Oui, les risques d'effondrement de l'Etat sont bien réels
Le président de la République a-t-il été bien inspiré en prédisant un effondrement de l’Etat au cas où un attentat comme celui de Sousse se reproduirait ? La plupart des partis d’opposition ont poussé des cris d’orfraie en entendant Béji Caïd Essebsi prononcé le mot fatidique. Pourtant, il ne sert à rien de minorer les menaces qui pèsent sur la Tunisie, ni de se bercer d'autosuggestion pour conjurer le mauvais sort. Il suffit de regarder autour de soi pour comprendre que tout est possible aujourd'hui y compris un effondrement de l'Etat. Qui aurait imaginé au début de 1989 que la deuxième puissance mondiale, l'Union Soviétique connaîtrait le sort que l'on sait quelques mois plus tard, que la Yougoslavie soit dépecée avec une telle rapidité, que des pays sept fois millénaires comme l'Irak ou la Syrie connaîtraient le même sort ?
Dire que l'Etat tunisien est menacé d'effondrement, ce n'est pas jouer les prophètes du malheur, c'est exprimer une crainte que beaucoup de Tunisiens partagent. Quand on entend des syndicalistes, quelques jours après l'attentat de Sousse nous promettre une rentrée scolaire agitée si leurs revendications ne sont pas satisfaites, quand on voit les supporters d'une équipe de football fêter bruyamment la victoire de leur équipe deux heures à peine après la tuerie du vendredi noir, quand on entend les dirigeants des partis de l'opposition encore mal remis de leur défaite aux élections et plus que jamais fidèles à leur ligne de conduite: pour tout ce qui est contre, contre tout ce qui est pour, on se dit que, décidément, les Tunisiens n'ont rien appris et rien oublié. la Tunisie est et restera le cadet de leurs soucis. Tous les désespoirs sont permis.