News - 01.06.2015

Bouchamaoui, le pétrole et la sécurité nationale

Ouided Bouchammaoui 01 06 15

« Si un seul des reproches qui me sont faits était avéré, je ne se serais jamais resté à l’Utica » s’indigne Ouided Bouchamaoui. Face aux insinuations malveillantes dont elle est la cible au sujet des activités pétrolières du groupe familial, elle oppose sérénité et détermination. Drapée dans sa dignité, refusant de recourir la justice, s’excusant de ne pas pouvoir aller sur les plateaux des radios et télévisions exprimer sa douleur et rétablir la vérité, la présidente de l’Utica subit stoïquement les campagnes de diffamation dont elle fait l'objet, comme beaucoup d’autres chefs d’entreprises, vilipendés et même diabolisés ici et là. Devant ses co-équipiers de la centrale patronale venus massivement lui témoigner leur solidarité, elle s'est montrée d'une résolution à toute épreuve.

Depuis qu’elle a accepté, au lendemain de la révolution, la présidence de l’Utica, elle savait qu’elle s’exposerait ainsi que sa famille aux attaques en tous genres. Le risque s’accroîtra davantage, lorsqu’elle avait pris l’initiative, avec Hassine Abbassi, de lancer le Dialogue national et d’en faire le noyau central de la concorde. Suspectée d’ambition présidentielle, ce dont elle se défend catégoriquement, redoutée pour son indépendance politique et la position qu’elle occupe sur l’échiquier national, Ouided Bouchamaoui devient le symbole à trainer dans la boue. Au sein de l’Utica, tous le savent. A travers elle, c’est la centrale qui est visée, c’est-à-dire le secteur privé, l’Entreprise, le commerce organisé.

Un amalgame dangereux

L’angle d’attaque programmé cette fois-ci est des plus populistes : le pays nage sur une nappe de pétrole, captée par une poignée de profiteurs. En cœur de cible, HBS Oil Compagny (Hédi Bouchamaoui Services), filiale d’un groupe fondé il y a plus de 60 ans par le père de Ouided. Ceux qui se cachent derrière la diabolique campagne savent-ils que la production du pétrole demeure le monopole exclusif de l’Etat qui l’exerce à travers l’ETAP. Celle-ci opère avec des compagnies privées, tunisiennes et étrangères qui développent les gisements découverts selon des contrats de partage des recettes ? Ayant exercé le pouvoir au temps de la troika, ils ne peuvent l'ignorer.  
L’amalgame est dangereux. La manipulation de l’opinion publique est doublement destructive. On commence par donner de faux espoirs en prétendant l’existence d’énormes richesses pétrolières qui donneraient à chaque Tunisien un revenu annuel net de 8000 D selon les uns et même 12000 D, selon d’autres. Puis, on désigne à la vindicte publique une famille et sa compagnie. Le tout est mis à la sauce des réseaux sociaux, attisé par des manifestations de rue, et relayé par certains médias peu soucieux de la vérité et du respect de la dignité des individus.
Sans doute, le dossier des ressources pétrolières et minières, tant leur potentiel que leur exploration, développement et gestion doit être ouvert. Le rapport de la Cour des Comptes avait déjà lancé des signaux qui méritent une prise en charge approfondie. Sans doute aussi, les contrats de partage signés par l’ETAP avec certaines compagnies, notamment étrangères, gagnent à être audités. Mais de là à chercher à créer la zizanie dans le pays, personne ne saurait l’accepter. 

Un timing innocent ?

Il est clair qu’une certaine opposition, populiste et radicalisée, laminée par le verdict des urnes s’investit aujourd’hui dans le harcèlement de la majorité au pouvoir, redoublant de pressions, remuant la rue, colportant la rumeur. La connivence avec les contrebandiers et les gros bonnets du trafic et du commerce informels, qui s’activent à attiser les tensions et les passions et  à envenimer l’atmosphère, est évidente. Leurs desseins sont connus. Prétendre exercer ainsi au nom de nobles principes de la révolution son devoir de conscience vigilante, est facilement battu en brèche. Leurs manœuvres visent la déstabilisation la production nationale, de l’Entreprise, de l’investissement, de l’emploi.
 
Le timing choisi n'est pas innocent. A deux semaines seulement du ramadan, avec ce qu’il exige pour les producteurs en approvisionnement du marché en produits alimentaires, et pour les consommateurs qui voient leur budget obéré de grandes charges encore plus alourdies par l’achat des vêtements et jouets de l’aïd, le moment est dur. La campagne intervient également au moment où la Tunisie organise les 12 et juin courant, le forum annuel de l’Investissement extérieur, précédé par un exercice de partenariat tuniso-français avec la participation de 30 entreprises déjà prêtes à s’implanter en Tunisie. Sans oublier que le mois de juin est celui de la sortie de nouveaux diplômés qui ne doivent pas venir grossir les rangs des chômeurs. Les avertis auront tout compris. 
 
Tout indique en effet que ce processus de déstabilisation plonge ses racines dans des desseins très sombres entretenus par ceux qui n’aiment guère voir la Tunisie renouer avec la stabilité, la sécurité et la relance économique. Bouchmaoui et le pétrole, ne sont que des prétextes. C’est de la sécurité nationale qu’il s’agit.
 
Adel Ben Amar