News - 26.08.2013

De la dictature à la gérontocratie

Trois ans après la révolution,on est réduit à fouiller dans les archives pour trouver des hommes politiques ayant le charisme, l’envergure et la neutralité requis pour diriger le pays, les révolutionnaires qui se trouvaient en prison ou ou qui sont rentrés d'exil s'étant révélés de piètres dirigeants. Après Foued  Mebazaa (79 ans) et Béji Caïd Essebsi (87 ans) qui ont conduit (avec succès) la première étape transitionnelle, nous  voilà une fois de plus à la recherche de l’homme idoine pour présider le gouvernement de technocrates. Parmi les noms cités, ceux d’Ahmed  Mestiri (88 ans) et Ahmed Ben Salah (84 ans). Pour la présidence (provisoire) de la république (Marzouki devra démissionner pour pouvoir se représenter aux élections), on pense à …Mustapha Filali (92 ans). Il est possible et même probable que leurs noms ne soient  pas retenus, mais le fait qu’ils figurent parmi les candidats potentiels est hautement  significatif. Après tout, ce n'est pas de leur faute s'ils sont devenus incontournables et même irremplaçables, si la classe politique d'aujourd'hui est à ce point médiocre que les hommes d'Etat se comptent sur les doigts de la main d'un accidenté du travail. Que vaut aujourd'hui Nidaa Tounès sans Caïd Essebsi et Ennahdha sans Ghannouchi ?

Si le personnel politique ne s’est pas renouvelé depuis 1956, la responsabilité en incombe à Bourguiba et surtout à Ben Ali qui ont tout fait pour faire le vide autour d’eux, éloignant tous ceux qui pouvaient leur porter ombrage. Le premier gouvernement de l’indépendance comptait au moins une dizaine de présidentiables bien que la moyenne d’âge des ministres ne dépassait pas les 35 ans. Mais peu à peu, le parti destourien s’est recroquevillé sur lui-même et les esprits libres comme Mestiri,  Masmoudi et à un degré moindre, Béji Caïd Essebsi mis au rencart ou acculés à l'exil. Ben Ali, lui,  s’est entouré essentiellement de technocrates, les quelques politiques qui l'ont aidé dans son coup d'Etat ayant été progressivement écartés et réduits au silence. Résultat : la classe politique est laminée, ce qui explique que la révolution n'ait pas eu de leaders. D'où la paradoxe auquel on assiste aujourd'hui : une révolution de jeunes dirigée par une gérontocratie.

 

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