News - 20.08.2015

La Loi de réconciliation nationale menace t-elle l'unité du pays ?

AVIS

Que les avis divergent à propos de l’initiative présidentielle de réconciliation nationale quoi de plus normal dans un pays démocratique. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est la violence des réactions des adversaires de ce projet de loi à laquelle on assiste depuis quelque temps.On agite la menace « d’une mobilisation de la rue » en cas de vote favorable à l’ARP et on promet « une deuxième révolution plus sanglante que la première ». Un blogueur est allé jusqu'à menacer de « brûler » le siège de l’Assemblée pour la punir d’avoir mal voté. Maniant le paradoxe, ils veulent  renverser un régime démocratique au nom de la défense de la démocratie.

 

La démocratie a ses servitudes. A l'encontre de celles des régimes dictatoriaux, elles ne sont pas imposées mais librement consenties. Car la démocratie implique une limitation volontaire des libertés individuelles au nom de l'intérêt public. C'est ce que voulait dire Churchill en qualifiant la démocratie de «pire des systèmes à l'exception de tous les autres». Le citoyen doit s'en remettre au verdict des urnes quitte à se faire violence lorsque ses convictions ne coïncident pas avec celles de la majorité. Certes, les partisans de la fameuse loi disposent d'une majorité automatique à l'Assemblée. Mais  rien ne dit que le texte ne sera pas remanié lors de son examen en commission ensuite en séance plénière. Les contestataires ont également des voies de recours pour l'annuler. User de menaces, ce serait courir le risque de saper le fondement même de la démocratie tunisienne et de ramener le pays à la case départ,  faisant ainsi le lit de l'extrêmisme et de l'aventurisme.