«Liman yajraa fakat» : jusqu'où ira-t-on dans l'exploitation de la détresse des gens ?
L’émission dominicale de Samir El Ouafi bat chaque tous les records d’audience. Toujours plus haut, plus loin, plus fort...dans l’exploitation de la détresse des gens. Soyons justes. Les gens aiment ça. Les politiques et les artistes en sont conscients qui se bousculent au portillon même s’ils savent qu’ils vont être ridiculisés, humiliés. Il ne faut pas croire qu’ils sont masochistes. Pour eux, c’est la meilleure rampe de lancement pour une carrière, le point de passage obligé vers la célébrité. La concrétisation d'un rêve qui vaut bien une humiliation.
Samir El Ouafi sait très bien que son émission est devenue incontournable. C'est pourquoi, il persiste et signe. On ne change pas une formule qui plait aux téléspectateurs. La dernière émission en date a été d'ailleurs un modèle du genre. On a invité la mère de Mabrouk Soltani, Zaara, son demi-frère, son cousin, un poète populaire et quelques hommes politiques. Ceux-ci furent ravalés au rang de comparses. Car ce soir-là l'invitée principale sera Zaara Soltani et accessoirement le demi frère du martyr. Zaara raconte les circonstances de la mort de Mabrouk. A plusieurs reprises, l'animateur rappelle que «cette mère courage» a passé la nuit tout en sachant que «la tête de son fils était dans le frigidaire». Abdellatif el Mekki ému aux larmes, la voix étranglée par l'émotion déclare que Zaara lui rappelle sa mère même dans ses accoutrements. La caméra balaye la table.Tous les invités sont émus. Le reste de l'émission sera de la même veine. L'animateur nous avait averti que l'émission serait exceptionnelle. Effectivement, en matière de sensiblerie de bas étage, il sera difficile de faire mieux.