Opinions - 30.08.2013

A propos de la gérontocratie

L’article publié récemment par Leaders sur « la gérontocratie »  appelle  les remarques suivantes.

1- Si « la révolution n’a pas eu de leaders », c’est tout simplement parce que l’opposition « démocratique »  n’était armée ni pour la déclencher ni pour la conduire. Cette défaillance  perdure encore aujourd’hui sinon cette opposition se serait souciée avant tout de proposer un programme commun de gouvernement qui puisse l’unir, à défaut d’avoir souscrit à un mode de scrutin majoritaire uninominal à deux tours qui aurait fini par imposer l’union. Au reste, ce mode est le seul à pouvoir clarifier les alliances partisanes et la vie politique en général, ce que certains redoutent apparemment.

2- A partir d’une certaine époque, l’incapacité de Bourguiba à renouveler les générations est  devenue inévitable, et ce pour deux raisons. La première est que l’on ne peut procéder à ce renouvellement quand  le chef de l’Etat atteint lui-même un âge canonique.  « La vieillesse est un naufrage » disait de Gaulle à propos de Pétain. La seconde est que ce renouvellement s’accorde très mal avec un régime ultra présidentiel qui se targue en plus d’une légitimité historique. Dès ma première entrevue avec lui, j’ai pressenti l’incompréhension qui allait s’installer invariablement entre lui et tout jeune du gouvernement.

3- Toutefois la question de l’âge ne doit pas être sortie de son contexte. Mandela est devenu président de son pays à un âge très avancé, ce qui ne l’a pas empêché d’accomplir ce qu’il a accompli. La personnalité des « vieux », autant que l’environnement institutionnel ou la  qualité du personnel politique en place, peut jouer pour que la gérontocratie  ne se transforme pas en un malheur récurrent. 

4- Il existe, dans l’absolu, des vieux qui pensent comme des jeunes et des jeunes qui réagissent comme des vieux. L’erreur pour les vieux est de croire que l’expérience remplace l’enthousiasme alors que l’erreur pour les jeunes est de croire que l’enthousiasme peut se passer de l’expérience. 

5- Un dernier point. Certes, le pays a besoin que l’on passe très rapidement le témoin à de nouvelles générations. Mais pour réussir, ce passage de témoin requiert que ces générations consentent à faire très vite l’apprentissage difficile et rébarbatif de la gestion des affaires publiques, et plus encore à faire preuve de ce patriotisme, de cette abnégation et de cette fascination de la création ayant été à la base de la réussite des générations de 1956.  Dans ce cas aussi, l’expérience et la sagesse des « vieux » seraient sans aucun doute d’un apport appréciable. Après tout, dans une course de relais, le témoin doit passer des uns aux autres sans être lâché sinon l’équipe est disqualifiée. 

Habib Touhami


 

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4 Commentaires
Les Commentaires
Mohamed Al Mazri Chouk - 30-08-2013 21:10

LA GÉRONTO-PARTICRATIE NE SERAIT PLUS UN SOUCI POUR INSTAURATION D'UNE VRAIE DÉMOCRATIE SI...... dès à présent, INDÉPENDAMMENT DE L'ÂGE ET DES PARTIS ON PRÉVOIT UNE CONSTITUTION QUI OBLIGE TOUS LES COMPÉTENTS (qu'ils soient "vices ou novices" théocrates ou autocrates) À SERVIR tous ensemble DANS UN MÊME EXÉCUTIF EN CO-GOUVERNANT . . . DANS UN MÊME GOUVERNEMENT. . . UNE CO-GOUVERNANCE DE "TOUTES" COMPÉTENCES POUR APPLIQUER . . . UN "PROGRAMME D'URGENCE COMMUN" . . . En effet, LE GOUVERNEMENT QUE LE PEUPLE ATTEND pour solutionner la crise et conduire nos institutions se composerait: * d'une quinzaine de COMPÉTENCES * ISSUS DES QUINZE PREMIERS PARTIS (23 oct) * UN SEUL MINISTRE PAR PARTI De ministres * CAPABLES DE CONSENSUS * À ÉLIRE PAR l'ANC sur proposition (3 candidats) de leur parti Pour appliquer * UN PROGRAMME COMMUN * À ARRÊTER PAR L'ANC ( ou demain... l'assemblée) Sachant que c'est dans le cadre de l'assemblée que les partis pourront ORIENTER LES CHOIX 'EN FONCTION DES BESOINS DU PEUPLE ET DE LEUR POIDS' ------------------------------------------------- Solution déjà préconisée par APPOSITION dans APPEL DU 1erJUIN 2011 "projet de gouvernance" et autres articles (ci-après extraits voir ci-après quelques extraits... --------- C'EST POURTANT TRÈS SIMPLE... La PARTICRATIE NE PEUT PAS DONNER CE QU'ELLE N'A PAS À UN PEUPLE QUI depuis le 14 janvier SAIT CE QU'IL VEUT ! En effet, les champions de l'élite tunisienne qu'ils soient au POUVOIR ou dans l'OPPOSITION, n'ont toujours pas compris qu'ils ne peuvent, * ni CONTINUER LEURS MATCHS SANS JUGES DE TOUCHE, NI ARBITRE et "servir le drapeau" sans arrière-pensées... * ni continuer de choisir des JUGES Parmi les personnes apparentés ou issus d'un camp ou de l'autre... * ni objectivement, ni honnêtement, ni réellement FORMER TOUTE L' "ÉQUIPE NATIONALE" AVEC DES JOUEURS ISSUS D'UNE SEULE ET MÊME ÉQUIPE et s'attendre à ce que TOUS NOS COMPATRIOTES crient d'une seule voix << ON VA GAGNER!>> ni même un jour << ON A GAGNÉ! >> Le solution c'est ETTANDHID-APPOSITION: -- les juges de touche = CITOYENS armés du droit à L'INITIATIVE POPULAIRE -- l'arbitre = LE PEUPLE armé du droit au RÉFÉRENDUM POPULAIRE -- le vestiaire des arbitres = DIWAN-ECHAAB -- la Sélection nationale = régime de CO-GOUVERNANCE consensuelle des 11 à 15 COMPÉTENTS Issus des 11 à 15 PARTIS REPRÉSENTATIFS UN compétent par parti (résultats du 23 oct.) Solution tunisienne, inlassablement proposée et diversement argumentée dans les articles APPOSITION (1998) ----------------------- ??????? ??????? CITOYENS! NE VOUS LAISSEZ-PAS MENOTTER PAR LA NÉO-PARTICRATIE! Que nos TUTEURS nous taxent d'INCOMPÉTENCE ou au nom de "LEUR VRAIE-FAUSSE LÉGITIMITÉ" Exigez une authentique DÉMOCRATIE en réclamant MAINTENANT à l'ANC --- LE DROIT DE TOUT CITOYEN TUNISIEN À LANCER UNE INITIATIVE POPULAIRE et faire signer librement "SA PÉTITION" (quel qu'en soit l'objet) L'INITIATIVE POPULAIRE et LE RÉFÉRENDUM qu'elle provoque, une fois le nombre de signatures atteint, SONT DES DROITS FONDAMENTAUX À INSCRIRE IMMÉDIATEMENT DANS LE PROJET DE CONSTITUTION! ...

DanielDELVERT - 01-09-2013 22:56

«Quel est l’âge du capitaine» est la question que l’on plaque souvent à une question complexe dont on ne peut pas donné de réponse. Cela nous viendrait de Gustave Flaubert, en 1841, quand il écrit à sa sœur avec humour : «Puisque tu fais de la géométrie et de la trigonométrie, je vais te donner un problème : Un navire est en mer, il est parti de Boston chargé de coton, il jauge 200 tonneaux, il fait voile vers Le Havre, le grand mât est cassé, il y a un mousse sur le gaillard d’avant, les passagers sont au nombre de douze, le vent souffle NNE, l’horloge marque trois heures un quart d’après-midi, on est au mois de mai… On demande l’âge du capitaine.» Bien entendu, la situation est dramatique et l’âge du Capitaine importe peu. Et il n’y a pas de réponse possible ! Oui, mais voilà, en 2013, en Tunisie, les Capitaines sont plutôt nombreux, on connaît trop leur grand âge et on inverse l’énigme. A cause de l’âge des Capitaines, on voudrait trouver qu’il y a danger pour le pays. Le projet de la future Constitution fixe une condition d’âge dans son article 72 soit «quarante ans au moins et de soixante-quinze ans au plus». Or la plupart des pays démocratiques ne fixent pas d’âge maximum et certains de ces pays ont aux plus hautes responsabilités, des élus encore plus âgés que lui que BCE ou RG ou … Citons le Président italien, Giorgio Napolitano, né le 29 juin 1925 qui vient d’être réélu le 20 avril 2013, donc à 87 ans… En France, timidement, le seul exemple que l’on connaisse, c’est une proposition de loi du Député François Vansson, le 22 janvier 2010, à l’examen du parlement tendant à fixer un âge maximal pour se présenter à la présidence de l’exécutif d’une collectivité territoriale. Il justifiait sa demande en voulant lutter contre une immobilité de la classe politique, donc une incapacité à se renouveler. Mais dans ce cas, les élus des collectivités territoriales n’ont pas de limitation quant au nombre de mandats successifs. Malgré cette justification la loi n’a pas été votée. Alors la devise de ce que vous appelez la gérontocratie serait une subtile déviation d’un slogan de Mai 1968 en France : «Il est interdit de nous interdire»…

DanielDELVERT - 02-09-2013 14:04

«Quel est l’âge du capitaine» est la question que l’on plaque souvent à une question complexe dont on ne peut pas donné de réponse. Cela nous viendrait de Gustave Flaubert, en 1841, quand il écrit à sa sœur avec humour : «Puisque tu fais de la géométrie et de la trigonométrie, je vais te donner un problème : Un navire est en mer, il est parti de Boston chargé de coton, il jauge 200 tonneaux, il fait voile vers Le Havre, le grand mât est cassé, il y a un mousse sur le gaillard d’avant, les passagers sont au nombre de douze, le vent souffle NNE, l’horloge marque trois heures un quart d’après-midi, on est au mois de mai… On demande l’âge du capitaine.» Bien entendu, la situation est dramatique et l’âge du Capitaine importe peu. Et il n’y a pas de réponse possible ! Oui, mais voilà, en 2013, en Tunisie, les Capitaines sont plutôt nombreux, on connaît trop leur grand âge et on inverse l’énigme. A cause de l’âge des Capitaines, on voudrait trouver qu’il y a danger pour le pays. Le projet de la future Constitution fixe une condition d’âge dans son article 72 soit «quarante ans au moins et de soixante-quinze ans au plus». Or la plupart des pays démocratiques ne fixent pas d’âge maximum et certains de ces pays ont aux plus hautes responsabilités, des élus encore plus âgés que lui que BCE ou RG ou … Citons le Président italien, Giorgio Napolitano, né le 29 juin 1925 qui vient d’être réélu le 20 avril 2013, donc à 87 ans… En France, timidement, le seul exemple que l’on connaisse, c’est une proposition de loi du Député François Vansson, le 22 janvier 2010, à l’examen du parlement tendant à fixer un âge maximal pour se présenter à la présidence de l’exécutif d’une collectivité territoriale. Il justifiait sa demande en voulant lutter contre une immobilité de la classe politique, donc une incapacité à se renouveler. Mais dans ce cas, les élus des collectivités territoriales n’ont pas de limitation quant au nombre de mandats successifs. Malgré cette justification la loi n’a pas été votée. Alors la devise de ce que vous appelez la gérontocratie serait une subtile déviation d’un slogan de Mai 1968 en France : «Il est interdit de nous interdire»…

Ben Abdelaziz - 05-09-2013 16:01

Faute de grives, on mange des merles...! Le peuple tunisien est actuellement en cours d'apprentissage démocratique, il n'a plus besoin des vieux compagnons disciples du grand dictateur Bourguiba ou du mafieux Ben Ali pour leur déblayer ou éclairer le chemin de la démocratie! Les sages ne sont pas forcément les vieux et un comité des sages peut être occupé par des jeunes intellectuels, éveillés et surtout démocrates dans leur esprit et leur comportement politique! La Tunisie a peut être besoin de ses vieux pour lui faire la prière pour une meilleure sagesse et une meilleure stabilité...!

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