Opinions - 11.08.2015

Des propositions pour limiter l'impact du terrorisme sur le secteur touristique

Terrorisme Tourisme Initiative

Ce n’est plus sombrer dans le pessimisme que de penser que la saison touristique de cette année en Tunisie est plus que  compromise. L’attentat contre un hôtel à Sousse, qui a fait 39 victimes le 26 juin,à quelques jours du démarrage de la saison estivale dans nos plages considérées jusque- là comme un havre de paix, a eu un impact désastreux à bien des niveaux. Mais dans un pays où le tourisme représente environ 7% du PIB et quelque 400.000 emplois directs et indirects, le flot d’annulations de réservations des clients étrangers a été aussi rapide que les condoléances et condamnations qui ont afflué de par le monde de leurs dirigeants. A noter qu’à eux seuls, les marchés français et polonais ont annulé pas moins d’un million de nuitées. Du côté du Royaume-Uni, pays le plus touché par cet attentat avec trente de ses citoyens parmi les victimes, le gouvernement a appelé tous ses ressortissants à quitter le territoire tunisien. Plus anecdotique mais tellement symbolique, l’avion de la compagnie JetAir, en provenance de Bruxelles, qui a fait demi-tour alors qu'il survolait la Méditerranée en direction de la Tunisie en ce jour sinistre, nous laisse présager des conséquences immédiates de cet acte haineux.

Mais là où le bât blesse, c’est que, à l'instar du Bardo trois mois auparavant, l’auteur de cette ignominie est un jeune Tunisien qui a succombé aux appels morbides de Daesh, la terrible nébuleuse islamique qui s’est fixé comme point d’honneur de détruire la civilisation moderne grâce aux mêmes outils créés par celle-ci à savoir les réseaux sociaux,  une communication extrêmement efficace et des armes lourdes. Après le Bardo, l’heure était à la solidarité et à l’union nationale. Dans la foulée on a vu des mouvements émerger de toutes parts appelant à se rendre en Tunisie, parfois avec une spontanéité touchante à l’instar de la campagne sur les réseaux sociaux « I will come to Tunisia this summer ». L’Etat a – lui aussi –   joué un rôle prépondérant dans cet élan en menant une intense campagne médiatique qui n'a pas eu malheureusement les résultats escomptés. Cela ne doit pas pour autant signifier que l’Etat tunisien doit céder à la résignation et à l’inertie, son rôle est primordial dans le soutien qu’il doit apporter à ce secteur vital à l’économie nationale

Pour cette saison touristique, il est impératif de sortir des sentiers  battus et de permettre à  des  nouvelles initiatives de voir le jour à  l’image des nouveaux défis auxquels le pays est confronté. Une de ces initiatives pourrait bien être de payer à des jeunes des régions déshéritées du pays un séjour de quelques nuitées dans un hôtel tunisien. L’avantage étant de combattre le mal à la racine. Il ne fait plus de doute que le fondamentalisme religieux a trouvé un terreau fertile en Tunisie comme en atteste ces attaques régulières perpétrées par des jeunes du pays contre des touristes, des militaires ou des agents de police tout au long de ces derniers mois. Aussi le nombre inquiétant de Tunisiens qui vient augmenter les rangs des djihadistes en Syrie et en Libye ne fait que renforcer ce triste constat. En effet, près de 3000 jeunes ont choisi de rejoindre la mouvance islamiste et perpétrer des attaques sanglantes. Cela témoigne d’une rupture sociale profonde dans notre pays qu’il est impératif de tenter de résorber si l’on veut réussir notre transition démocratique. Pour ce faire, nous nous devons d’encadrer des jeunes, de leur redonner espoir en l’avenir en fixant un cap à suivre, car beaucoup de jeunes vivent dans des conditions précaires et au ban de la société, ce qui font d’eux des victimes idéales pour les recruteurs de Daesh et autres Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). A défaut d’un emploi ou d’intérêts sportif et culturelles (qui sont des volets fondamentaux afin d’endiguer ce problème)  ces jeunes des régions défavorisées passent leurs journées dans des mosquées ou cafés où les recruteurs de la mouvance islamique pullulent. En ciblant des jeunes de ces régions désavantagées et en leur tendant la main pour leur signifier que la nation est soucieuse du bien-être et de l’avenir de ses enfants,  on ne peut totalement les immuniser contre la vision obscurantiste mais on peut essayer de leur fournir les armes susceptibles de les en prémunir et ainsi de la combattre à la racine. Il s’agit là  aussi de  prévenir et d'empêcher la gangrène de l’islamisme de germer.

Cette initiative permettrait en outre de limiter (quoi que de manière très sporadique) les dégâts dont pâtissent ces hôtels tout en offrant une belle expérience à ces jeunes qui se sentiront aimés par leur pays. L’impact économique ne sera bien entendu pas le même que ce que l’on pouvait escompter en recevant en masse nos amis français, polonais ou britanniques mais la majorité de ces chambres d’hôtels risquent à coup sûr d’être vides. Et quand bien même celles-ci seraient  réservées,  les prix seront tellement  dérisoires  qu’ils trouveront toutes les peines du monde à couvrir les frais de fonctionnement  de certains leurs établissements.

Le processus de réforme que connaît la Tunisie d’aujourd’hui est comparable à celui d’une maison en chantier. Au tout début, il y a de l’excitation (phase qui a directement suivi la révolution dites « euphorie révolutionnaire »). Ensuite, on est frustré et impatient car ces choses-là prennent un temps terriblement long à prendre la forme que chacun espérait. Il y a tellement d’embûches et de défis qui surviennent tout au long du processus de construction. C’est l’étape où se trouve la Tunisie en ce moment. Mais quand « la maison sera enfin bâtie » et que tous les travaux seront terminés, l’exaspération fera place- à coup sûr- à une douce harmonie.

Aicha Zakraoui

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4 Commentaires
Les Commentaires
fathi - 11-08-2015 14:32

apres avoir obtenu les indemnistaions, les hotels affichent complet ces derniers jours. D'ailleurs nos voisins algeriens et libyens depensent beaucoup lus que les europeens qui viennent en tunisie. je suggere que l'etat reprenne ces indemnistaions et les versant dans l'agriculture seul secteur sur de l'economie nationale.

L'observateur de la Tunisie - 11-08-2015 16:40

Le plus Grand problème de la Tunisie, c'est sa jeunesse sans espoir et sans travail payé. Il faut une table ronde de tous les responsables dans la Tunisie, pour la délivrer des séducteurs des islamistes radicales et je parle aussi de l'Ennahda même si Ghannouchi a mangé de la craie pour cacher ses vraies intentions. Pour cette table ronde on a besoin des membres du Gouvernement,les députés qui ne sont seulement intéressés à remplir leur propre Portefeuille mais sont intéressés que la Tunisie Avance, les professeur et enseignants et trop important : les entrepreneurs. Quand on ne trouve pas au Moment des emplois on doit chercher des possibilités de leur préparer pour le futur , donner des chances à élargir leurs connaissances. Les entrepreneurs en devront besoin. Les jeunes on besoin d'une perspective, et au moindre un Petit salaire qui leur donne la confiance qu'ils comptent pour la société tunisiens. Il faut que beaucoup surmonte leur égoisme afin que la Tunisie recoit un avenir heureux et en paix et ne sera encore plus une victime du terrorisme! Ce qu'on veut - on peut !!! Mais on a besoin de quelqu'un qui commence !

http://google.fr - 12-08-2015 20:37

bravo

Hamed - 13-08-2015 19:32

Bonjour, N'est ce pas une mesure un peu trop superficielle car après leur vaccances, tout frais payés, ces jeunes se retrouveront dans la même situation. Au lieu de leur payés des vaccances pourquoi ne pas leur payer des études ou chercher à les impliquer davantage dans la société civile. Pourquoi ne pas créé un service civil permettant à ces jeunes d'acquérir de l'expérience de travail qui leur offrira des perspectives à long terme. Ils pourront s'insérer plus aisement dans la société. Les racines de l'extrémisme se trouvent dans la pauvreté, le manque d'éducation et l'absence de perspective d'avenir. Si l'objectif est de sauver la saison touristique il faut ouvrir ses portes au touristes nord africain comme cela se fait en ce momment.

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