News - 06.07.2014

Libérés, les ex-otages tunisiens en vol historique pour Tunis

Le rapatriement par avion à Tunis des deux otages n’était une mince affaire. Tout un dispositif logistique, sécuritaire et diplomatique était nécessaire à mettre en place très rapidement, en étroite coordination avec les autorités libyennes et les parties concernées. Dès la confirmation de la libération, un avion militaire, L 410 de 16 sièges, mis en alerte depuis 13 h devait décoller à destination de Tripoli. A bord en chef de mission, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères,Mohamed Ali Chihi. Dans la pure tradition diplomatique, comme pratiqué jadis par le Quai d’Orsay, c’est ce plus haut fonctionnaire de la diplomatie qui est dépêché dans ce genre d’opérations délicates. Cela tombe bien, diplomate chevronné, il avait suivi, lorsqu’il avait été en poste à Paris une formation en diplomatie de crise et en a obtenu le diplôme. Le chef du gouvernement y a tenu, surtout en témoignage de remerciements aux autorités libyennes, aux médiateurs et aux parties concernées.
Par mesure de sécurité, le choix s’est porté sur l’aéroport de Maitigua, plus sécurisé et moins exposé aux mouvements. Tout devait se passer dans la plus grande discrétion. A bord, chacun essayait de garder sa sérénité dans l’attente du moment historique à vivre. Lorsque le commandant de bord signale le moment de rupture du jeune, il fallait se contenter des jus et biscuits disponibles. A cette heure-ci, l’approche de l’aéroport de Maitigua fut intrigante : aucun mouvement sur le tarmac, aucune personne, le vide absolu. Etait-ce une erreur de destination ? Interrogée par radio, Tunis, confirme bien le lieu.

Dès l’atterrissage, des Libyens arrivent souriant et ouvrant largement les bras en signe d’accueil chaleureux. Rapidement, ils proposent à leurs hôtes de partager leur menu repas composé de Chorba, Mhalbia, dattes et bananes, les rassurant que tout en ordre. Mohamed Ali Chihi était déjà en contact téléphonique avec les médiateurs et l’ambassadeur de Tunisie à Tripoli, Ridha Boukadi, suivant minute après minute le sort des deux otages à peine libérés. Il voulait surtout s’assurer qu’ils sont en lieu sûr et sur le point d’être dirigés vers l’aéroport. Mais, pas uniquement, supposant dans quel état ils pouvaient être, et l’impact choquant que cela pouvait faire à leurs familles, il a demandé à ce qu’ils puissent se changer et passer chez le coiffeur. C’est ce qui a été fait et dû prendre du temps.

Malgré la chaleur de l’accueil des Libyens à l’aéroport et l’arrivée de jeunes très sympathisants, l’attente fut longue. Tout était possible. Un appel du chef du gouvernement libyen, Abdallah Thenai vient apaiser Mohamed Chihi. Très aimable, il l’a félicité de ce dénouement, regrettant fortement l’incident et réitérant son attachement à la fraternité tuniso-libyenne. Alors que l’équipage s’affairait à faire le plein de kérosène, mis à disposition par les Libyens, le téléphone ne cessera plus de sonner : de Tunis, de Tripoli et de partout. Mais, Chihi se concentre surtout sur les deux otages, les suivant quasiment à la minute près.

L’arrivée des deux otages à l’aéroport fut très émouvante. Dès qu’il a reconnu Mohamed Ali Chihi auprès duquel il avait directement travaillé avant de partir à Tripoli, Laroussi Gantassi lui est tombé dans les bras, versant de très chaudes larmes. Ne trouvant pas la parole, il se contentait de l’étrenner, de lui serrer la main, laissant ses larmes tout exprimer. Mohamed Becheikh, se retenait un peu, mais était tout sourire, radieux. Comme il en avait reçu instruction, Chihi a immédiatement appelé son ministre pour lui confirmer l’arrivée des deux otages libérer puis mettra son téléphone à la disposition de Guentassi et Becheikh pour appeler leurs familles. L’émotion fut intense.

A peine les coups de fils passés, tous avaient hâte de partir. En bon diplomate, Chihi a tenu cependant à passer encore quelques moments avec les Libyens présents, leur réitérant les remerciements de la Tunisie. En se dirigeant avec les otages et l’ambassadeur Boukadi vers l’avion, il s’efforcer de cacher ses craintes. Les menaces sécuritaires ne sont pas à exclure. Tout peut capoter au dernier moment. C’est pour cela que tant que l’avion n’a pas décollé et échappé à la portée des tirs, il ne pouvait pas considérer que la mission est réussie. La baraka sera la de la partie. Une fois en plein vol, il soufflera, ainsi que l’équipage bien averti des risques possible, un grand ouf.

LaroussiGantassi a fini par retrouver son calme et éclate, cette fois-ci d’un large sourire bien sonore partagé par Mohamed Becheikh et tout l’équipage. Leur joie était immense. Mais voilà que des perturbations atmosphériques venaient les secouer et aviver en eux un sentiment de crainte. Heureusement que la zone de turbulence fut traversée magistralement par le commandant de bord, et tous ont retrouvé leur sourire. A l’approche de Tunis, il fallait se préparer à l’arrivée à l’aéroport d’El Aouina où officiels, familles et journalistes étaient à leur attente. Pour Gantassi et Bencheik, mais aussi pour tous les passagers de ce vol historique, ces retrouvailles seront exceptionnelles. Un grand moment, très grand moment.

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