Lutte contre le terrorisme; les tunisiens bâtissent une nouvelle culture
A l’heure où se mettent en place les institutions issues de la Constitution du 26 janvier 2014 et dont la création a été planifiée dans la foulée des élections législatives et présidentielles organisées à la fin de 2014, et au moment où l’Etat tunisien essaye de retrouver un mode de fonctionnement normal après la période d’instabilité consécutive à la Révolution, la Tunisie connaît, depuis le début de l’année 2015, de nouvelles tentatives, plus fréquentes et plus graves, de déstabilisation et d’installation de la terreur, se traduisant par une recrudescence nette du terrorisme et par la détermination de leurs instigateurs à mettre en péril les acquis démocratiques de notre pays. Après les assassinats politiques de 2013 qui ont ciblé d’éminents leaders politiques, les attaques terroristes de 2013 et 2014 contre les forces de sécurité et l’armée, la Tunisie a subi, depuis le début de l’année 2015 et à deux reprises, des actes terroristes abominables dont ses invités, des touristes, ont été les victimes innocentes. Le premier acte, perpétré le 18 mars, a touché le Musée national du Bardo faisant plus d'une vingtaine de morts et le second qui, a eu lieu le 26 juin, dans un hôtel de la région de Sousse, a fait, parmi les touristes, plus de 40 victimes de plusieurs nationalités et surtout de nationalité britannique.
Face à ces périls qui menacent les acquis encore fragiles de la Révolution de 2010-2011 et mettent en danger les fondements de l'Etat tunisien, force est de constater qu’il n’y a pas eu encore de consensus national ni d’union minimale autour d’une stratégie globale pour faire face au terrorisme qui s’est développé et a grandi dans les rangs de la jeunesse marginalisée et sans emploi, voire chez les jeunes étudiants.
Face à cette situation très périlleuse, les Intellectuels tunisiens, tout en soulignant l’importance de la « déclaration de guerre au terrorisme » annoncée par le Président de la République tunisienne, tout en saluant l’effort soutenu de l’armée nationale et des forces de sécurité intérieure dans le combat contre ce fléau, se sentent, de nouveau interpellés, se déclarent déterminés à apporter leur contribution singulière, en tant qu’Intellectuels, à ce combat et ont décidé d’organiser un congrès pour l’affronter et pour défendre les institutions de la République civile et démocratique. Il incombe à ce congrès d'élaborer des propositions concrètes et de concevoir une vision cohérente pour une nouvelle politique culturelle nationale fondée sur une école qui inculque les valeurs de la République Civile, des livres qui diffusent l’esprit des Lumières et des médias culturels variés qui raffinent le goût, affinent les talents, développent l’esprit critique et la réflexion.
Ce congrès se tiendra le mercredi 12 août 2015 dans le sillage des activités et manifestations organisées à l’occasion de la célébration, en Tunisie, de la fête nationale de la femme, le 13 août. Un rapport de synthèse, établi à partir de plusieurs contributions de spécialistes et approuvé à l’occasion des travaux de ce congrès, fera le point de la situation sur le terrorisme, sur l’état des connaissances et des positions relatives à son sujet et adoptera un manifeste national de lutte contre cette calamité et de défense de l’entité tunisienne. Adressée au gouvernement et transmise à l’opinion publique, cette déclaration constituera la contribution des intellectuels et des créateurs au Congrès national sur le terrorisme dont le gouvernement sollicité, a accepté officiellement la tenue en septembre prochain.
Pour le collectif initiateur du Congrès national des intellectuels tunisiens contre le terrorisme.
Habib Kazdaghli, doyen de la Faculté des Lettres des Arts et des Humanités de Manouba
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