en est témoin. La rupture de la digue de Marib sous le règne de Tharan Yuhanim 400 ans avant l’islam est mentionné dans le coran. 

Le royaume himyarite du Yémen fût un véritable Empire. Il contrôlait une grande partie de l’Arabie méridionale. Ce fût la période faste du Yémen préislamique.

Sans compter la légende de Balkis reine de Saba qui alla demander conseil à Salomon et dont parlent la Bible et le Coran.

Le commerce est à l’origine de l’extension des empires de ces civilisations. Ils n’avaient pas besoin de faire la guerre, La période préislamique a vu des peuples creuser des villes entières dans la roche des montagnes, bâtir des temples, des routes, des ponts, des barrages et des palais. Ces civilisations antiques ont été classées à l’avènement de l’Islam sous le vocable réducteur : la Jahylia.

Longtemps après c’est dans ce désert qu’on a vu le  «Nouveau Monde» aider largement le régime de Saddam Hussein. C’était entre 1980 et 1988 lors de la guerre entre l’Iran et l’Irak espérant affaiblir l’Iran au prix d’un million de victimes.

Quinze ans plus tard, en 2003, une coalition emmenée par le «Nouveau Monde» détruisait l’Irak de Saddam Hussein. Résultat, ce pays, ou ce qu’il en reste, est devenu un allié très proche… de l’Iran. Et plusieurs centaines de milliers de ses habitants ont péri, principalement des suites d’affrontements confessionnels entre sunnites et chiites. Pire Daesch contrôle une partie du territoire irakien.
En 2011 de la même manière «le Nouveau Monde» a renversé M. Kadhafi pour rétablir la démocratie en Libye!

Aujourd’hui en Libye s’affrontent militairement deux gouvernements. Elle est un refuge aux groupes terroristes les plus divers dont Daesch.

L’arc de triomphe de la cité antique de Palmyre est détruit. Le Yémen se débat contre les djihadistes d’Al Quaida, l’insurrection chiite houthiste, l’intervention militaire de plusieurs pays sunnites sans compter les soulèvements indépendantistes.     

Le «Nouveau Monde» à l’origine de la mondialisation n’a pas retenu la leçon de l’histoire du désert. En ces temps le commerce y prospérait qu’il fut de fourrures, d’ivoire, de cordages, de miel, de vin, d’épices, de soieries ou d’esclaves.

La route des épices reliait l’Extrême Orient à l’Occident, l’Asie des Steppes aux rives de la méditerranée. Les caravaniers à chacune de leurs étapes jalonnaient leurs pistes de marchés itinérants puis de marchés florissants. Sont nées alors des cités qui ont rayonné sur des empires  
 
Même si l’année dernière, à West Point, le président américain Barack Obama admettait lui-même :«Depuis la seconde guerre mondiale, quelques-unes de nos erreurs les plus coûteuses sont venues non pas de notre retenue, mais de notre tendance à nous précipiter dans des aventures militaires, sans réfléchir à leurs conséquences.»

Euphémisme pour distraire une opinion publique qui ne croît plus à la classe politique   bernée par le lobby des armes ou celui du pétrole selon des choix stratégiques implacables.
Il est vrai que le commerce des armes est incompatible avec la paix mais nous continuons à croire que le développement du commerce à l’instar des civilisations antiques devrait être source de prospérité et de paix. 

Seul le commerce de Daesch continue de prospérer. Ils se nourrissent du pétrole pour acheter des armes.
Le «Nouveau Monde» continue à vendre des armes pour pouvoir acheter du pétrole!  

Badie Ben Ghachem