Tunisie 2015 : Vivre avec
"Lorsque l’art entre dans une maison, la violence en sort" (Fernando BOTERO)
Le terrorisme frappe à nouveau, et choisit le Musée du Bardo, haut lieu de la Culture et de l’Histoire de notre pays.
La violence n’est pas aveugle, elle est sélective, et perpétrée par des gens conscients de leurs actes, dont ils veulent qu’ils résonnent, partout dans notre univers, comme un écho à leurs colères et à leurs cris.
Ils sont des hommes et des femmes habités par un ressentiment envers nos sociétés "impies" et exclusives.
Ils se sentent en dehors de ce monde, dont ils veulent tuer jusqu’à l’identité, c'est-à-dire l’Histoire.
Ce sont, pour la plupart, de pauvres innocents parce que ignorants, manipulés par des vendeurs de rêves, qui exploitent leur situation sociale, souvent déplorable, et sociétale, toujours à la marge, pour leur vendre, sans rémunération, un paradis sur terre, et un autre dans l’eau delà.
Ils sont doublements victimes, des gouvernants précédents, qui n’ont pas été en mesure de les préserver de la misère, de l’éloignement, de la marginalisation, et de ceux qui profitent, désormais, de leur situation délétère, et dont ils sont prêts à tout pour s’en approcher et retrouver, grâce à eux, d’autres jeunes, qui leur ressemblent, c'est-à-dire des éclopés, des humiliés, des désespérés.
Ils ont fini par se convaincre, que leur horizon, ne sera rien d’autre qu’une succession de déroutes, de descentes en enfer, dans un monde de morts vivants, duquel ils ont fini par préférer de s’éloigner.
Que risquent-ils ? Leur vie ? Ils répondent qu’elle n’a qu’un goût amer et aucune valeur.
Ils lui préfèrent, ce que leur proposent "les toutes puissantes Institutions internationales du terrorisme", dont on ne sait d’où elles viennent et qui les finance : au pire de mourir en héros, et au mieux de prendre congé d’un monde qui n’est pas le leur.
Alors, ils optent pour rejoindre leurs congénères, de Kasserine, Sidi Bouzid, Thala, Eddhamen, et autres villes et cités qui regorgent du mal de vivre et de désespérance.
Faut-il dans notre infinie miséricorde, les laisser faire ? Bien sûr que non, car leur violence, ne fait qu’ajouter du malheur à l’humanité, qui n’en a pas besoin.
Il faudrait, c’est plus facile de l’écrire que de le faire, user d’un double effort : annihiler toute forme de violence pour protéger des innocents, et leur tendre la main, par une écoute plus attentive, et en leur offrant un espoir que leur destin, et celui des futures générations peut changer, si l’effort de redressement est partagé par les gouvernants et par eux-mêmes , s’ils consentent simplement à faire preuve d’un peu de patience pour que la machine administrative prenne son nouvel élan, avant en retour de s’adresser à eux, en priorité.
En quelque sorte, faire preuve de fermeté, par l’exemple, et aussi d’écoute et de dialogue qui ne sont pas un signe de faiblesse, mais de compassion, indispensable pour cimenter une société.
Le Coran lui-même, dont beaucoup de ces "révoltés – violents" se revendiquent, est une invitation à la compassion, de même que le message du Prophète Mohamed qui ne cesse de nous rappeler " qu’un un vrai croyant est celui qui désire pour son prochain ce qu’il souhaite pour lui même".
Désormais, après ces dernières décennies de soulèvements, de violence, et du refus du pouvoir vertical de haut en bas, le monde, dans sa grande majorité, n’acceptera plus les traditionnelles règles du vivre ensemble, faites d’accablantes inégalités, et de l’arrogance des puissants.
Et nous devons nous attendre à vivre cette violence globalisée, quelques décennies encore, à moins que par miracle la sagesse et la raison triomphent plus rapidement que prévu.
Alors, le Coran et le message du Prophète continueront de nous guider vers la fermeté envers les "donneurs de morts" et la compassion pour tous nos semblables.
Mourad Guellaty