Notes & Docs - 29.11.2013

La déclaration Balfour du 2 novembre 1917 et l'importance géostratégique de la chimie dans le monde d'aujourd'hui

La Palestine demeure  le  seul pays occupé au monde aujourd’hui. Elle  est la victime évidente d’une grave injustice aux dépens d’un peuple arabe. On ne peut qu’être  révolté par l’ « impuissance » des Nations Unies, du Conseil de Sécurité et des 37 vetos américains en faveur des sionistes ces dernières années !  Pourtant, le 20 juillet 2004, l’Assemblée générale des Nations unies a fait siennes les conclusions de la Cour Internationale de Justice (CIJ) de la Haye- qui  a qualifié le Mur « d’illégal »- et appelait Israël à démanteler le Mur de l’Apartheid par 150 voix contre  6 et 10 abstentions. En 2013, près de dix ans plus tard, l’Etat hébreu n’en a rien fait. Quel Etat aujourd’hui peut se permettre une telle « désinvolture » sans encourir les foudres de « la communauté internationale » (traduire : l’Occident : Europe, Etats Unis, Japon) ? Pourtant, relève Dominique Vidal, « l’avis étayé de la CIJ –rarement publié- stipule dans son paragraphe 146 : « Tous les Etats ont obligation de ne pas reconnaître la situation illicite résultant de la construction du Mur, de ne pas prêter aide ou assistance au maintien de cette  situation et de coopérer en vue de mettre un terme aux violations alléguées et de s’assurer qu’elles donneront lieu à réparation. » ( « La chronique d’Amnesty International », novembre 2013, p. 15) » Comparez avec ce qui se passe actuellement pour l’Iran alors qu’Israël, lui, est détenteur du feu nucléaire – grâce à la coopération de l’Afrique du Sud de l’apartheid- et n’a pas signé, comme Téhéran, le Traité de Non-Prolifération  car il veut être la seule puissance dominante du Moyen-Orient. Avec la bénédiction de l’Occident….et de l’Arabie Saoudite ! 

La  commémoration de la Déclaration Balfour est  l’occasion d’abord et surtout de tirer des leçons, des leçons amères, l’occasion de se poser des questions sur nos retards dans le domaine de la Science et de la recherche. En toute lucidité,   sans nous cacher le soleil avec notre petit doigt. Les habous n’arriveront pas à nous sortir de cette situation, ces habous qui,  dit-on, existent depuis le calife Omar !
L’historien Georges Duby affirme : « Il ne sert à rien de raconter l’histoire si elle ne sert pas les combats d’aujourd’hui et de demain. »

Israël est né sous le signe de la violence. C’est sa « marque de fabrique » comme dit le grand cinéaste Ken Loach (voir site de Leaders). La Déclaration Balfour est venu récompenser une découverte –cruciale à l’époque-  dans le domaine des explosifs comme on l’expliquera plus loin. Agressivité et violence aveugle voilà les caractéristiques essentielles, l’empreinte   de l’entité sioniste qui déploie son  savoir-faire meurtrier contre Gaza- camp de concentration à ciel ouvert- et dans une Cisjordanie enfermée derrière le mur de l’apartheid où son armée et son aviation hypersophistiquées (fournie par les  Américains)  remportent  tous les jours « des victoires » contre des femmes, des bambins, des écoliers et des vieillards palestiniens désarmés.

En ce samedi 2 novembre 2013, 96 ème anniversaire de la funeste et diabolique Déclaration Balfour, il est clair que la chimie ne saurait,  en aucun cas,  expliquer seule le conflit israélo-palestinien ou la Déclaration Balfour. Pourtant, Linus Pauling (1901-1994), ce grand chimiste américain engagé, Prix Nobel de chimie (1954) et Prix Nobel de la Paix (1962) affirmait : « Aucun des aspects du monde contemporain, jusque et y compris la politique et les relations internationales n’échappe à l’influence de la chimie. » Il suffit de consulter les médias aujourd’hui. Ils bruissent de nouvelles concernant les gaz de combat en Syrie, d’enrichissement de l’uranium en Iran, d’explosifs et de bombes, chez nous, ici, à Tunis. Et d’ailleurs comment oublier la chimie dans notre pays ? Les phosphates ne sont-ils pas le cœur de notre économie ? Nos villes ne croulent-elles pas sous les déchets en plastique ? La télévision ne parle-t-elle pas à longueur de journée de calcium dans le lait pour les os des jeunes et des moins jeunes ? Les fabricants d’une foule de produits ne vantent-ils pas bruyamment les omégas 3 des œufs et du beurre ? Et souvenons-nous : la dictature bête de l’ignare Ben Ali et de ses agents  n’a-t-elle pas interdit la vente de l’acide chlorhydrique (maâ el fark), de l’acide sulfurique et même de l’alcool à brûler ?
La chimie est partout autour de nous aujourd’hui : peintures, textiles synthétiques, médicaments, antibiotiques, détergents, engrais, pesticides, produits de contraste des radiologues, écrans à plasma et puces des téléphones portables…

 On recense actuellement 68 millions de composés et les laboratoires en synthétisent ou en découvrent pas moins de deux millions annuellement. Bien entendu, découverts au laboratoire, ces produits ne sont pas mis immédiatement sur le marché. Cela sera le sort de quelques dizaines seulement mais ce rythme est révélateur de l’inventivité des chimistes et la sophistication de leurs appareils, de leurs techniques et de leurs méthodes.  Notons surtout qu’aujourd’hui Israël est le premier producteur de médicaments génériques au monde (marque TEVA notamment) et se veut une nation « start-up » étant qu’il consacre 4% de  son PIB (record mondial) à la recherche. Il est vrai qu’Israël  a beaucoup d’entregent et  de  contacts dans le monde de la recherche et des universités,  partout sur le globe,  grâce à une partie de la diaspora juive.  Les Arabes produisent hélas une grande quantité du pétrole brut  utilisé pour produire plastiques, écrans plasma, médicaments, antibiotiques, colorants, pesticides, carburants, textiles artificiels…mais ils préfèrent s’occuper de la toilette des morts,  de l’excision et informer  des  bambins sur les horreurs de la tombe …comme l’ont expliqué de « doctes  savants » saoudiens et koweitiens venus répandre la parole wahhabite chez nous.  Pour le rien dire de l’engouement subi pour les wakf et les habous en Tunisie !

Le procédé Weizmann

Chaïm Weizmann (Haïm et Charles parfois car il change en fait de prénom comme de chemise) a déposé,  le 27 janvier 1920,  un brevet d’invention américain US Patent n° 1329214 avec George Anthony Hamlyn. Ce brevet avait été précédé par un brevet anglais n° 225138 déposé le 27 mars 1918. Il protégeait ainsi la découverte d’un microorganisme Clostridium acetobutylicum (ATCC 824) capable de dégrader par fermentation des carbohydrates pour donner de l’acétone. Il s’agit  d’un organisme gram-positif que l’on trouve couramment dans le sol.  Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, l’acétone était produite par distillation sèche du bois. Procédé dangereux car  les explosions graves étaient fréquentes dans les usines. Le conflit mondial a provoqué une forte demande d’acétone à laquelle la distillation du bois  ne pouvait plus répondre. L’acétone est un solvant dans la fabrication des explosifs et des poudres sans fumée. Le procédé de Weizmann  est appelé ABE car il conduit à de l’acétone (3 parts), du butanol (6 parts) et de l’éthanol (1part). Cette technique a fourni la partie la plus importante de l’acétone réclamé par l’effort de guerre et ce, jusqu’au début des années 1920. Cette fermentation peut se faire avec le maïs, le riz, le seigle…qui fournissent l’amidon sur lequel agit le Clostridium. Contrairement à la levure qui ne peut agir que sur les sucres pour donner de l’éthanol et du gaz carbonique, le clostridium peut digérer le petit lait, le sucre, l’amidon ,  la cellulose, certaines lignines du bois…Aujourd’hui, le génie génétique a remisé au musée des antiquités le procédé Weizmann. Ainsi, en 2013, James Liao, ingénieur chimiste à l’Université de Californie à Los Angeles produit par génie génétique de l’essence. Au total, Weizmann déposera un total de 120 brevets d’invention au cours de sa vie de chercheur. Le chimiste, chez lui, est doublé d’un homme  d’affaires !

Début 1915, Winston Churchill, Premier Lord de l’Amirauté,  eut vent du procédé Weizmann. Churchill était en difficulté au gouvernement car l’armée anglaise sortait de la grave « crise des obus » : aux Balkans, les militaires anglais ont manqué de munitions car l’acétone faisait  défaut dans les usines d’armement.  Le ministre de l’Approvisionnement,  David Lloyd George,  joignit ses efforts à ceux de Churchill pour aider Weizmann à monter une unité pilote et passer à la production. On procéda avec succès  à des essais dans une distillerie londonienne de gin. Du coup, en 1916, six distilleries de la capitale furent réquisitionnées en vue de la production.   On a ainsi obtenu  30 000 tonnes d’acétone durant la guerre. Mais comme l’amidon était dans des produits alimentaires et étant donné les pénuries, la production a été délocalisée à Toronto au Canada et en Inde. Le succès de son procédé fit de Weizmann le directeur des laboratoires de l’Amirauté britannique de 1916 à 1919. Weizmann voulut offrir son procédé à Sa Majesté. En contrepartie, il semblerait que la Déclaration Balfour est venu le récompenser pour ce geste. Mais, l’histoire est bien plus compliquée comme on le verra.

Qui est Chaïm Weizmann?

Chaïm Weizmann est né le 27 novembre 1874 à Motele en Biélorussie dans une famille de onze enfants. Il s’adonnera d’abord à des études talmudiques en yiddish et ne fréquentera l’école  russe qu’à l’âge de 11 ans. A 18 ans, il s’inscrira à l’Université de Darmstadt puis à celle de Berlin  pour étudier la chimie, science allemande à l’époque et science méprisée en France, ce pays  étant  attachée à la classification des sciences d’Auguste Comte qui faisait de la chimie une science « mineure ». Elle  n’était même pas au programme du concours d’entrée de la prestigieuse  l’Ecole Polytechnique et n’avait pas une agrégation spécifique. En 1900,  l’Université de Fribourg en Suisse lui décernera le titre de docteur en chimie organique. Sa thèse portait sur les teintures synthétiques- récemment découvertes par l’Anglais William Henry Perkin- père de  la mauvéine.  Il occupera les fonctions d’assistant à l’Université de Genève de 1900 à 1904. Il rejoindra l’Université de Manchester en Angleterre en 1904. Il vivra en Angleterre trente ans et en  acquiert  la nationalité en 1910. Il occupera un poste d’enseignant-chercheur en biochimie à  Manchester, poste qu’il occupera jusqu’en 1916. Il devint un fervent sioniste se souvenant des pogroms et des humiliations subies par les juifs dans l’empire russe. Il militera ardemment pour cette idéologie. A l’occasion d’une campagne électorale à Manchester, il entra en contact avec Arthur Balfour , homme politique de premier plan qui sera tour à tour, Premier Ministre, Ministre des Affaires Etrangères, Premier Lord de l’Amirauté…Sans aucun mandat officiel au départ, Weizmann va travailler d’arrache-pied pour le sionisme et pour faire de la Palestine le pays de tous les juifs***, bien avant les horreurs hitlériennes et allemandes. Il s’opposera à la proposition britannique d’une installation des juifs en Ouganda. Après 1918, il fut de tous les congrès de l’Organisation Mondiale Sioniste. Il en deviendra président en 1921, charge qu’il conservera jusqu’en 1931 puis de nouveau de 1935 à 1946.  A ce titre, il présidera la délégation juive à la Conférence de Paix de Paris en 1919 et il s’activera pour faire admettre les prétentions sionistes sur la Palestine.  Celles-ci furent reconnues par la SDN qui chargea le gouvernement britannique de poursuivre l’établissement des juifs en Palestine et de les aider dans sa colonisation : « faire de la Palestine un foyer national juif » suivant la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917.

Il sera élu Président d’Israël par le Conseil d’Etat provisoire et il mourra dans cette fonction le 9 novembre 1952.  A noter qu’à  ce Président biochimiste, succédera à la tête de l’Etat,  en 1973, son neveu, Ephraïm Katzir (qui lui aussi a changé son nom, comme un grand nombre  de  politiciens en Israël, pour ne pas révéler leurs origines étrangères et « hébraïser »leur patronyme. Son vrai nom est Ephraïm Kotchalski, né à Kiev, en Ukraine),  biophysicien de formation et scientifique en chef de l’armée israélienne.

A-t-on jamais vu un scientifique à la tête d’un pays arabe?

La vie de Weizmann ne fut pas un long fleuve tranquille,  pleine de conférences internationales et de recherches scientifiques. De gros problèmes  et des querelles tenaces l’ont émaillée. Ils l’opposeront aux autres leaders  sionistes en particulier à  Louis Brandeis et à Vladimir Jabotinsky - homme de droite et militaire dont le père de Benyamin Netanyahou fut le secrétaire. Jabotinsky- qui appelait déjà à ériger une « muraille de fer » face aux Palestiniens-  interpellait ainsi, en 1933, les sionistes : « Jeunes, apprenez à tirer…celui qui maîtrisera le premier  ce nouvel alphabet gagnera un drapeau. » (Le Monde, 11 janvier 2013, p. 18).  Israël est,  sans conteste,  né sur les fonts baptismaux de la violence et de l’usurpation des terres!

Weizmann s’opposera fortement aussi  au terrorisme juif dirigé contre les Anglais en Palestine. Pour lui, l’alliance sionisme-Grande Bretagne est « le rocher de Gibraltar » de toute sa politique, selon sa  propre expression. Après la révolte palestinienne de 1929, il parvint à obtenir, en 1931, confirmation de la Déclaration Balfour de la part du Premier Ministre J. Ramsay Macdonald. Mais le Livre Blanc anglais de 1939 par lequel la Grande Bretagne limitait  l’émigration des juifs en Palestine et l’acquisition des terres**** fera perdre à Weizmann de son influence. Il demeurera cependant actif car, en 1948,  il arrivera à obtenir du Président américain  Harry Truman une déclaration demandant la fin du Mandat britannique sur la Palestine.
Son élection à la Présidence fut, pour lui, une énorme déception et me rappelle le célèbre vers d’El Maâri (traduit par Hoa Hoï Vuong et Patrick Mégarbané):

«Quand l’homme se fait vieux, tous ses proches le lâchent Ses fils, ses serviteurs, ses épouses l’outragent»

Ce poste de président est en effet purement honorifique. Comble de la disgrâce : David Ben Gourion ne l’autorisera même  pas à apposer sa signature à la déclaration d’indépendance du 14 mai 1948. Il meurt le 9 novembre 1952 et sera enterré à l’Institut de recherche qui porte son nom.

Quelques raisons pour expliquer la Déclaration Balfour

Yasser Arafat rappelait début 1990 : « Notre peuple est un peuple épique. Il lutte depuis 1917, depuis la Déclaration Balfour et jusqu’à nos jours. Cela fait 73 ou 74 ans, cinq générations. » (voir sa biographie écrite par  Gowers et Walker)

Quant au journaliste  marocain Tahar Benziane, il notait,  en 1967,  dans le numéro spécial de la revue « Les Temps Modernes »  consacré au conflit israélo-palestinien : « La Déclaration Balfour date de 1917, à l’issue d’une guerre qui ne comportait pas de persécution des juifs…L’action hitlérienne a peut-être grossi le flot de l’émigration mais elle n’a jamais été le motif originaire de la cause sioniste qui reste un fait purement juif. »
Passons brièvement maintenant quelques raisons à cette Déclaration, sans aucune prétention d’épuiser le sujet:

1- Il n’y a, apparemment, aucun sentimentalisme de la part du Cabinet britannique car l’encouragement au sionisme va de pair avec un antisémitisme foncier. Pour Nathan Weinstock, le sionisme dérangeait au plus haut point l’aristocratie et la bourgeoisie juives britanniques parfaitement intégrées à la gentry. Le Premier Ministre Lloyd George déclarait : « Je me fiche éperdument des juifs, de leur passé ou de leur avenir. » Curieux paradoxe donc et prudence du gouvernement anglais qui recourt à cette curieuse expression de « foyer national » dans  la Déclaration, chef-d’œuvre d’équilibrisme politique retors et marque de fabrique de l’hypocrite politique anglaise.

2- La Déclaration précède de quelques jours la Révolution d’Octobre de 1917(calendrier russe de l’époque). L’Angleterre espérait gagner à ses vues les marchands de blé juifs pour affamer les bolcheviks. De plus, il n’y avait rien d’alléchant pour l’impérialisme anglais dans le programme bolchevik qui parle « des droits des nations à disposer d’elles-mêmes » et de « paix sans annexion ».

3-  Weizmann assure, à de nombreuses occasions, « Ce que nous voulons, c’est un protectorat britannique. » Il applique en réalité la doctrine sioniste relative à la création de l’Etat d’Israël : « En parler jamais, y songer toujours ». Le 2 décembre 1917,  Lord Cecil, membre du gouvernement anglais confirme, qu’au moment de la Déclaration, le gouvernement voulait, sans doute aucun, la création d’un protectorat juif en Palestine. Et lors d’un meeting à l’Opéra de Londres, Weizmann s’écriera : « Nous désirons rendre ce pays absolument juif. » Balfour lui-même, Churchill et d’autres hommes politiques anglais ont admis,  qu’à leurs yeux, la déclaration impliquait que les juifs pourraient former un Etat à eux dès que l’immigration leur assurerait une position majoritaire dans le pays.

4- La Déclaration est aussi un contrepoids au nationalisme arabe naissant. Du reste, Weizmann prendra langue avec Fayçal et d’autres hommes de pouvoir arabes effrayés par le réveil des masses et désireux de garder leurs privilèges aux dépens des peuples. L’Angleterre promettra des royaumes à des potentats arabes travaillés et surveillés par les espions comme Lawrence.

5- La Palestine, aux yeux des Anglais, est une base d’appui pour la défense du Canal de Suez et la route de l’Inde (comme Malte et Chypre).

6- L’Angleterre veut aussi gagner à la cause des Alliés les juifs américains et d’Europe Centrale. Elle créera une section juive au Foreign Office en novembre 1917 pour faciliter la propagande sioniste et elle poussera l’amabilité jusqu’à permettre à la correspondance des leaders sionistes d’être acheminée par la valise diplomatique.

7- La Déclaration est aussi dirigée contre la France et contre les accords Sykes-Picot signés le 16 mai 1917 (zones d’influence respectives pour contrecarrer, à la fin de la guerre, les revendications ottomanes). La France se voulait la protectrice des minorités tant religieuses qu’ethniques  dans l’empire ottoman. Lorsque le nouveau gouvernement bolchevik prend le pouvoir à Pétrograd (aujourd’hui Saint Pétersbourg après avoir été Léningrad jusqu’en 1991),  il découvre dans les archives  du Ministère des AE tsariste l’accord par lequel l’Angleterre promettait au chérif de la Mecque,  Hussein,  un royaume arabe (Damas-Alep-Mossoul). Il en informe immédiatement Constantinople. Ce qui met à nu la duplicité des Anglais.
8- Les Palestiniens ne se trompent pas sur les visées de la Déclaration Balfour et des émeutes contre les juifs éclatent en 1920 notamment à Jérusalem. C’est sans précédent aucun. C’est pour les Palestiniens  la négation du droit à l’autodétermination et la crainte de l’immigration juive avec des risques économiques et politiques majeurs pour eux. 

Les activités académiques et scientifiques de Weizmann :

Weizmann s’est fait très tôt le champion d’une agriculture de pionniers pour attirer les juifs en Palestine. En Europe, les juifs n’étaient souvent pas autorisés à exercer cette activité. Moyen très symbolique pour s’approprier la terre et s’en nourrir à l’égal des vrais propriétaires : les Palestiniens même si Weizmann ne parle que des Arabes pour noyer le poisson et tromper.

Il a fondé le Technion de Haïfa – Israël Institute of Technology- dès 1912 et déjà en 1901, il a œuvré pour la création d’une institution d’enseignement supérieur juif en Palestine.

Avec le philosophe juif  allemand Martin Buber et le poète juif moldave Bertold Feiwel, il présente un document en ce sens au 5ème Congrès sioniste pour former des juifs dans le domaine des sciences et de l’ingéniorat.
En 1921, avec Albert Einstein, il monte une campagne de collecte de fonds pour une Université Hébraïque à Jérusalem. La pose de la première pierre aura lieu en avril 1918.

En 1934, création du Centre de recherche Daniel Sieff. Sous l’impulsion de Weizmann, ce Centre grandira et prospérera. Il devient Institut des Sciences Weizmann le 2 novembre 1949. Pur hasard que cette date ? Ce Centre s’est aujourd’hui spécialisé en mathématiques, informatique, physique, chimie, chimie biologique et biologie. En 2012, il est dans les « Top 100 »du classement de l’Université de Shanghai  Jiao Tong des Universités d’Excellence. Ada Yonath, Prix Nobel de chimie 2009,  en est membre. Pour la prestigieuse revue Science, en 2011, c’est, pour un scientifique,    un des meilleurs endroits au monde pour travailler- si on ferme bien les yeux pour ne pas voir le Mur de l’apartheid et la prison à ciel ouvert où croupissent 1,5 million d’humains.
On relèvera que Weizmann a continué à faire de la recherche au profit des Anglais après la Déclaration Balfour. Ainsi, lorsqu’au cours de la Deuxième Guerre Mondiale,  le Japon établira sa maîtrise sur l’Océan Pacifique, le caoutchouc de Malaisie- nécessaire à l’effort de guerre- ne pourra plus atteindre l’Europe, Weizmann s’attèlera à mettre au point- sans succès- un caoutchouc synthétique à partir du butadiène. De même, pour améliorer les performances de la RAF- l’aviation anglaise- il fera des recherches sur des carburants à haut indice d’octane qui permettent les piqués et une meilleure maniabilité des aéronefs. 

Comparer  avec l’état de la Science et des Universités dans le monde arabe est facile et…désespérant !
« L’histoire, affirme H.G. Wells, est une course entre l’éducation et la catastrophe. » et Heidegger donne cette recette salutaire : « Il faut avoir le courage d’affronter la réalité, toute la réalité, dans toutes ses facettes jusqu’à l’angoisse. »

Il nous faut faire face…Il nous faut affronter la réalité, la dure réalité  ou disparaître. Impossible de vivre au XXIème siècle sans activités scientifiques, sans recherches scientifiques, sans universités où la pensée et les idées se déploient sans  censure ni contrôle…Faute de quoi, on est  l’obligé des autres ! On est réduit en esclavage !

Mohamed Larbi Bouguerra

*** D’importantes communautés juives vivent aux Etats Unis,  en France et en Amérique latine.
**** A noter ici, étant donné le débat qui a lieu actuellement dans notre pays, que 16% du territoire  de  l’Etat  d’Israël proviennent des habous (Sabri Geries, « Les Arabes en Israël », Cahiers libres n° 151-152, François Maspéro, éditeur, Paris)

Pour aller plus loin

Maxime Rodinson,  « Israël et le refus arabe. 75 ans d’histoire », Le Seuil, Paris, 1968
Nathan Weinstock, « Le sionisme contre Israël », François Maspéro éditeur, Paris, 1969
Kirk Othmer Encyclopedia of Chemical  Technology, Wiley Interscience, New York, NY, USA, 1971
Andrew Gowers et Tony Walker, “Arafat, the biography”, Virgin Books, London, 1994.
Tahar Benziane, “Le problème  palestinien et la question juive”, Les Temps Modernes, page 332, n° 253 bis, 1967.