News - 16.07.2015

Le mur qui a fait tomber les masques

LE MUR QUI FAIT TOMBER LES MASQUES

Après  l’attentat jihadiste le plus sanglant de l’histoire du pays où 39 personnes ont été tuées par un terroriste tunisien, Habib Essid a annoncé la construction d’un mur tout au long de la frontière tuniso-libyenne connue depuis la désintégration de la Libye par sa porosité cette mesure est  en réalité déjà annoncée en juillet 2014 mais revenu au-devant de la scène suite à l’attaque de Sousse.
En fait, ce mur n’est ni un mur de separation ni un mur d'exclusion puisque les postes frontières resteront ouverts.
Cette séparation entre le poste frontière de Ras Jedir, au bord de la Méditerranée, et celui de Dehiba, est en fait une barrière de sable, faite de dunes, précédées par des tranchées creusées de deux à trois mètres de profondeur la longueur de cette séparation est de 168 km, sa première partie doit s’achever à la fin de 2015.
Il coûtera  150 millions de dinars, soit près d’un million de dinars par km de mur, et ce malgré le concours de l’armée mobilisée sans frais de main d’œuvre.
Six entreprises sous-traitantes privés déjà sur site et leur nombre passe très prochainement à neuf selon le premier ministre.
Il s’agit donc de sécuriser la zone comprise précisément entre la porte frontalière de Ras Jedir et la ville de Dhehiba qui depuis 2012 a toujours était le passage presque officiel de tout  le stock d’armes dans notre pays qui représentent aujourd’hui un danger pour la sécurité de la Tunisie.
D'autre part, Sabrata, située à une centaine de kilomètres de la frontière avec la Tunisie, est le siège de camps d'entraînement de jihadistes dont Rezgui le terroriste de sousse et les deux auteurs de l’attentat du Bardo en mars dernier.
Cette mesure très importante qui a mis du temps à voir le jour a pour objectif  de limiter la contrebande devenue un business institutionalisé dans la region,  réduire l’activité des groupes terroristes et criminels et empêcher l’introduction de produits illicites (drogue, armes) sur le territoire national.
La Tunisie est en droit de se protéger avec les moyens qu'elle juge nécessaires et d'être indépendante et souveraine dans ses décisions.

Le mécontentement des islamistes libyens

Le Samedi 11 juillet, Le gouvernement non-reconnu de Tripoli, soutenu par Fajr Libya a publié un communiqué où il estimait que l’annonce par les autorités tunisiennes de la construction d’un mur aux frontières tuniso-libyennes était  une violation flagrante du territoire national libyen et de la souveraineté libyenne.
Le haut conseil des révolutionnaires libyens  a publié un communiqué relayé par la « chambre des opérations » de Fajr Libya, principale force contrôlant le nord-ouest libyen, pour qualifier la construction de ce mur d’atteinte réelle en se réservant le droit de  riposter comme il l’entendait.
Fajr Libya considère cet acte comme étant une décision unilatérale, puisque la Tunisie n’a aucunement consulté la partie libyenne pour l’édification de ce mur. Ainsi, une mise en garde a été lancée à l’encontre des autorités tunisiennes quant au risque que pourrait représenter la poursuite de la construction du mur. Et se réserve le droit de réagir de toutes les façons possibles, à n’importe quel moment ou endroit.

L’alliance douteuse!

Le problème pour la Tunisie c’est que ces milices islamistes ne peuvent pas être considérées comme une autorité homogène avec laquelle les autorités tunisiennes peuvent entretenir des relations d’Etat à Etat, car elles sont des groupuscules armés, vaguement fédérés sous un commandement obscur sinon secret, et dont les plans, les motivations et les réactions restent aussi mystérieux qu’imprévisibles.
Ces mêmes milices que le président d’Ennahdha considérait, il y a à peine un mois comme notre rempart et notre première ligne de défense  contre les milices de Daêch, appelant ainsi les Tunisiens à composer avec eux, nous menacent aujourd’hui de représailles et contestent la construction du mur frontalier.

Aujourd’hui, la Tunisie est confrontée à la menace terroriste, de l’intérieur, de l’extérieur et aux frontières.
Etre contre l’édification de ce mur qui n'est nullement provisoire comme le souhaitent certains c’est être contre notre politique de lutte contre le terrorisme Cela nous impose justement de réévaluer nos alliés et nos ennemis.
La décision d’entamer la construction de ce mur et d’autres mesures de lute contre le terrorisme vont certainement faire tomber plusieurs masques.
 

Moncef Kamoun

Architecte