Mounir Tabet, Coordinateur résident du système des Nations Unies en Tunisie
Que représente le 70e anniversaire des Nations Unies pour vous et qu’est-ce que cela devrait signifier pour le reste du monde?
Dans le monde actuel et à travers ce que nous voyons quotidiennement, sur les écrans de télévision, comme tragédies et souffrance généralisée issues du terrorisme, de la migration, de la pauvreté, des menaces climatiques contre notre planète, il est facile de perdre espoir et il est aussi impératif de se poser la question sur ce qui doit être fait. Avec tout ce que je viens de citer, il est important de se rappeler que l’idéal des Nations unies est venu suite aux grandes souffrances et aux tragédies de la première et deuxième guerre mondiales. Ce haut degré de souffrance humaine sans précédents a motivé les dirigeants mondiaux de puiser dans les idéaux et principes universels et collectifs de l’humanité pour préparer la charte des Nations Unies comme l’image désiré d’une éventuelle société humaine, charte qui a été signée en juin 1945 quelques mois avant la création de l’organisation des Nations Unies. Depuis, les Nations Unies ont fait de grandes réalisations. Je vais en mentionner quelques-unes :
- Mener la charge pour le démantèlement du colonialisme et apporter la liberté à des millions de personnes.
- Négocier 172 règlements pacifiques de conflits.
- Déployer 42 missions de maintien de la paix et d’observation dans le monde entier.
- Permettre au peuple de 45 pays de participer à des élections libres et justes.
- Réduire de moitié le nombre de personnes souffrant d’extrême pauvreté autour du monde .
- Réduire de moitié le nombre d’enfant déscolarisés.
- Aider plus de 30 millions de réfugiées dans le monde entier.
Pour leur effort de paix, développement et aide humanitaire, les Nations Unies, leurs organismes et équipes ont été récompensés par le prix Nobel onze fois .
Chaque jour, les Nations Unies nourrissent ceux qui ont faim, accueillent les réfugiés, éduquent les enfants et les vaccinent contre des maladies mortelles. Chaque jour, nous défendons les droits humains pour tous, y compris les droits socio-économiques sans considération de race, de religion, de nationalité, de genre ou d’orientation sexuelle.
Chaque jour, nos soldats de la paix mettent leurs vies en danger afin de promouvoir et de défendre la paix à travers le monde.
Donc, il est essentiel de prendre le temps de célébrer les Nations Unies et leurs réalisations.
Evidemment, nous reconnaissons que le monde est bien loin de l’idéal que les dirigeants du monde avaient désiré en 1945. Le monde a encore un long chemin à faire avant d’atteindre cet idéal. Mais aujourd’hui et pour un instant, il est important de s’arrêter, de réfléchir et d’apprécier le bien que les Nations Unies ont pu apporter au monde.
Qu’y a-t-il de si spécial concernant les réunions de New-York cette année et particulièrement cette Assemblée Générale ?
Bien, maintenant que nos célébrations sont terminées, nous avons besoin de revenir aux défis que nous avons en main. Malgré tout le progrès que j’ai déjà mentionné, nous avons encore beaucoup de défis à relever dans le monde.
1. Plus de 800 millions de personnes vivent toujours avec moins de 1.25 dollar/jour.
2. 1 personne sur 9 sur la planète souffre encore de famine.
3. 1 adulte sur 6 est encore illettré et les 2/3 sont des femmes.
4. Les inégalités dans et entre les pays ne cessent de grandir .
5. Notre environnement, écosystème et climat sont sérieusement menacés.
6. Les conflits régionaux, les réfugiés et la migration sont des défis croissants.
Il est devenu évident qu’aucun pays ne peut faire face à ces défis seul et aucune tranche de la société ne peut relever ces défis sans la coopération des autres.
Pendant les trois dernières années, les Nations Unies, avec le plus grand nombre d’états membres et plus de 8 millions de citoyens de 194 pays dont la Tunisie, ont entrepris les plus larges consultations de l’histoire des Nations Unies pour mettre en place un programme mondial pour relever les défis actuels en matière de développement. Ces consultations et négociations mènent au développement d’un nouvel programme appelé « Transformer notre monde : programme de développement durable d’ici 2030 ». Ce programme a été récemment approuvé par le sommet des Nations Unies lors de l’Assemblée Générale du 25 septembre 2015.
L’adoption de ce programme de développement ainsi que la célébration du 70e anniversaire des Nations Unies et le fait que la réunion de l’Assemblée Générale soit tenue au niveau de chefs d’état (Sommet), c’est ce qui a rendu la réunion de New-York aussi spéciale cette année.
Je suis très heureux de constater que la participation de la Tunisie dans ce dialogue international a été particulièrement dynamique et fructueuse. En effet, plus de 10 milles tunisiens ont été consulté en ligne, toutefois un sondage national de plus de 3000 citoyens ainsi que 12 consultations régionales ont été conduits dans un effort commun entre le système des Nations Unies en Tunisie et le ministère de l’investissement, du développement et de la coopération internationale, ainsi que la société civile. Ces consultations ont abouties en un rapport appelé « La Tunisie que nous voulons » qui a souligné les priorités du développement de la Tunisie, selon les parties consultées. Ce rapport a été partagé avec les nations unies et ces résultats combinés avec les efforts similaires des autres pays afin d’influencer la préparation du programme mondial.
Un effort similaire a été entrepris dans le domaine de la gouvernance démocratique en collaboration avec l’équipe de la gouvernance du bureau de la présidence du gouvernement, qui a résulté en un rapport qui, s’accorde avec quelques autres venants du monde entier, dans l’émission de propositions et de formulations spécifiques pourl’objectif 16 concernant la paix, la justice et les institutions démocratiques.
Pourquoi le nouveau programme de développement est-il important à ce niveau et quels sont les nouveaux éléments qu’il apporte?
Ce programme est important par son ambition. Ce programme est une vision partagée de l’humanité. C’est une vision universelle, intégrée et transformatrice pour un monde meilleur. Les 17 objectifs ont pour but la réalisation de trois choses extraordinaires dans les 15 prochaines années : éradiquer la pauvreté, combattre l’inégalité et l’injustice et régler le problème du changement climatique. Comme vous pouvez le constater, c’est véritablement un programme ambitieux. Le Secrétaire Général des Nations Unies, s’adressant à l’Assemblée Générale, a dit : « c’est un programme pour lepeuple, pour mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes », et il a ajouté : « c’est un programme pour une prospérité partagée, paix et partenariat qui rappelle l’urgence d’une action pour le climat et qui est enraciné dans l’égalité de genre et le respect de droits de tous. Et plus que tout, il s’engage à ne délaisser personne ».
Le programme et les Objectifs de Développement Durable sont aussi importants dans un cadre plus large. Ils ont été développés à travers un processus participatif et c’est un engagement des dirigeants du monde envers leurs peuples. Plus important, il s’adresse à toutes les personnes dans tous les pays, développés et en voie de développement. Dans d’autres termes, tous les pays, même les pays développés s’engagent à atteindre leurs objectifs dans leurs propres pays tout en aidant les autres pays à atteindre les leurs.
Ce nouveau programme se base sur le succès accomplis lors de la première campagne mondiale, connus sous le nom des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). La première campagne, qui s’est déroulée de 2000 à 2015, a fixé les principes et a déterminé l’efficacité des campagnes mondiales. De même, elle a clairement instauré l’idée de surveillance, de mesure et d’évaluation. Au final, cette expérience prouve son efficacité quant à sa capacité de se concentrer sur des objectifs clairs, bien articulés et facile à mesurer. Elles ont également contribué indirectement à faire progresser la culture de la responsabilité des résultats.
Ce nouveau programme repose sur ce patrimoine et œuvre à la réalisation de 17 objectifs avec 169 cibles se basant sur le succès et l’expérience de la campagne écoulée. Bien qu’à première vue, il semble que leur nombre est ingérable, cependant quand vous regardez plus en profondeur, ils se révèlent comme un ensemble d’objectifs très gérable, très logique et bien intégrée, lequel est le requis minimal pour relever les défis complexes, régionaux, nationaux et locaux que les gens confrontent quotidiennement.
En outre, le programme introduit de nouveaux objectifs tel que celui axé sur la paix, la justice et les institutions solides et met les questions relatifs aux droits de l’homme véritablement au centre de l’agenda de développement, et ce, sous forme d’objectifs mesurables et vérifiables, lesquels couvrent ces fins universellement souhaitables à l’instar de la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la corruption, la prise de mesures contre les inégalités et la promotion des institutions démocratiques, responsables et transparentes. Jusqu’à récemment, cet objectif était difficile à établir en tant qu’objectif de développement global pour lequel tous les pays seront tenus responsables.
Prenant en considération la connaissance qui a été accumulé sur les menaces qu’encourt notre planète par rapport au changement climatique, le programme traite plus exhaustivement l’agenda de la durabilité environnementale et fixe des objectifs clairs sur l’efficacité énergétique, la biodiversité, la désertification, la sylviculture, la protection des océans et d’autres phénomènes environnementaux, soulignant leur interdépendance et la nécessité de les traiter conjointement et de manière globale.
Au final, le nouveau programme commence à s’intéresser au système mondial de production et de consommation, en reconnaissant que la globalisation, tout en apportant de nombreux avantages, elle a également mis l’accent sur la nécessité de revoir les modes de consommation et de production ainsi que leur impact sur les gens et la planète, en particulier en prenant en compte une population croissante qui, pour la première fois dans l’histoire, est plus urbaine que rurale et qui est plus que jamais connectée non seulement technologiquement, mais aussi économiquement, socialement, financièrement et sur le plan environnemental ainsi que sécuritaire. Ceci confère aux défis un degré de complexité plus élevé et souligne la nécessité de conduire une action organisée, systématique et collective. À ceux-ci s’ajoutent d’autres nouveaux éléments au programme mondial qui ne sont pas suffisamment traités voire même identifiés dans le premier programme de 2000 à 2015.
Avant de conclure ma réponse à cette question, permettez-moi de vous dire qu’un tel programme ambitieux peut s’avérer coûteux et aurait besoin de fonds importants. Cependant, je crois que les ressources nécessaires pour mettre en œuvre ce programme existent. En fait, nous avons juste besoin d’exploiter ces ressources de manière plus efficace. Je crois qu’en combattant la corruption, qu’en luttant contre l’évasion fiscale au niveau globale et en re-canalisant une partie des 1,7 trillions de dollars, qui sont actuellement utilisés pour l’armement, nous pourrons susciter une énorme contribution au financement de ce programme. Il est de droit que tous les peuples jouissent d’un développement dans la dignité, en conséquence, toute personne devrait se battre collectivement pour ce droit. En outre, les progrès réalisés sur le plan scientifique, en particulier par rapport à la technologie de l’information et de la communication, devraient nous faciliter la mission d’atteindre ces objectifs si nous sommes en mesure d’employer de manière optimale ces technologies en faveur du développement humain. Avec la prolifération de la technologie mobile et avec plus de 94% de l’humanité connectée à une forme ou une autre de signaux wifi, et avec une grande partie de la connaissance humaine maintenant disponible sur internet, je suis convaincu que l’innovation et la créativité humaines guideront une nouvelle génération de dirigeants pour trouver de nouvelles solutions à nos défis, auxquels nous n’avons pas pensés jusque aujourd’hui. Albert Einstein a dit que : «Aucun problème ne peut être résolu du même niveau de conscience qui l’a créé ». Pour être de vrais apporteurs de changement, nous devons résoudre nos problèmes actuels avec un niveau de conscience plus élevé qui - et je suis convaincu- verra le jour avec la nouvelle génération de dirigeants, d’autant plus que nous nous rendons compte de plus en plus de l’interdépendance de nos défis et donc l'interdépendance de notre destin et par extension de notre propre interdépendance en tant que peuples et planète.
Pourquoi les Tunisiens doivent s’intéresser aux ODD et qu’est-ce qu’ils peuvent faire pour les soutenir?
Les 17 objectifs consistent à mettre fin à la pauvreté et à la faim, promouvoir la santé et l’éducation, assurer la paix et la justice et protéger l’environnement naturel, tout en entérinant l’égalité et les droits de l’homme qui sont au cœur du processus de développement de tous les peuples. Les Tunisiens sont également concernés par ces objectifs. Certains d’eux étaient l’essence même des revendications de la révolution qui a conduit la Tunisie à la position où elle se trouve en ce moment. Après avoir enregistré un tel succès important lors la première phase de la transition, y compris la tenue d’élections transparentes et fructueuses, l’approbation d’une constitution progressive et le transfert pacifique du pouvoir, la Tunisie tourne maintenant son attention à relever les défis économiques et sécuritaires. La préparation du plan quinquennal est une occasion importante pour préparer et diffuser une vision à moyen terme pour le développement économique, social et environnemental. De ce qui a déjà été publié dans la note d’orientation, il est clair qu’il ya un grand alignement entre les ODD et le plan national. C’est la raison pour laquelle je fais appel à nos partenaires au sein du gouvernement afin d’intégrer les ODD dans le processus de planification et dans le plan quinquennal, même si le plan est beaucoup plus large et plus complet que les ODD. Cette intégration permettra à la Tunisie d’adopter ces objectifs internationaux et d’être en mesure d’enregistrer plus facilement les progrès parcourus vers leur réalisation étant donné que tous les pays seront invités à faire de même. Ceci renforcerait également le caractère interconnecté desdits objectifs, en soulignant l’importance de l’approche globale et multidimensionnelle de l’élaboration des politiques, qui est déjà connu pour être nécessaire. Enfin, l’intégration des objectifs de développement durable dans le plan permettrait de renforcer d’emblée l’esprit de redevabilité par le biais d’objectifs bien déterminés, lesquels doivent être communiqués aux citoyens ainsi qu’à la communauté internationale. Il va sans dire que la Tunisie, comme dans tous les pays, devra prioriser les ODDs et les adapter à ses propres défis de développement, tant au niveau national que local (régional).
Les Tunisiens peuvent soutenir ces objectifs comme ils le feraient tous pour soutenir leurs plans de développement. Tout d’abord, en faisant en sorte qu’ils soient engagés dans la discussion sur les priorités de développement qui comptent pour eux. En effet, la Tunisie a accordé une grande priorité à la consultation et à la participation, et ce, depuis la révolution. Les Tunisiens peuvent utiliser cette expérience pour approfondir la discussion sur les défis restants relatifs à la transition, y compris les défis d’ordre économiques, sociaux et environnementaux et pour mieux articuler la définition, à long terme, des objectifs de développement socio-économique ainsi que le rôle de chaque acteur dans la réalisation cette vision (le gouvernement, le secteur privé, la société civile, le monde universitaire, les femmes, les jeunes, etc.). Ils peuvent promouvoir les ODD comme étant un programme de développement centré sur l’être humain qui a des objectifs clairs et une bonne plate-forme de responsabilité qui pourrait être une contribution à bonne valeur ajoutée au plan quinquennal. En dernier lieu, ils peuvent soutenir les ODD et tout l’esprit de développement basé sur l’objectif en contribuant à un système national de contrôle et de suivi relatif aux ODD et au plan quinquennal plus large.
Que fait le système des nations unies en Tunisie pour appuyer le développement en général et les ODDs en particulier ?
Face à la conjoncture exceptionnelle du pays et dès Fin Janvier 2011, le Système des Nations Unies, a immédiatement saisit la mesure historique des évènements, en prenant la décision de suspendre, à un an de son terme, le Plan Cadre d’Aide au Développement en vigueur (UNDAF 2007-2011). Il a adopté ainsi en Mars 2011 une « Stratégie de Transition en Tunisie, STT », destinée à appuyer la Tunisie sur une période de quatre ans (2011-2014).
Cette stratégie a constitué un cadre de référence flexible guidant le travail des agences du SNU durant la phase transitoire. Elle a établi la jonction entre l’ancien UNDAF 2007-2011, suspendu après la révolution et celui couvrant la période 2015-2019. Vos lecteurs peuvent accéder à un document qui résume les réalisations du SNU durant la première phase de la transition sur notre site web mais je citerais ici quelques-unes :
Plaidoyer et appui technique pour l’intégration des standards internationaux de Droits Humains dans la constitution, pour la levée des réserves à la CEDAW, pour la parité en matière de représentation élective, et pour l’intégration des droits des femmes et de l’enfant et des handicapés dans la constitution.Renforcement des capacités en matière de droits de l’homme et liberté d’expression pour les journalistes, forces de sécurités, OSCs et autres acteurs.
Renforcement et appui technique à l’ANC dans les domaines de renforcement institutionnel, partage d’expériences sur le travail parlementaire et la préparation de la constitution ainsi qu’un appui aux autres instances indépendantes comme le HAICA dans la matière de liberté de la presse et l’INLUC dans la matière de lutte contre la corruption.
Appui au processus électoral y inclusappui àl’élaboration de la loi électorale, l’assistance technique àl’organisation des élections (inscription, procédures, sensibilisation, matériel, éducation électorale et renforcement de la participation populaire, gestion des résultats, capitalisation des leçons apprises...), ainsi que la formation de femmes candidates potentielles et de journalistes. Nous sommes particulièrement fières d’avoir appuyél’organisation de campagnes d’information ciblant les personnes porteurs d’handicap ainsi que l’adoption de bulletins de vote tactiles qui ont permis aux électeurs ayant une déficience visuelle d’exercer leur droit de vote.
Appui à la réforme de la justice et la justice transitionnelle y inclus appui technique à la définition d’une vision stratégique de la réforme du secteur judiciaire et pénitentiaire, appui au processus de Justice Transitionnelle et l’instance vérité dignité, appui à l’élaboration d’un projet de loi sur la Justice Transitionnelle initié sur la base des standards internationaux et des recommandations du dialogue, et appui à la mise en place d’un système d’information judiciaire intégré.
Appui à la réforme du secteur de sécurité et pénitentiaire y inclus l’introduction du concept de police de proximité dans six postes pilotes de la police et de la garde nationale, formation et renforcement de capacités surtout dans le domaine de droits humains, ainsi qu’un programme d’appui à la reforme pénitentiaire.
Appui à la société civile et au dialogue national à travers des programmes et de renforcement de capacités y inclus dans les domaines de formation sur des mécanismes de construction du consensus, appui aux initiatives locales de dialogue sur les enjeux constitutionnels, les réformes et la résolution des conflits, sensibilisation au processus constitutionnel, la citoyenneté, la démocratie et les Droits de l’Homme, promotion de l’implication des jeunes dans le processus constitutionnel et collecte de leurs attentes.
Le SNU a aussi appuyé les réflexions nationales en matière de réforme des secteurs de l’industrie, l’agriculture, la santé, l’éducation, la protection social ainsi que dans des projets de création de l’emploi surtout par le biais des Petites et Moyennes Entreprises (PME) dans les régionsainsi qu’un appui pointu dans le domaine de cantines scolaires.
Le SNU a aussi appuyé dans les domaines d’adaptation et de mitigation aux changements climatiques, efficacité énergétique, protection côtière et biodiversité.
Je dois souligner ici que sans l’appui financière des pays donateurs comme le Japon, le Suède, la Norvège, le Danemark, la Belgique, l’Union Européen, l’Allemagne, l’Italie, Les Etats Unies, l’Espagne, la Suisse, l’Autriche, le Royaume Unie, la Finlande, la France, et bien d’autres il nous sera impossible de réaliser ces résultats. Je tiens à les remercier au nom de toutes les agences du SNU. Mes remerciements vont également au gouvernement et peuple Tunisien qui nous ont fait la confiance et nous ont associé à ce grand chantier de transition et de développement.
Dans lecadre de notre coopération avec la Tunisie pour la période 2015-2019 nous espérons continuer à appuyer la Tunisie dans tous ces domaines mais aussi en mettant plus d’emphase sur un appui plus pointupour la promotion et la création d’un modèleéconomique, équitable, inclusif et résilient, surtout en appuyant la préparation du plan quinquennal et l’introduction d’un indice de pauvreté multidimensionnel ainsi qu’un appui technique sectoriel par les agences du SNU, chacune dans son domaine. Les ODDs serviront, certainement comme un outil incontournable de travail pour cette période.
Un dernier mot?
Permettez-moi de conclure en disant que dans le contexte de difficultés majeures dans la région, en particulier dans les pays qui ont été touchés par les changements révolutionnaires qui ont eu lieu au début de 2011, la Tunisie est le pays qui a produit les résultats les plus prometteurs. Non seulement at-il réussi à gérer trois élections réussies, mais il a également préparé et promulgué une constitution progressive et il l'a fait de manière consultative, consensuelle et participative. Tout aussi important, il a vu le passage du pouvoir entre les partis politiques et les gouvernements d'une manière pacifique et démocratique. Dans l'ensemble de ces étapes importantes, la jeunesse et les femmes ont joué un rôle critique à travers les organisations de la société civile ainsi engagés et fortement énergétiques.
À cet égard, et même si nous sommes maintenant dans la deuxième phase de transition où la Tunisie tourne son attention sur les défis socio-économiques, le pays et le chemin qu'il a choisi restent un rayon lumineux d'espoir dans une région qui, malheureusement, continue être émergée en crise. Cette lueur d'espoir peut inspirer d'autres pays et devrait être considérée comme un atout que la Tunisie peut partager avec les pays qui souhaitent apprendre de l'expérience tunisienne.
Maintenant que l'attention se concentre sur les défis économiques, il est encourageant de voir que le gouvernement se penche sur ce problème dans une perspective de moyen terme. En plus des réformes qui sont en cours d'examen, y compris la loi sur les investissements, les réformes fiscales et douanières, la réforme du secteur bancaire et autre, la Tunisie prépare également son plan quinquennal (2016-2020) qui pourrait devenir le grand cadre pour gérer la croissance équitable et inclusive. Étant donné qu'il se prépare de manière participative avec une bonne consultation régionale, le plan pourrait trouver un grand soutien de la population qui a des attentes pour un plus grand engagement dans le processus de développement national qui pourrai conduire à la création d'emplois décents et une vie plus digne. Les ODDs représentent une occasion historique pour une plus grande intégration dans les processus nationaux et régionaux de planification, bénéficiant de l'appui technique international. Je suis heureux d’apprendre que le chef du gouvernement, Monsieur Habib Essid, a déjà annoncé dans ses réunions avec les autorités onusiennes lors de sa participation aux travaux du sommet de l'Assemblée Générale des Nations Unies à New York, l'engagement de la Tunisie à intégrer les ODD et mettre en œuvre l'agenda 2030 du développement dans le pays. Bien sûr, l'ONU se tient prête à soutenir la Tunisie dans ce domaine et dans d'autres domaines et nous espérons que d'ici la fin de ce nouvelagenda globale de développement en 2030, la Tunisie serait parmi les pays qui donnent plus que ce qu'ils reçoivent en termes d'expertise technique à travers des programmes de coopération Sud-Sud plus solides.
Je suis très optimiste pour la Tunisie en raison de son engagement dansl’esprit de dialogue consensuelle pour résoudre les différences sociales et politiques, en raison de l'énergie et de la capacité de sa jeunesse, de ses femmes et de ses organisations de la société civile et en raison de son gouvernement et administration qui essaient toujours d'améliorer la viequotidiennedes citoyens.
Cela dit, plus le soutien international à la Tunisie est grand, plus sont ses chances de réussir. Par conséquent, j’encourage tous les pays qui veulent voir une région plus démocratique et plus prospère et plus équitable, d’appuyer la Tunisie à poursuivre son chemin et inspirer les autres avec de nouveaux progrès.
(1) Définies comme des personnes vivant avec moins de 1.25 dollars US par jour.
(2) Les lauréats du prix Nobel :
2013 Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.
2007 Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et Albert Arnold (Al) Gore Jr.
2005 Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradei
2001 Nations Unies, Kofi Annan
1988 Forces de maintien de la paix des Nations Unies
1981 Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
1969 Organisation internationale du Travail
1965 Fonds des Nations Unies pour l'enfance
1961 Dag Hammarskjöld
1954 Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
1950 Ralph Bunche.
(3) Oxfam a estimé que 20% de la population mondiale avait 94% des richesses mondiales et que les 2% les plus riches avaient plus de richesse que la moitié du reste du monde. Oxfam a aussi estimé que les 300 personnes les plus riches sur terre avaient plus de richesses que les 3 milliards les plus pauvres.
(4) Transformer notre monde : Programme de développement durable d’ici 2030 https://sustainabledevelopment.un.org/content/documents/7843outcomedocfrench.pdf
(5) Les priorités du développement identifiés par les tunisiens dans la consultation de “La Tunisie que nous voulons” :
1. Une meilleure éducation.
2. Moins de pauvreté et le droit à une nourriture de qualité.
3. De meilleurs soins de santé.
(6) http://www.onu-tn.org/uploads/documents/14430057920.pdf
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Nations-Unies : Davantage de soutien international à la Tunisie
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