Opinions - 16.11.2014
Jean Daniel : "Un octobre tunisien"
"Pessimisme ? Optimisme. Ce sont les Tunisiens qui ont le plus tourmenté nos cervicales, écrit Jean Daniel, en édito, dans le dernier numéro de L'Obs. Promenant nos ferveurs d'un camp à l'autre, ces jeunes Tunisiens ont fini par nous contraindre de croire en eux. De croire qu'il y aura un octobre tunisien et qu'il sera démocratique. J'éprouve le besoin de l'écrire au moment où j'apprends la mort de l'universitaire franco-tunisien Abdelwahab Meddeb. C'était un militant français du réformisme tunisien. Il servait sa cause avec une érudite ardeur, d'autant qu'il y était accompagné par ses admirables femme et filles. Il y a un moment pour la joie et il y en a un pour la douleur. C'est écrit. Tout est possible, il est même certain que les débats conflictuels et peut-être émeutiers ne vont pas cesser".
"A ces réserves près, poursuit-il, je n'en retiens pas moins qu'un parti populaire et libéral vient de remporter une victoire. Naturellement on vous corrigera aussitôt, dès qu'on emploie le mot "libéral". C'est une expression qui varie depuis la plus ancienne tradition des beys, ces représentants à Tunis de la Sublime Porte. Ils étaient "libéraux" lorsqu'il s'agissait de faire parvenir des vivres aux Français de Malte, île que les Britanniques assiégeaient depuis l'hiver 1799. On se régale à lire le raffinement de la correspondance des beys de cette époque. Pour augmenter leur fortune, ils payaient des rançons, tandis que la très bourgeoise classe moyenne se souciait peu des qualificatifs qu'elle méritait. Il y avait parmi elle des égorgeurs très raffinés".
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