L’antre du cyclope est… à la Kasbah !
Voulant se rendre aux souks, il y atterrit moyennant 900 millimes ce mercredi 30 septembre 2015 fuyant la circulation démente et l’enchevêtrement kafkaïen de voitures stationnées le long du Boulevard du 9 avril.
Il atterrit dans une caverne, une grotte profonde.
Un antre pour tout dire.
Sale comme l’antre du cyclope Polyphème où Ulysse, retour de la guerre de Troie, eut la malchance de jeter l’ancre. Mais chez le cyclope, c’était une bergerie car Polyphème avait des brebis, or ici on est censé être dans un parking. Un parking au cœur de la ville, au beau milieu du centre du pouvoir, à deux pas de la Municipalité de Tunis et du collège Sadiki et de ses milliers d’élèves : le parking de la Kasbah. Des papiers gras, des bouteilles vides, des couches de poussière antédiluviennes, quelques flaques d’un liquide douteux et malodorant ornent ce monde sous terre.
Un parking sombre où la lumière est fort rare et où on risque à chaque instant de se casser le cou. A moins d’être nyctalope !
Une chaleur suffocante : on sue à grosses gouttes. Il est clair que l’évacuation des gaz d’échappement est insuffisante et que les extracteurs sont en mauvais état. Les pauvres bronches du malheureux automobiliste font assurément le plein de particules et de toute la panoplie des gaz d’échappement allant des oxydes de l’azote en passant par l’ozone et le monoxyde de carbone. Un cocktail digne d’une chambre à gaz ! Il est clair qu’un passage chez le pneumologue s’impose après cette immersion délétère. Pour ne rien de l’exposition subie par le personnel du parking !
Signalétique abracadabrantesque : on tourne en rond, les sorties voiture et piétons vous donnent le tournis, les rares panneaux « sortie » mènent à des impasses. On essaye de demander son chemin aux autres fantômes qui errent dans cette géhenne. Ils ne sont d’aucun secours : ils cherchent eux aussi la sortie mais le fil d’Ariane est introuvable. Ils pourraient dire avec Jean de la Fontaine :
«Je vois fort bien comme l’on entre, Et ne vois pas comment on en sort ».
Lorsqu’enfin on vit poindre la lumière, on fit part de notre mésaventure aux deux personnes surveillant nonchalamment la sortie. Elles nous gratifièrent d’un: « Adressez-vous à Caïd Essebsi » !
Un proche à qui on parla de ce parking fit une remarque judicieuse : « Avez-vous remarqué que dans ce parking situé au beau milieu d’une flopée de ministères, alors que nous sommes sous l’état d’urgence et que le terrorisme rôde, on y entre et on en ressort comme dans un moulin ? ».
Quand donc mettra-t-on fin à ce laisser-aller ?
A quoi servent les droits de stationnement si aucun entretien n’est effectué ?
Si près du bureau de Cheikh al Médina, comment peut-on ne pas traiter une telle verrue ?
Mohamed Larbi Bouguerra