News - 12.06.2015

BARGOU : La lente résurrection

BARGOU : La  lente revitalisation

L’inauguration d’une nouvelle unité d’exploitation et de conditionnement d’eau de source naturelle à Jebel Bargou a fourni  l’opportunité de renouer  le contact avec  des parcelles de la région de Siliana – au nord-ouest tunisien – n’y ayant  pas mis les pieds depuis l’an 2000.

Subjugué à l’époque par la beauté du  double site naturel et archéologique, je n’ai  pas focalisé sur les  aspects -pourtant visibles-de l’extrême dénuement  de la population  locale. J’admets que leur sens   altier de la fierté et de la réserve  imposait le  silence respectueux. IL était  indécent alors  de questionner  des gens humbles sur leur condition alors qu’ils portaient des visages  éclatants  de vigueur  et d’optimisme. Une richesse (intérieure) dans la pauvreté (extérieure). Peut être.

Mais cette fois, la boule  fut submergée par tant d’interrogations en relevant le frappant paradoxe entre les plaines  ondulantes et pleines  de cultures céréalières, les richesses hydriques et l’état  piteux  dans lequel se trouve – à titre d’exemple -l’infrastructure dans le continuum  de patelins de Sodka-Dkhila- Ain boussadia-Sidi M’tir- Al Hdadia et Drija …Je présume  que ces dénominations parlent davantage à une carte  d’etat major qu’à la majorité de  compatriotes  déconnectés et dont le pays  trans-réel se  glane  -désormais - sur l’écran  tactile que sur la glèbe concrète.

En effet, l’unique étroit  et sinueux sentier  relève du  parcours du combattant. Les patelins se dépeuplent. La vue d’une présence humaine remplit  soudain l’âme  d’aise et de mélancolie .D’aise car que seraient ces espaces  silencieux et verdoyants sans une telle  présence ?.. . Et de mélancolie, tant la beauté du site renvoie à l’asymétrie de la misère ambiante .Ironie du contraste. Pour faire diversion, l’esprit  actionne l’imagination. Evasion réaliste. Traverser  cette contrée à la végétation  luxuriante   remémore  de lointains souvenirs de la   Toscane-au centre de l’Italie- des régions des Balkans et plus loin les plaines du far ouest des Etats unis.

Flash back: Deux siècles avant l’enfant  Jésus, cette région  berbéro- numide marquait les annales de ses empreintes.  Avec  son  Maitre  Massinissa  le  premier pan africaniste  puisque  qu’on  lui prête  la célèbre assertion :«l’Afrique au Africains « en passant par  le roi Syphax  qui aurait été trahi par le pré cité Maitre. Motif: rivalité sentimentale  dont l’enjeu n’était autre que la belle  Sophonisbe ... Bouleversement  géostratégique aussi : Rome ,grâce  à son allié de traitre peut ainsi mettre sous sa coupe  la Numidie; quitte à livrer au sort tragique la nièce de Hannibal. Lequel  sera battu  -plus tard- à la bataille de Zama par Scipion  (dit l’africain par usurpation).

Mais  la bravoure  de Massinissa et la longévité de son œuvre seront reconnues par ses vainqueurs. Elle dépassera les frontières. La Grèce - dont il manie  la langue -lui dresse -à Délos- un mémorial et Jugurtha, son petit fils ,se moque  de la grandeur factice de la ville éternelle. Avant qu’il ne soit victime d’une autre trahison des siens .Il y  creva  enchaîné. Assoiffé et affamé.
Cette terre  de Siliana perméable à l’érosion  prend  au coucher du soleil une couleur ocre. Pourrait –on  oublier les  corps à corps sanglants dont elle fut le champ pour repousser les envahisseurs …

Et les Balkans et la Toscane dans tout ça!

Avec la  même topographie  -et moins  que ça - dans ces régions occidentales ont émergé   des installations merveilleuses: téléphériques - gites - chalets –stations thermales... Içi  -en comparaison -presque rien. «Wallou  »Quelle déception.!

Des cases  de fortune et des coupe rigoles datant d’avant de la 2 eme guerre mondiale font office de  maigres vestiges d’installation. Des troupeaux se faufilent à travers  la flore odoriférante, au bonheur des abeilles.

A une centaine kilomètres de Tunis, les pendules du temps semblent s’immobiliser. Un âne broute tranquillement; tandis que quelques jeunes sont attablés sobrement sur la terrasse  du café Hazem. En face un  bureau  de poste  mal badigeonné. Un écolier -sortit de nulle part- charrie un cartable  bourré..

Sous la hauteur pyramidale  écrasante, des vieillards se  souviennent d’une autre bataille livrée en 1954 contre un  bataillon de l’armée coloniale française. Pourquoi? On l’ignore  - Mais ils ont  néanmoins  contraints  l’envahisseur à battre en retrait…L’honneur est sauf.

Et le FarWest américain

C ‘est grâce à des échantillons de semences recueillis dans cette région nord africaine que les States sont devenus un important producteur de sorgho dans le monde. L’autre  blé hivernal; ils l’obtiendront des plaines  de Russie. Ironie de l’histoire: l’Afrique du nord qui fut des années durant le grenier de l’empire romain est devenue –de nos jours –importatrice  de céréales. Incapable d’assurer la sécurité alimentaire de sa population …

Bientôt –pas étonnant que la  Chine occupe également  le premier rang de  producteur  mondial d’huile d’olive grâce  à plus d’un million de pieds  d’oliviers  fournis par la Tunisie contre un prêt bonifié ayant servi –dans les années 80- à édifier un  centre culturel dans  un quartier de la nouvelle bourgeoise citadinisée   ne se reconnaissant plus dans ses origines paysannes du Krib- Aroussia ou de Rouhia -pour rester dans la fascinante région de Siliana.

A Djebal al Guitoun ,on passe à côté  d’une ancienne unité de conditionnement d’eau minérale. Porte close. En cessation de paiement depuis 2009; elle est placée  dit –on  sous règlement judiciaire. Pour la nouvelle unité ultra-moderne de Bargou: Porte ouverte.Un bel exemple de la volonté entrepreneuriale.

Habib Ofakhri

 

                                                                                                                                 

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2 Commentaires
Les Commentaires
Touhami Bennour - 13-06-2015 01:58

Mr. "l´assertion de Massinissa ne pourrait signifier ni les africains ni l´Afrique du 21 éme siècle. Il ya plusieurs interpretation; en effet´ d´habitude on construit des noms a´partir de la langue qu´on a: la langue latine. En effet il y a rapprochement entre "africanae" fraction ou friction ou encore fracture. Dans le recit latin-Romain- de ces évènements il est question de "fracture" c´est á dire Carthage était patie de Rome mais séparé par la mer Mediterranné, puis il est question de designer par là un port qui lie Rome á Carthage. Rien n´est sûr mais encore c´est moins sûr que se soit l´Afrique dont on parle ici. Les portugais auraient donné ce nom á l´Afrique parce que ils en ont entendu parler. Il y eu plus qu´un hazard?

Touhami Bennour - 16-06-2015 07:09

C´est trés probable que le terme "Africa" vienne du mot "Aprica" qui veut dire "ensoleillé" en latin ou d´un autre mot latin aussi "africus" qui signifie "un vent pluvieux qui vient de Carthage. Notre probleme est bien nous vivions des évènements determinants pour notre existence, nous continuons á chercher des solutions comme si nous vivions dans la paix eternelle. Nous n´avons pas appris á forger un "ennemi", un Caton ne pourrait ètre qu´un politicien Romain amusant et non ennemi dangereux. Avons-nous eu des ennemis dans l´histoire? nous n´avons eu que des "brassages". Mais les Romains étaient du debut jusqu´á la fin des ennemis de Carthage. Pourquoi ils se derangeraient pour chercher un nom pour le pays dans son histoire; d´ailleurs se sont eux, les Romains, qui les premiers ont utilisé le terme Afrique ou africanus et l´ont fait connaitre au monde et non les Carthaginois ou les arabes. Cette question, trouver l´ennemi, est pour moi une question essentielle.

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