News - 30.10.2014

Béji Caïd Essebsi, l'homme de la seconde chance

Lorsque le 8 septembre dernier, nous avons signé avec un groupe d’intellectuels une déclaration de soutien à la candidature de Béji Caid Essebsi à la magistrature suprême, une tempête de critiques s’est abattue sur nous ; venant pour la plupart certes d’adversaires politiques ou idéologiques, chose normale, mais aussi d’amis et même d’intellectuels avertis, chose moins normale.

Nous sommes en mesure aujourd’hui d’expliciter plus le sens de l’initiative et ses raisons profondes à la veille d’une campagne présidentielle inédite en Tunisie.

Un vent de panique semble souffler sur la plupart des candidats «consensuels» à la présidence. Déchus par le verdict populaire; n’ayant plus de partis ou de représentation dans la future Assemblée; les girouettes tournent en rond pour trouver refuge dans un front chimérique dont l’unique raison apparente est la peur de Béji Caïd Essebsi.

Qui a peur de Béji Caïd Essebsi?

Tout d’abord le parti Ennahdha, grand perdant de ces élections et qui après avoir échoué à diaboliser l’homme, cherche aujourd’hui à le contourner en inventant cette fausse alternative qu’est «Le président consensuel». Mais aussi toute cette nébuleuse qui ne pèse plus lourd mais qui s’acharne désespérément à le discréditer. La campagne actuelle sera pour beaucoup parmi ces candidats celle de la dernière chance, parce que le discrédit des urnes risque fort de les mettre définitivement en dehors du champ politique. Le mandat de Marzouki, laissera certainement quelques mauvais souvenirs, mais qui seront vite oubliés et déclinés en notes d’humour par l’imaginaire tunisien.

Que reproche-t-on à Béji Caïd Essebsi?

La vraie question est là. Il nous suffit de réactiver la mémoire récente.

On lui reproche simplement tout ce qu’il a fait depuis plus de trois ans: la première transition réussie, il a su combler l’énorme vide politique au lendemain des élections de 2011 lorsque toutes les oppositions réunies observaient impuissantes le projet dévastateur de la troïka à l’œuvre.

On lui reproche d’avoir trouvé les mots qu’il faut pour éveiller les consciences et alerter les tunisiens sur les menaces; avec des mots simples et pertinents, dans un langage savant et populaire que ne peut inventer aucun bureau de communication aussi sophistiqué soit-il.

On lui reproche d’avoir désigné clairement les limites de leurs excès et abus à ceux qui ont cru que leur projet n’avait plus de limite, et d’avoir annoncé l’échec imminent de la conspiration contre l’état et la société.

On lui reproche la vivacité de la mémoire qui remonte facilement aux profondeurs de l’Etat national dont il était un des bâtisseurs et dont il garde le sens profond et les secrets de ses succès et échecs.

On lui reproche de réactiver l’affect du tunisien fier de sa «tunisianité» telle qu’elle a été façonnée par une longue histoire gravée dans un territoire ouvert aux apports du monde mais jaloux de sa singularité.

On lui reproche d’être le porteur et vulgarisateur infatigable d’un projet qui prolonge notre histoire dans tout ce qu’elle a de plus lumineux en transcendant les misères du moment par l’affirmation d’une citoyenneté libérée, portée vers l’avenir.

On lui reproche d’être aimé et respecté parce devenu l’icône et le chantre de la civilité et de la non violence.

On lui reproche tout simplement l’intelligence, la détermination et le charisme

Ce qu’on lui reproche c’est tout ce qui fait de lui un vrai bon président pour la Tunisie.

La Tunisie contemporaine a eu deux chances avec son destin politique: la première, fut le leadership bourguibien qui fait école aujourd’hui, devenu objet d’histoire et de mémoire; La seconde chance se joue devant nos yeux : le pacte historique qui se tisse en toute complicité entre Béji Caïd Essebsi et son peuple.
Ne ratons pas cette chance,  c’est le moment des choix décisifs, le temps de la critique viendra après.

Abdelhamid Larguèche

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10 Commentaires
Les Commentaires
Kahina Masi - 30-10-2014 12:18

Article qui sent l'esprit de soumission. Les tunisiens ne reviennent plus en arrière en plus le vote pour Nida et consorts ne représente pas tout les Tunisiens ... 37% des votants ...Qui veut dire 7 % de la population

AMOR BOUKRAA - 30-10-2014 12:44

En politique les reproches sont monnaie courante : destabiliser un homme politique qui gagne se fait dans tous les pays . On a la chance qu'aucun parti n'a contesté ces résultats . J'ai voté , à Paris , pour N.T. Pour l'expérience , pour avoir réussi la courte période d'après la révolution , pour ne pas mélanger politique et religion , pour avoir laissé la troika prendre ses responsabiltés et intervenir quand il le fallait . Que va-il se passer maintenant . Suite favorable pour une bonne gouvernance , Présidence Assemblée , ou suite suite défavorable pour une cohabitation . Au Peuple Tunisien de décider . Bonne chance à ma TUNISIE

Observateur - 31-10-2014 00:29

Non, ce que je reproche à Béji Caïd Essebsi d'avoir servi deux dicatatures sans oser s'opposer à l'opression. Pas une seule fois.

Ali Gaaya - 31-10-2014 11:19

Pétition d'intellectuels, Culte de la personnalité, ceci ne vous rappelle rien?! Il ne reste plus que le qualificatif de "Moujahid Akbar bis"...Soyons sérieux. Ces pratiques n'ont plus leur place dans une Tunisie d'après Révolution!Laissez donc le Peuple qui a montré beaucoup d'intelligence dans les élections Législatives, voter sereinement, en toute liberté, et sans 'lavage de cerveau factice'! La Tunisie s'est débarrassée d'un Parti unique le RCD, pour le remplacer par un autre, Nidaa Tounes à pleins pouvoirs? Ceci est possible dans des Pays ayant un long passé démocratique, pas (encore) chez nous!Nida est majoritaire dans le futur Parlement, il aura un Président du Gouvernement si ce n'est du même Parti, du moins de sa 'mouvance' (RCD? pourquoi pas?), et la Présidence de la République? Où allons nous? Il y a bien d'autres candidats bien plus méritants par leur militantisme, leur charisme et leur compétence, non? Le peuple saura juger.... le jour J...

Bibi - 31-10-2014 11:31

J'espère que cette seconde chance ne sera pas ratée, car avoir une troisième ce n'est pas certain.

Mohamed Naimi - 31-10-2014 13:04

Nul besoin de remuer le passé, notamment lorsqu'il s'agit d'apporter des solutions palpables aujourd'hui, ici et maintenant. Et puis, il ne sert absolument à rien de s'enfermer dans cette logique de reproche dépourvue de toute issue. Ce qu'il faut voir actuellement, c'est que Monsieur Béji Caid Essebsi a su faire preuve d'une grande culture politique pour équilibrer la balance à un moment où l'obscurantisme a failli plonger le pays dans les ténèbres de l'histoire. Aujourd'hui qu'il est gratifié de son geste, il doit faire attention pour ne pas faire marche arrière et perdre de sa crédibilité. A mon avis, il est appelé à bien gérer la chose publique afin de tirer le tapis des pieds d'Ennahda et des autres brebis galeuses. Je pense qu'il a à gagner à mettre la main avec le Front Populaire et d'autres forces progressiste afin mettre en oeuvre un programme consensuel qui répondra aux aspirations de la majorité des tunisiens. Si par malheur il s'allie avec Ennahda, il aura le même sort que ceux qu'ont connu les "appendices" de l'ancienne Troika. Je reste convaincu qu'Ennahda n'est digne d'aucune confiance. On l'a vu au cours de ces deux dernières années, et il n'y a aucune raison de la voir changer. Certes, elle existe dans l'échiquier politique, mais il s'impose de la faire garder dans son strapontin, en faisant bien pour la Tunisie et en écartant toute tentative de substitution

AIDA BOUCHADAKH - 31-10-2014 14:53

Si on veut croire que BCE a changé , lui qui a servi l'ancien régime, aussi bien sous Bourguiba que Ben Ali. lui qui n'a pas exprimé le moindre regret par rapport à la destitution Bourguiba par Ben Ali, on est en droit de croire que vu son âge, il risque d'être un président de façade....

nebli youcef - 31-10-2014 17:41

Vu la situation politique actuelle et vu le profil de BCE, celui-ci parait le candidat le plus approprié à la situation et le plus apte à occuper le poste de la présidence de la république.

m.fathallah - 31-10-2014 21:18

bce a ete parmi les premiers tunisiens a avoir demande a bourguiba d'instaurer la democratioe dans ce pays et il a ete exclu du parti de bourguiba Durant les annees 1970. En 9989 bce a passe une annee comme president de l'asseblee nationale puis evidemment ben ali ne lui a pas renouvele cette responsabilite. il doit y avoir une raison pour cela. ensuite bce est entre dans l'ombre. evidemment BCE ne peut pas etre hamma hammami. Marzouki avait la chance d'avoir une femme francaise qui a fait que sa famille et lui meme soient proteges' des mechancetes de Ben ALi. La plupart des tunisiens avaient la carte du parti pour se proteger et proteger leurs familles de la malice de BenAli

habib DJEMMALI - 31-10-2014 23:56

Le vote de 2011 ne s' est fait ni pour un programme ni pour une personne, le peuple voulait se débarrasser du RCD. en votant pour les Islamistes. Le vote de 2014 est identique, le peuple voulait se débarrasser d'ENNAHDHA et il l'a échappé belle.

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