News - 22.02.2014

La double peine de Mondher Zenaidi

Un cœur aussi généreux ne peut qu’en être meurtri. Doublement. Mondher Zenaidi a non seulement perdu son père, l’éminent ingénieur centralien Si Abdelaziz, mais aussi été privé de pouvoir le veiller et l’accompagner à sa dernière demeure. De son exil, il assistait, stoïquement, la mort dans l’âme, à l’extinction du père, celui qu’il avait toujours chéri. Chaque jour que le Bon Dieu fait, Mondher Zenaidi, haut fonctionnaire, député, ministre ou en traversée de désert, prenait un réel plaisir à aller saluer son père et le sortir en promenade. Le temps d’aller faire une course, d’acheter un livre ou des journaux, mais aussi de discuter ensemble et d’échanger de tout et de rien. Un moment de pur bonheur qui égayait la journée des deux.

L’annonce de son décès, amplifiée par trois ans de séparation forcée en exil ne pouvait être qu’un grand choc. Les témoignages de compassion, qui ont afflué de partout, les centaines d’amis qui ont convergé vers le Jallez le jour des funérailles apportent certes leur réconfort, mais jamais assez pour panser la plaie et apaiser l’âme. Accusé dans une affaire de surestimation de loyer d’un immeuble loué par une institution relevant du ministère du Commerce, alors qu’il n’était plus à la tête de ce Département, Mondher Zenaidi fait l’objet d’une instruction judiciaire non-encore bouclée. Un mandat d’amener lancé à son encontre fait peser sur lui la menace d’une mise immédiate sous écrou, avec en cas de remise en liberté provisoire, une interdiction de quitter le territoire. C’est là où réside son malheur qui se prolonge depuis trois ans et ne fait, avec l’impossibilité de faire ses adieux à son défunt de père, qu’amplifier. Un vrai calvaire.

L’ingénieur centralien (comme son père), l’homme politique, le député de Kasserine (originaire de Sbiba) et l’ancien président de l’Espérance sportive de Tunis a toujours été l’ami de tous, dans toutes les régions et toutes les couches sociales. Sans trancher sur le fond de l’instruction le concernant, ni mettre en balance tous les services rendus à la Nation, c’est son drame personnel qui nous interpelle. S’il est coupable, il faut le traduire en justice, en toute équité et sérénité. S’il est innocenté, rien n’excuse son exil forcé.

T.H

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