News - 03.10.2015
Caïd Essebsi au Caire pour des entretiens « stratégiques » avec Sissi
Le Caire – De l'un de nos envoyés spéciaux. Un premier entretien en tête-à-tête, au palais Azbakia, dès son arrivée ce dimanche 4 octobre vers midi au Caire, puis élargi aux délégations des deux pays, un déjeuner officiel, et un deuxième déjeuner « restreint », le lendemain, lundi : le président égyptien Abdelfettah Sissi tient à multiplier les marques d’attention particulière qu’il accorde à son hôte, le président Béji Caïd Essebsi. Il sera aussi son invité d’honneur pour assister ensemble au grand défilé militaire qui commémore la Fête de l’Armée sachant qu'il n'y a pas eu de défilé militaire en Egypte depuis l'assassinat d'Anouar El Sadate le 6 octobre 1981 dans les circonstances que l'on connaît.
Le président Caïd Essebsi s’entretiendra également au palais Al Kouba, résidence des invités de marque mis à sa disposition, avec le chef du gouvernement, nouvellement nommé, et recevra de grandes figures égyptiennes. Il rencontrera aussi des représentants de la communauté tunisienne en Egypte, lors d’une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur de Tunisie au Caire.
Les entretiens Caïd Essebsi – Sissi revêtent pour Tunis, comme le Caire une importance significative. Le président égyptien est rentré tout droit de New York où, en marge des travaux de l’Assemblée générale des Nations Unies, il avait rencontré un grand nombre de dirigeants de divers pays. Les relations particulières qu’entretient l’Egypte, tant avec Washington que Moscou, mais aussi Téhéran, Ryadh, Abou Dhabi, Doha, Paris et Berlin, pour ne citer que celles-ci la confirme dans une position stratégique pour tout ce qui concerne le Moyen-Orient. Visée elle aussi par le terrorisme djihadiste, elle se trouve sur la même longueur avec la Tunisie sur nombre de grandes positions internationales et notamment la guerre contre le terrorisme.
De son côté, le président Caïd Essebsi, arrive au Caire, notent les observateurs égyptiens, en président arabe démocratiquement élu, auréolé du statut de pays allié majeur des Etats-Unis non-membre de l’OTAN et du soutien du G7 qu’il a pu obtenir pour la Tunisie, des résultats sans cesse probants enregistrés dans l’endiguement de la migration clandestine et du jihadisme. Il incarne aussi une approche de coalition avec le parti islamiste, Ennahdha, jusque-là inédite dans le monde arabe et suivie avec beaucoup d’attention. Ce qui intéresse les Egyptiens, c’est de savoir comment il a pu amener Ennahdha, durant l’été 2013, à céder le pouvoir, puis, après les élections de 2014, à se rallier au Tawafok. Mais, ce qu’ils souhaitent surtout connaître, c’est son analyse pour la sortie de crise en Syrie, la reconstruction de l’Irak et, question fondamentale, la Libye.
Voisins immédiats de la Libye, la Tunisie et l’Egypte qui se sentent les premiers concernés par ce que s’y passe, ont tenu jusque-là à ne pas s'impliquer directement dans le dialogue inter-libyen qu’elles ont cependant toujours encouragé. Chacun des deux pays a subi son lot de dommages collatéraux, après la dislocation de l’Etat libyen et l’exode de millions de ses habitants. Un peu plus la Tunisie, que l’Egypte, en termes de réfugiés d’abord, puis de résidents, mais le pays de Sissi y a perdu plusieurs centaines de milliers d’emplois. Les travailleurs égyptiens en Libye, rapatriés, privent le pays de transfert en devises et surchargent les demandes d’emploi.
Autant de dossiers de grande importance qui figurent au centre de cette visite d’Etat de deux jours qu’entreprend à partir de ce dimanche matin en Egypte, le président Caïd Essebsi. Le Caire entend l’écouter, connaissant sa vaste vision stratégique et sa longue expérience en matière de politique étranère et échanger avec lui ses points de vue, mais aussi confirmer la coopération bilatérale.
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