News - 01.08.2014
Béji Caïd Essebsi et Hamed Karoui : simple petit-déjeuner ou plus, si affinités
C’est finalement un ami commun qui a fini par les réunir chez-lui, ce vendredi matin, pour un petit- déjeuner convivial. Que pouvaient se dire Béji Caïd Essebsi et Hamed Karoui autour d’un café-croissant ? Beaucoup en cette période tant délicate pour le pays et cette « frénésie » d’alliances à la veille des élections ! Sans se hisser à la rencontre, l’été dernier (le 15 août à Paris), entre Essebsi et Ghannouchi, les retrouvailles de ces deux grands barons du Destour et proches compagnons de Bourguiba ne manque pas d’intérêt.
Ils s’étaient connus étudiants à Paris, début des années 1950. Essebsi, en Droit et Karoui, en Médecine (pneumologie), dans le sillage de Bourguiba. Succédant à Mansour Moalla à la tête de l’UGET fondée en 1953, Karoui avait déjà montré son talent de politique, même si, après l’indépendance, il s'est contenté du statut de «notable de province» dans sa bonne ville de Sousse (Médecin, Maire, président de l’Etoile), jusqu’en avril 1986, lorsqu’il deviendra ministre de la Jeunesse et des Sports. Sa carrière se poursuivra à la tête du ministère de la Justice, avant d’être nommé par Ben Ali, Premier ministre, en septembre 1989. Il restera dix ans à la Kasbah et passera le relais en 1999 à Mohamed Ghannouchi. Premier destourien et rcédiste à prendre la parole après la révolution, il s’emploiera surtout à briser le tabou des «Azlems» et les faire sortir de leur silence craintif.
Essebsi aura un autre parcours commencé dans la haute administration qui le portera plusieurs fois ministre (Intérieur, Affaires étrangères et Défense nationale), Ambassadeur (Paris et Bonn), président de la Chambre des Députés. La révolution fera appel à lui pour conduire le premier gouvernement qui a succédé à Mohamed Ghannouchi et réussi les élections du 23 octobre 2011. Fort de son aura, il incarnera pour beaucoup de Tunisiens, l’image d’un leader rassembleur face à Ennahdha.
Essebsi et Karoui se sont un peu ignorés, ces derniers temps, même s’ils ont continué à s’envoyer des fléchettes bien ciselées. Ce temps est dépassé, la recherche de la synergie, au moins, les intéresse tous les deux. Ce petit-déjeuner vient à point nommé.
«Il n’y a eu aucun marché passé entre nous », répètera encore une fois Essebsi
Briser la glace et amorcer le dialogue constituent déjà un premier pas significatif. Essebsi, qui revendique ses racines destouriennes et ses engagements bourguibistes a ouvert son parti Nida Tounes aux destouriens, mais également aux syndicalistes et militants de la gauche alors que Karoui s'est contenter de rallier sous la bannière de son parti le Mouvement Destourien le plus possible de destouriens, bourguibistes et rcédistes.
Finiront-ils par se rejoindre? Si oui, sera-ce avant ou après les élections ? Opteront-ils pour le moment pour une entente et une coalition après le verdict des urnes ? Ceux qui connaissent bien Béji Caïd Essebsi savent combien il tient à préserver l’identité plurielle de son parti, refusant toute adhésion autre que personnelle et non en tant que parti. Karoui, de son côté est un pragmatique qui reste ouvert à toutes les propositions.
«Il n’y a eu aucun marché passé entre nous », répètera cette fois-ci encore Béji Caïd Essebsi, comme il l’avait affirmé à Leaders après sa rencontre à Paris avec Rached Ghannouchi ? Attendons voir.
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