Opinions - 16.10.2015

L'ignorance qu'un sol est aussi un être... Parmi les vivants..!!

L'ignorance qu'un sol est aussi un être... Parmi les vivants..!!

Le sol, un milieu vivant composé d’éléments comme l’argile, le limon et les sables, de matière organique, de sels, d’eau, d’air et de micro-organismes.  Il est complexe et variable selon les régions et les climats et exerce de nombreuses fonctions dans les écosystèmes : production végétale, stockage, filtration par rapport à la nappe phréatique. L’Union Internationale des Sciences du Sol (IUSS) a déclaré une journée annuelle du sol le 5 décembre. Les Nations Unies ont proposé 2015, année mondiale du sol. Il est au cœur des défis de la sécurité alimentaire et du développement durable.
Les enjeux sont grands et sa survie est celle des hommes et de leur comportement devant cette ressource difficilement renouvelée dans les conditions actuelles (économiques et climatiques). Il est sollicité par la masse des agriculteurs et par tous les autres  usagers « ravageurs » pour un intérêt financier et des profits faciles : agriculture hyper-productiviste (mécanisation et traitements chimiques), artificialisation des sols et extension urbaine sauvage sur les terres fertiles.

Pour répondre à la demande alimentaire mondiale, 6M ha de terres agricoles supplémentaires seront nécessaires chaque année (estimations de l’ONU). Au lieu de cela, 12 M ha par an sont perdus par la dégradation. En Afrique, un peu plus d’1 Md ha – soit 73 % du total des terres arides – sont modérément ou gravement touchés par la désertification et la Tunisie n’y échappe pas. En Asie, le phénomène s’étend à 1.4 Md ha. Mais le problème n’affecte pas seulement les pays en développement. Au total, plus de 110 pays possèdent des terres arides plus ou moins sérieusement dégradées et improductives. Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE 2003) estime que la désertification coûte au monde 42 Mds de dollars.

La connaissance du sol et l’utilisation de la terre sont peu ou mal enseignées aux enfants à l’école, contrairement aux autres aspects des sciences naturelles (végétal, organes du corps, …).De fait  le sol reste le grand oublié des facteurs fondamentaux de la vie.

Le capital sol est avant tout un héritage dont le renouvellement, sous les bioclimats méditerranéen et sahariens actuels, est négligeable. En Tunisie 46 % des cultures sont réalisées sur des terres à fertilité limitée ou très faible et près de 1 100 000 ha sont cultivés sur des terres sensibles à l’érosion. Les grandes cultures et l’arboriculture du Nord et du Centre détiennent le grand lot des surfaces cultivées totales évaluées à un peu plus de 5 M ha. Faibles rendements des sols céréaliers (en dessous de 30 quintaux à l’hectare en moyenne) et régression des pâturages (8 M ha dans les années 60 contre 4 millions ha actuellement) affectent la production végétale mais aussi la production animale.

Une étude de la FAO conclut à la sur-utilisation des terres cultivables (117 % du potentiel), d’autres études (BIRD et BEI) admettent une sous-productivité et une perte de productivité annuelle de 1 %. Les pertes en terres par les différents processus de la dégradation sont de l’ordre de 20.000 ha par an.

Ces constats reflètent les incohérences des modes d’occupation et le faible encadrement des agriculteurs des usagers. La mise en valeur de l’ensemble des terres cultivables et les pertes qualitatives et en superficie des terres arables maintiennent une pression constante sur la ressource. L’intensification des rendements par des intrants chimiques et/ou une irrigation mal conduite par des eaux chargées en sels (apparition de la salinisation et de l’hydromorphie) se présentent comme des processus dégradants à moyen et long termes : à l’exemple des plaines céréalières du Nord Ouest, basse vallée de la Méjerda, plaine de Kairouan, terres oasiennes….

Depuis plus de 50 ans, la FAO, pour appuyer le développement de la nutrition et de l’alimentation à l’échelle mondiale, s’est attachée à travailler sur l’aspect « sol » dans sa vocation et son aptitude culturale. Nombreux états, avec leur potentiel technique et scientifique, à l’image de la Russie, l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne, le Brésil, l’Argentine et les USA, ont fait des progrès dans le diagnostic des terres et les encouragements pour une  production intensive. Les nouvelles démarches des dernières années  plaidaient pour un développement de l’agriculture biologique et l’agriculture de conservation qui prennent de plus en plus d’intérêt auprès des décideurs et du grand public. C’est l’emblème choisi pour cette année du sol : « un sol sain pour une vie saine »….

 

Amor Mtimet