News - 02.05.2014

Une Saoudienne, à la tête du département de l'information à l'OCI

Ce que le Turc n’a pas osé, le Saoudien l’a fait. Ayant recruté des femmes au sein de l’Organisation de la Conférence islamique (devenue celle de la Coopération islamique) dans le cadre de la promotion de leur statut dans le monde musulman,  l’ancien Secrétaire général Ihsanoglu les a confinées dans des emplois subalternes. Son successeur Iyad ben Amine Madani, le premier saoudien à détenir ce poste depuis la création en 1969  de cette organisation dont le siège se trouve à Djeddah a franchi le Rubicon en nommant une jeune femme, saoudienne de surcroît, dans les fonctions sensibles de Directeur du département de l’Information.

Maha Akeel, journaliste de talent ayant servi dans le premier quotidien anglophone du Royaume «Arab News» était à l’OCI depuis 2006 où elle dirigeait la rédaction du magazine de l’OCI «The Journal», un trimestriel en langues arabe et anglaise. Diplômée d’universités américaine et canadienne (master en sciences de l’information), Maha Mustafa Akeel issue d’une grande famille mecquoise  est connue pour la qualité de ses articles en faveur de l’avancement des droits de la femme dans son pays ultraconservateur ainsi que pour son soutien aux catégories fragiles comme les enfants, les jeunes et les handicapés. Elle est l’auteure d’un livre sur « la femme saoudienne dans les médias ». Elle est membre du comité saoudien des journalistes.

Sa nomination est considérée comme une des décisions phares du nouveau Secrétaire général, lui aussi diplômé des universités américaines et qui a fait l’essentiel de sa carrière dans le domaine des médias, ayant été directeur de deux quotidiens de référence l’un arabophone «Oukaz» et l’autre anglophone «The Saudi Gazette». Il a été aussi ministre de l’information et de la culture du gouvernement saoudien. Aux coups médiatiques et des effets d’annonce de son prédécesseur, il préfère depuis sa prise de fonction au 1er janvier 2014, l’efficacité et la discrétion. La mission qu’il vient de conduire avec des ministres des affaires étrangères de l’OCI en Centrafrique pour exprimer la solidarité des Etats membres avec les musulmans dans ce pays  fréquemment attaqués par des milices armées en est l’illustration. Natif de Médine, fils d’un grand historien de la Presqu’Ile Arabique, Iyad Amine Madani s’est fait remarquer par son esprit d’ouverture et sa tolérance. Lors de la Conférence des ministres de l’information de l’OCI qu’il a présidée en 2006 à Djeddah il avait proposé d’accorder la liberté  de circuler aux journalistes des pays de l’OCI  dans les pays membres de l’organisation, ce qui était une gageure au moment où les journalistes de la chaîne qatarie «Al-Jazeera» étaient interdits au Royaume saoudien en raison du différend entre les deux pays qui vient de resurgir dernièrement.

Maha Akeel succède à un Tunisien qui a quitté l’Organisation panislamique  en 2012 atteint par l’âge de la retraite. Depuis quelques années, le nombre de Tunisiens au sein des instances dirigeantes de l’OCI ne fait que décroître après avoir connu son âge d’or lorsque le Tunisien Feu Habib Chatty dirigeait l’OCI au début des années 1980. Actuellement, seuls deux Tunisiens ont le rang de directeur au sein du secrétariat général de l’OCI, le premier est un grand diplomate recruté pour ses qualités personnelles et le second en raison de sa proximité avec l’ancien Secrétaire général dont il était un proche collaborateur au Centre de la culture et des arts islamiques (IRCICA), à Istanbul.  En 2013, lors du Conseil des ministres des affaires étrangères la candidature tunisienne à un poste de secrétaire général adjoint a échoué lamentablement en raison de l’impréparation du dossier. L’actuel Secrétaire général est bien disposé envers la Tunisie puisqu’il avait l’intention lorsqu’il était ministre de l’information de son pays de nommer un Tunisien à la tête des l’Union des Radio-télévisions islamiques (ISBO). Il suffit que des dossiers de candidature solides lui soient présentés par le ministre des affaires étrangères pour qu’il les examine favorablement.
 

Raouf Ben Rejeb