Opinions - 23.12.2013

Le bout du tunnel, c'est pour quand?

Plus d’un fonde de gros espoirs sur le nouveau chef de Gouvernement. Les dossiers à traiter sont nombreux, urgents, ardus et les attentes sont nombreuses.

Comment remettre le pays sur les rails en si peu de temps, six mois, huit mois, voire un an?
Seul, le Chef du Gouvernement ne pourra rien malgré sa très bonne volonté, c’est un fait.
Pour réussir dans sa mission à court et à moyen terme, Monsieur Mehdi Jomaâ devra avoir l’appui de plus d’une partie.

Les partis politiques, et surtout les plus «influents» d’entre eux, devront appuyer son action. Lorsque j’entends l’un d’entre eux bouder le « dialogue national», je me demande si, politiquement, c’est responsable d’agir ainsi. Est-ce que le pays supporte encore les divisions?

Le «quartet» et derrière lui, tout un peuple, étaient las d’attendre le résultat de discussions interminables entre les frères ennemis visant à choisir un chef de gouvernement. Le «Quartet» se devait de trancher sans faire capoter le dialogue. Il l’a fait et c’est à son honneur.

Pour moi le «Quartet» a par deux fois sauvé le pays. La première en se substituant à des partis immatures parce qu’incapables de faire prévaloir l’intérêt national devant leurs querelles partisanes ou idéologiques et la seconde en décidant, une fois le dialogue engagé, qu’il fallait mettre un terme à de très longues et pénibles discussions qui achoppaient sur le choix d’un chef de Gouvernement.

Le second appui doit provenir de la société civile qui devrait faire comprendre aux partis politiques que l’intérêt du pays réside dans l’union de tous et qu’ils devront reporter leur bataille pour la conquête du Pouvoir une fois cette période transitoire achevée.

La société civile devra leur faire comprendre clairement qu’elle ne les portera pas au Pouvoir, lors des prochaines élections, s’ils sortaient des rangs.

Le troisième appui devrait émaner  des pays amis qui voudraient que l’expérience démocratique réussisse en Tunisie. Sans cet appui, point de «printemps» tunisien!

Nous ne leur demandons pas un plan Marshall, mais une aide publique substantielle sous forme de dons et de crédits à des conditions avantageuses. Nous leur demandons d’encourager leurs entreprises à réaliser de gros investissements dans notre pays, seuls ou en partenariat avec les investisseurs locaux.

Je pense particulièrement à l’Allemagne, les pays scandinaves, l’Italie, la France, la Grande Bretagne, la Chine et les Etats Unis d’Amérique. Notre diplomatie devrait être active pour mobiliser les ressources nécessaires.
Les domaines sont étendus. On pourrait faire état  de nos besoins de développement de notre infrastructure portuaire,  routière et ferroviaire pour désenclaver les régions. Nos besoins en eau potable et en eau pour l’irrigation commandent la construction de nouveaux barrages de retenues. Notre déficit en énergie, nous incite à miser sur le développement de l’énergie solaire. N’omettons pas de consacrer à l’agriculture  et à son industrialisation les investissements qui lui font défaut.

La modernisation de nos moyens de défense est  également une priorité surtout que les bruits de bottes se font entendre à nos frontières sud.

Le dernier appui, et non des moindres,  est celui que devrait apporter d’urgence notre élite à ce Gouvernement, et particulièrement celle ayant une expérience dans le domaine de l’économie, des Finances, de la monnaie et de la gestion des entreprises.

Je pense qu’il faudrait  créer le cadre idoine pour que cette élite puisse apporter concrètement sa contribution. Des jeunes nantis de leurs diplômes et de leur expérience se sont dits prêts à aider ce Gouvernement et à titre bénévole ! Pourquoi ne pas les associer à cette noble mission?

En effet, le pays a un cruel besoin de réviser son modèle de développement économique pour faire face aux nombreux défis. Il devra  mettre en place un Plan de développement économique et social.

Ce cadre est nécessaire pour tracer la voie à suivre sur le court et le moyen terme et convaincre nos partenaires.

Cette approche est, je crois, la seule en mesure d’insuffler l’espoir surtout parmi les jeunes, de résorber graduellement le chômage dans ses diverses catégories, de rétablir la paix sociale et de mettre un frein au terrorisme qui mine le pays.

Sans la résorption du chômage de façon graduelle et sûre, le spectre de l’instabilité politique et sociale générateur de terrorisme sera toujours présent et menacera aussi bien notre pays que les pays voisins et le flanc nord de la Méditerranée et dont le concours est sollicité.

Mokhtar El Khlifi
 

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