News - 23.09.2015
Amira Yahyaoui pleurant son père : « Je n'ai plus de papa ! »
L’ancien magistrat et figure de proue de la résistance contre la dictature de Ben Ali, Mokhtar Yahyaoui est décédé mardi soir, d’une crise cardiaque. Il avait été terrassé alors qu’il supervisait le chantier de construction de sa résidence secondaire à Gomria, près de Bizerte. Abasourdie par cette dure épreuve, sa fille Amira Yahyaoui a lancé à chaud ce cri de de cœur déchirant.
Je n'ai plus de papa !
C'est horrible, je ne pensais pas qu'il était possible d'avoir mal à ce point.
Merci à vous tous qui avez appelé. Je n'ai plus mon papa. Et de la part de toute la famille, merci pour vos messages de soutiens.
Mon père je ne l'ai pas choisi mais pendant les 31 dernières années je me suis sentie chanceuse d'avoir eu celui-là.
Celui qui s'est battu pour les femmes, quelles que soient leurs origines, celui qui s'est battu contre la peine de mort, pourtant juge, celui qui m'a expliqué que tous les 4 on était ses enfants, également ses enfants.
Mon père c'est celui qui m'a appris la littérature, la philosophie, le questionnement de tout, l'ouverture sur tout, pourtant à 63 ans il nous a quittés.
Il nous a quittés dans un endroit qu'il pensait être un paradis et je suis malgré la douleur heureuse que ça soit là-bas où il a eu son dernier souffle, à Gomria, où entouré d'agriculteurs, de la terre de la vie qu'il aimait. Il est parti en quelques instants.
Sa vie s'est arrêtée. Son combat continue!
De son côté, Cyril Grislain Karray écrit:
Mokhtar Yahyaoui, mon beau père, n'est plus.
Notre pays a connu très peu de véritables démocrates comme lui, de défenseurs aussi inconditionnels des Droits de l'Homme pour toutes les femmes et les hommes, de Juge dans l'Etat de Droit, de combattants de la corruption et de l'arbitraire. Et encore moins de militants aussi courageux et désintéressés du pouvoir, de politique qui aime véritablement les tunisiens du peuple profond et souffrant.
Pour ceux qui ne savent pas, Mokhtar Yahyaoui avait notamment, en plein coeur de la Dictature, prononcé une peine de prison ferme contre Belhassen Trabelsi. Comme par 'magie, la Journée entière de jugements du tribunal avait été ' effacée et le procès remis à zéro. Le lendemain,
Si Mokhtar re-juge, et applique à nouveau la peine. Considérant que cela était la Justice.
Un seul petit exemple qui vous donne une idée de la grandeur de l'homme.
Son âme est en paix. Sa vie s'est arrêtée. Son combat continue.
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