Mohamed Ridha Kamoun : Pour le projet d’une Tunisie que nous aimons
Un vieux proverbe chinois nous apprend : «Quand on reçoit un coup sur la tête, il peut nous assommer comme il peut nous réveiller». L’attentat de Sousse doit au moins nous inciter à réfléchir et à nous poser la simple question : qu’est-ce qui ne va pas en Tunisie? Je vais tenter de répondre à cette question en me référant aux paroles de Habib Bourguiba : «Toutes les questions, qu’elles soient économiques ou sociales, découlent du politique. Hormis la politique, tout est pour l’heure secondaire». Près d’un siècle après, la réflexion reste d’une actualité brûlante.
L’échec de l’après-soulèvement de janvier 2011 est incontestable. L’accepter et le dire clairement est le premier pas vers la solution. Cet échec est lié essentiellement au désert politique qu’a vécu la Tunisie depuis l’indépendance ; tout en reconnaissant l’exceptionnelle révolution sociale que nous devons à Bourguiba.
La chute brutale de la dictature a révélé la vulnérabilité politique du pays qui est devenu une proie facile à tous les opportunismes.
Tous nos apprentis politiciens ne rêvaient qu’à prendre la place de Ben Ali et de jouir des avantages du pouvoir. Aucun courant politique n’avait de véritable projet pour la Tunisie, comme Bourguiba à l’indépendance. Même les courants islamistes, anticonstitutionnels, ont seulement un projet stratégique de prise du pouvoir et non un véritable projet pour le pays. Ceci explique leur exemplaire échec à la première occasion d’exercice du pouvoir.
Compter sur nos politiciens actuels pour faire sortir le pays de cette situation est certainement illusoire. Un fait incontestable est que le peuple est meilleur que ses politiciens. Notre horizon politique actuel semble être réduit à : islamiste ou anti-islamiste. Il nous faut absolument une 3e voie qui est celle d’un projet commun rassemblant tous les Tunisiens pour un avenir à la hauteur de leurs attentes et de leur mérite.
Un pays où il fait bon vivre, où chacun trouve l’opportunité de s’épanouir et de participer librement au développement de son pays.
Je terminerai par une autre citation de Bourguiba qui définissait la Tunisie que nous aimons: «La Tunisie que nous entendons libérer ne sera pas une Tunisie pour les musulmans, pour les juifs ou pour les chrétiens. Elle sera la Tunisie de tous ceux qui, sans distinction de religion ou de race, voudraient l’agréer pour leur patrie et l’habiter sous la protection de lois égalitaires».
M.R.K
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