Tunisie – Qatar : Loin de la politique, que d’opportunités perdues
Doha – De notre envoyé spécial, Taoufik Habaïeb. Et si une nouvelle page de coopération économique, scientifique et culturelle s’ouvrait entre la Tunisie et le Qatar ? Jusque-là, la politique du Qatar, n’a pas laissé auprès des Tunisiens, malgré tant de tentatives de recentrage après les élections de 2014, une bonne impression faisant rater aux peuples des deux pays de grandes opportunités. La balance commerciale est édifiante. Le volume des échanges commerciaux entre la Tunisie et le Qatar n’a pas dépassé en 2014 l’insignifiant montant de …15 millions de dollars. Pire encore : les exportations tunisiennes n’en représentent que 26%, soit moins de 4 millions de dollars. Pour les commerçants, ce n’est même pas le montant d’une seule petite facture. Alors que les possibilités sont énormes.
Il suffit de faire un tour dans les grandes surfaces au Qatar pour voir les multiples produits en provenance de pays arabes. Le Maroc, proche de nous, en offre d’ailleurs un exemple : fruits et légumes, habillement, maroquinerie, ustensiles de cuisine, etc. Pourtant, les produits tunisiens sont très prisés : huile d’olive, dattes, gâteaux, artisanat, céramiques et autres.
Une communauté tunisienne en expansion
En matière de ressources humaines, les qualifications tunisiennes sont très appréciées : financiers, ingénieurs, médecins, infirmiers, pilotes et personnel navigant commercial, enseignants, managers, et autres. Les nouvelles industries culturelles et des technologies de l’information et de la communication constituent de leur côté un bon créneau, tout comme les services de consulting, bureaux d’études et gestion de projets.
Certes le nombre de Tunisiens établis au Qatar est passé en cinq ans de 7000 à 20 000, (dont près d’un millier à Qatar Airways) mais nous sommes encore loin d’atteindre notre potentiel réel. L’école tunisienne, l’unique dans les pays du Golfe, couvrant du préscolaire au secondaire, et accueillant pas moins de 2500 élèves, dont même des Qataris, jouit d’une solide réputation et souligne la compétence des enseignants tunisiens.
Les investissements directs et la coopération triangulaire sont insignifiants, qu’il s’agisse de projets qataris en Tunisie, d’implantation d’entreprises tunisiennes au Qatar ou de projets conjoints dans d’autres pays, notamment en Afrique subsaharienne. Autant de grandes opportunités mal servies par la politique, pour ne pas dire gâchées.
Pourtant, le jeune Émir du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, qui a pris la succession de son père en juin 2013, a multiplié les marques de bonne volonté pour hisser la coopération bilatérale au niveau qu’elle mérite. De leur côté, les nouvelles autorités tunisiennes, le président Béji Caïd Essebsi et le chef du gouvernement, Habib Essid y acquiescent. Comment passer alors au concret ? La réponse nous en est fournie par la diplomatie. La grande commission mixte sera réunie à Doha en décembre prochain sous une double présidence au plus haut niveau. Et, à cette occasion, une grande semaine tunisienne est activement en cours de préparation. C’est ce que confirme à Leaders l’ambassadeur de Tunisie au Qatar, Slaheddine Salhi.
T.H
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