En rouvrant son ambassade à Tunis, la Suède donne un signal fort

Stockholm - De notre envoyé spécial, Taoufik Habaieb. Le secret a été jalousement gardé jusqu'à ce que le premier ministre Stefan Löfven l'annonce avec réel bonheur au président Caid Essebsi, jeudi après-midi. La Suède a en effet décidé de rouvrir son ambassade à Tunis, fermée depuis 14 ans, sous l'ancien régime en raison des violations des droits de l’homme, notamment. « Ce qui avait alors motivé cette décision n’est plus de mise aujourd’hui, a-t-il indiqué. L’attribution du Prix Nobel de la Paix, en consécration de tout un processus de transition témoigne de la réussite, unique, de la Tunisie. La réouverture de notre ambassade à Tunis exprime la haute importance que nous accordons à cet ami de longue date et donnera un grand élan à l’intensification de notre coopération. Nous aspirons particulièrement à un renforcement significatif de nos échanges commerciaux. »

Lorsqu’on interroge le premier ministre suédois sur la nature du soutien que son pays compte apporter à la Tunisie, il répond qu’il s’agit surtout de répondre aux besoins qui seront exprimés. Il cite cependant trois domaines importants. Le premier est l’ancrage de la démocratie et particulièrement la démocratie locale, un domaine où la Suède jouit d’une expérience probante. Le deuxième est le nécessaire appui économique qui redonnera espoir, réduira tensions et relancera croissance. Le troisième est de réduire l’impact négatif sur la Tunisie de ce qui se passe dans le voisinage libyen.

Le triangle posé par le premier ministre est clair. L’ambassadeur de Suède à Tunis, Fredrik Florén, avec résidence à Stockholm a ainsi sa feuille de route bien tracée. Dès le 22 novembre courant, il se rendra à Tunis, apprend Leaders de bonne source, pour engager les préparatifs nécessaires.

Visiblement ravi de ce geste suédois, le président Caïd Essebsi ne manque pas de motifs de satisfaction, comme il le dira lors de la conférence conjointe donnée jeudi après-midi après un long entretien élargi aux délégations des deux pays. Outre la concordance des points de vue sur nombre de questions d’intérêt commun, il a obtenu la mise en place d’un mécanisme de dialogue régulier, politique, économique et culturel entre les deux pays. Peu enclins à multiplier les accords, les pays scandinaves ne sont guère avides de contrats institutionnels. Cette fois-ci, la Suède a souligné l’importance de pareil forum qui sera co-présidé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays. Un mémorandum d’entente a été signé dans ce sens, jeudi après-midi à Stockholm. 

« D’ores et déjà, je peux affirmer que je rentrerai vendredi soir à Tunis, fort satisfait de cette visite si bénéfique en Suède, dira le président Caïd Essebsi. Il nous reste de concrétiser nos accords, conclura-t-il. »

Taoufik Habaïeb

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