Jardins d'enfants: Comment sauver la petite enfance?
Enoncer les questions à résoudre est déjà un début de solution. La secrétaire d’Etat à la Femme et à la Famille, Neila Chaabane, a déjà pris de bonnes dispositions.
- Faible couverture territoriale et absence de toute crèche et jardin d’enfants dans plus de 600 secteurs : un programme d’appui à l’implantation dans les zones d’ombre offrant équipements et manuels, prise en charge des salaires des éducateurs, aide au loyer et contribution à hauteur de 80D par mois par enfant accueilli. Une incitation significative qui doit pousser les jeunes promoteurs à en profiter.
- Peu d’établissements publics et en mauvais état : un programme de réorganisation et de réhabilitation doté de 1.5 MD est opérationnel. Mais sur les 70 municipalités disposant de jardins d’enfants et pouvant postuler aux crédits de ce programme, seules 13 parmi elles ont présenté leurs dossiers. Qu’attendent les autres?
- Maigres moyens des associations gérant des établissements autorisés: mise à disposition de personnel qualifié, d’équipements et de matériel didactique
- Frais scolaires élevés pour les familles nécessiteuses plaçant leurs enfants dans des établissements relevant d’associations ou de jardins d’enfants privés: contribution aux frais. C’est la même mesure que celle décrite précédemment : 80 dinars, il faudrait la garder à un seul endroit
Au moins, c’est du concret. Mais, il faut aller plus loin. Parmi les suggestions recueillies par Leaders auprès surtout des familles:
- Inciter les entreprises à encourager l’implantation de crèches et de jardins en leur sein ou dans leur zone. La proximité du lieu de travail des parents est importante.
- La contribution, en tant qu’action sociale d’entreprise citoyenne, au financement de ces établissements, ce qui ouvre droit à la supervision
- La prise en charge totale ou partielle des frais de scolarité
- Et, surtout la révision de la gouvernance des crèches et jardins en impliquant au maximum les parents dans des comités de gestion, d’encadrement pédagogique, etc.
D’une manière plus globale, la démarche à suivre consisterait à:
- Multiplier les établissements publics devant servir de référence
- Couvrir les zones d’ombre
- Encourager les associations spécialisées
- Offrir des incitations significatives pour les promoteurs qualifiés
- Renforcer le contrôle et l’encadrement pédagogiques
- Faire respecter la loi et sévir sans hésitation, dès que nécessaire
- Impliquer, statutairement, les parents et, pourquoi pas, la société civile, dans le suivi et l’encadrement pédagogiques.
La petite enfance, espoir de la nation, mérite au moins cela et, en fait, beaucoup plus. La secrétaire d’Etat Neila Chaabane en est pleinement convaincue. Mais, avec les maigres moyens de son Département, elle risque de voir sa marge de manœuvre réduite. C’est aux parents eux-mêmes et à la société civile de l’appuyer et de prendre à bras-le-corps cette cause.
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