News - 29.07.2015
L’ambassadeur du Canada à Tunis, Sébastien Beaulieu, promu à Ottawa, chargé du Moyen-Orient
En trois ans, l’ambassadeur du Canada à Tunis, Sébastien Beaulieu, aura vécu des moments aussi intenses qu’exceptionnels. L’adoption de la nouvelle constitution, les élections et l’installation des nouvelles autorités à Carthage, la Kasbah et au Bardo, resteront gravés dans sa mémoire. Quittant Tunis ce jeudi au terme de sa mission, il est promu chargé du Moyen Orient, au ministère des Affaires étrangères, à Ottawa. Son discours de départ, lors d’une réception offerte mardi soir en présence notamment du président de l’Assemblée nationale constituante, Dr Mustapha Ben Jaafar, constitue un témoignage poignant de son séjour à Tunis et l’expression d’une grande amitié.
Mon séjour en Tunisie tire à sa fin. Cela me porte à revenir sur trois belles années au cours desquelles j'ai eu la double chance d'exercer le poste d'Ambassadeur du Canada ET d'être accrédité dans cette belle Tunisie qu'est ‘la vôtre’... et qu'avec votre permission j'appellerai désormais aussi ‘la mienne’.
First, let me thank you for your cooperation, your friendship, and your guidance. You have made my job as Ambassador so much easier. You welcomed my family and I – from the very first day – with your openness and the Tunisian hospitality for which you are well known, around the world.
Nous avons parcouru un bon bout de chemin ensemble.
Nous avons vécu, ensemble, le choc, la stupeur, la rage, la peine, l'appréhension et l'incompréhension face à l'actualité sécuritaire qui a jalonné mon séjour, dès le jour de mon arrivée en septembre 2012. Résilients, solidaires et convaincus, nous saurons ensemble vaincre l'obscurantisme et la terreur.
Nous avons aussi vécu ensemble la transition démocratique: les débats, les plateaux télé, les tractations, les querelles, les coups de gueule et les coups de théâtre, les échéances, le suspense – et les suspensions – d'un dialogue robuste qui s'est montré salutaire d'un consensus à la fois politique et identitaire.
Nous avons applaudi, émus, sous les youyous des femmes tunisiennes dans cette Assemblée nationale constituante, entonnant spontanément, tous en chœur, l'hymne national… les trois 'raïs' portant – à bout de bras et au nom de tous les tunisiens – l'une des plus belles constitutions du monde, fruit du consensus tunisien. J'en ai encore des frissons en me rappelant ce moment privilégié, aux premières loges de l'ANC en ce 27 janvier 2014.
Quelques mois plus tard, j'étais fier de voir le drapeau tunisien flotter au Parlement du Canada, à Ottawa, alors que le Président de l'ANC remettait, dans un acte solennel, une copie de la nouvelle constitution aux Présidents du Sénat et de la Chambre des communes du Canada. Les bases d’une diplomatie parlementaire étaient jetées.
La Tunisie est désormais bien ancrée dans la communauté des démocraties et c'est avec humilité et conviction que le Canada vous a accompagné dans cette transition. Nous sommes bien conscients que la constitution de Carthage pré-date de plus de deux millénaires celle de nombreuses démocraties dont celle du Canada.
Nous avons entendu – et continuons de ressentir – les revendications, les perturbations, et la colère quotidienne d'une vie devenue trop chère, de débouchés trop rares pour une jeunesse talentueuse et diplômée – et pour des régions entières – qui attendent encore la dignité, cri de ralliement de la révolution. Le chantier des réformes économiques est aussi ambitieux qu'urgent.
Les partenariats économiques et les occasions d'affaires Canada-Tunisie – catalysés et soutenus par l'Ambassade dans le cadre de notre diplomatie économique – continueront de se multiplier au profit de nos deux économies.
Les trois missions commerciales d'envergure de Tunisie vers le Canada au cours des dernières années ont mobilisé un nombre record d'acteurs économiques et de décideurs tunisiens, et tout autant de canadiens pour les accueillir et les rencontrer. Nous en récoltons aujourd'hui les fruits. Pour catalyser l'essor des relations commerciales, nous avons lancé un ambitieux programme de soutien aux compagnies tunisiennes exportatrices vers l'Amérique du Nord.
L'Ambassade a aussi mobilisé et accompagné de nombreux gens d'affaires canadiens vers la Tunisie, en vue de multiplier les échanges et les passerelles entre nos deux économies marchandes.
Le Canada est un pays ouvert sur le monde, à l'image de la Tunisie. Nous nous voulons une terre d'accueil, d'intégration et de vivre ensemble. Beaucoup de tunisiens en ont fait l'expérience au Canada et me le confirment quotidiennement.
Le Canada continue ainsi d'être une destination prisée pour les tunisiens qui y envisagent – en nombre records depuis quelques années – des études supérieures de pointe, au-delà des frontières de la Tunisie. Nos deux économies du savoir sont faites pour se renforcer.
Grâce à notre diplomatie numérique – et reconnaissant le rôle mobilisateur des média sociaux dans la révolution du jasmin – nous avons jeté les bases d'un nouveau dialogue soutenu avec près de 70 000 fans canadiens et tunisiens, issus notamment de la société civile, de la communauté d'affaires et de nos deux "diasporas".
Nous avons ainsi pu mesurer, au quotidien, l'enthousiasme des tunisiens et des canadiens pour ce qui se passe entre nos deux pays. Les média sociaux nous ont été utiles pour faire, tour à tour, la promotion de la Tunisie et du Canada. Nous y avons mis en valeur des nombreux 'success stories' croisés: canadiens en Tunisie et tunisiens au Canada. Facebook nous a aussi permis de mettre en lumière les nombreuses initiatives visant la consolidation des liens entre nos deux pays et dont vous êtes les artisans.
Et puis, nous avons osé. Notre diplomatie directe a permis d'aborder des sujets parfois sensibles, au coeur de notre politique étrangère. La discussion a été parfois robuste, mais toujours engageante et utile.
Nous avons même osé – jusqu’à faire des graffitis sur les murs de cette Ambassade du Canada –- pour illustrer la 'Tunisie de demain' dont nous rêvons. Nous avons ainsi donné une voix et une visibilité à la jeunesse tunisienne et aux artistes, tout en marquant l'importance de la liberté d'expression et le franc parler, valeurs qui nous sont chères.
Maybe I’m biased as “Ambassador of Canada”, but over the course of my stay I have always felt – wherever I went and whoever I spoke with – that there was a particular respect for Canada, for Canadians, and what we stand for. I felt that the door was always wide open for Canadian cooperation, and that Canadian experience and expertise were always welcome. That also has made my job so much easier and pleasant, and I thank you for it.
But it goes both ways. I’m reminded every day by my interlocutors that Tunisians feel right at home in Canada, except perhaps when it’s -30 degrees Celsius. Tunisians thrive in Canada. Those who come to study perform well at school. Those who stay integrate well into the labour market. They contribute to their communities, wherever they live. Some of them settle in Canada. Many return to Tunisia. Whatever the case may be, they build bridges between our two countries. You are the true ambassadors.
Mes chers amis, il faudrait que j'emprunte à nouveau le sinueux parcours de ces trois dernières années pour vous remercier chacun, tour à tour. J'aimerais en avoir le temps – trois autres années! – mais on m'attend à Ottawa.
J'espère que vous vous reconnaîtrez tous et toutes dans mes plus vifs et sincères remerciements. Pour ceux qui veulent rester en contact, on se retrouve sur FB et LinkedIn.
Je rapporte dans mes bagages une copie de la constitution, de la bsissa et de magnifiques souvenirs de 'NOTRE' belle Tunisie. Ma famille et moi repartons grandis de votre rencontre et de notre époustouflant séjour en Tunisie.
Je vous remercie tous – vous qui êtes ambassadeurs à votre façon – de travailler au rapprochement du Canada et de la Tunisie.
Je ne peux terminer sans remercier expressément les collègues de l'Ambassade du Canada en Tunisie qui m'ont guidé, avisé, soutenu et conseillé tout au fil de mon mandat. Leur énergie, leur professionnalisme et leur engagement pour nos deux pays sont exemplaires. Vous le savez.
Mission terminée. Mais j’avoue que j'envie déjà mon successeur d’avoir le plaisir de poursuivre avec vous dans cette relation bilatérale qui ne cherche qu'à grandir.
C'est donc la main sur le coeur – geste que vous m'avez si souvent manifesté – que je vous souhaite à vous tous, à vos familles et à votre patrie tout le succès que vous espérez et auquel vous aspirez, avec raison et amour.
Ayeshkom.
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