Notes & Docs - 28.09.2009

Pour que l'UpM ne meure pas

Salam Fourati« Une paix imposée à Israël et dont les orientations de principe sont déjà acceptées  par les pays arabes,  est seule de nature à lancer dans leur globalité les Projets Régionaux de coopération stratégique Euro Méditerranéenne. » L’auteur de ces propos, l’Ambassadeur Salem Fourati, promène une réflexion approfondie sur la relance de l’Union pour la Méditerranée. Interrogé par Leaders, il ajoute: « Dans l’intervalle, les réalités imposent la poursuite de la  réflexion et peut-être de redoubler d’efforts pour  favoriser  de minimes actions géographiquement restreintes pour que cette belle idée de l’U.p.M ne meure pas. »

Juriste, Enarque, et issu de la Direction de la coopération multilatérale, jadis basée avenue Mohamed V et brillamment illustrée par les Ismail Khelil, Hamed et Abdelhamid Ammar, Ahmed Ben Arfa, Habib ben Yahia, puis les plus jeunes, Moncef Baati, Samir Koubaa et d’autres grandes pointures de la diplomatie économique tunisienne, il a été en poste, dès les années 70 dans des observatoires de choix, notamment à l’Ambassade de Tunisie Bruxelles, (Ismail Khelili, Taher Sioud, etc.), puis à Rome avant de devenir Ambassadeur à Doha, capitale de Qatar. Spécialiste de la coopération multilatérale, et connaisseur du dossier euro-méditerranéen, l’Ambassadeur Fourati est connu pour la finesse de ses analyses. L’Association des Etudes Internationales, fondée par feu Rachid Driss, mais aussi nombre de forums spécialisés et de publications géopolitiques ont bénéficié de ses éclairages. En exclusivité, il répond aux questions de Leaders. Interview:

  • Comment évaluez-vous le Partenariat Euro-Méditerranéen ?

Je vais vous parler plutôt du dialogue Euro Méditerranéen. Qu’il soit de nature historique, politique, social, culturel ou économique, le niveau atteint par ce dialogue - base de toute construction durable -  me semble insuffisant. Comment pourrait-on édifier un Partenariat c'est-à-dire un engagement d’association pérenne lorsque les Parties concernées et intéressées ne pratiquent pas des relations globales, sereines, transparentes, solidaires  et qui retiennent un partage équilibré des fruits du Partenariat envisagé.

L’U.E  devrait corriger sa démarche  en  diversifiant   la vision de son approche notamment sur les plans  historique,culturel  et économique  en axant les initiatives euro- méditerranéennes sur  un  rapprochement, beaucoup plus substantiel , entre les jeunesses de part et d’autre de la Méditerranée, entre les nombreuses institutions crédibles de la société civile,les professions et les métiers, les structures universitaires chargées de la recherche  scientifique et  technologique axées sur la réalité locale et  qui se  préoccupent de toucher directement les composantes des  groupes précités.

 C’est  au prix de tels engagements que l’on peut préparer les assises d’un vrai Partenariat d’autant plus que  le processus de Barcelone a produit des effets moins positifs qu’attendus.

Je dois reconnaître que l’UE a manifesté une certaine solidarité avec les pays de la rive sud mais c’est une solidarité conjoncturelle et soumise aux aléas surtout ceux liés à  la politique régionale.
Vous voyez que mon appréciation est quelque peu mitigée et si l’on observe certains  des paramètres de rapprochement des intérêts euro- méditerranéens, je  ne retiens pas  d’actions généralisées et d’envergure qui aient  touché une grande  majorité de citoyens.
 
Il existe de nombreuses structures qui s’emploient avec ardeur dans la bonne direction à l’instar notamment de la Fondation Anna Lindh basée à Alexandrie et dont l’objectif,  comme vous le savez, est  de favoriser le dialogue entre les cultures et le respect de la diversité. D’ailleurs, le Sommet de Paris de l’UpM  et la réunion ministérielle euro – méditerranéenne de Marseille ont « confirmé ladite Fondation comme un des acteurs centraux, responsable des dimensions sociales, humaines et culturelles du Partenariat. » C’est une bonne approche mais la Fondation et d’autres enceintes similaires ont besoin, outre des réseaux nationaux,  d’être décentralisées structurellement   dans les différents pays membres et particulièrement ceux du sud. Ces Institutions  devraient disposer de substantiels moyens financiers à la mesure des ambitions que l’U.E et l’UpM visent pour mener des actions le plus proche possible des citoyens. Les ateliers et  séminaires de réflexion ou d’échanges d’expériences que la Fondation et autres enceintes similaires  organisent  sont utiles pour nos intellectuels et experts mais on a besoin d’engager   des dialogues avec les citoyens à travers des  structures existantes  ou à créer et qui sont de nature  à rompre avec des réflexes désuets.

Souvenez-vous de l’excellente et historique initiative franco-allemande de rapprochement vigoureux  des jeunes pour mieux préparer l’avenir entre  deux Nations que les guerres avaient longtemps opposées.

Entre les deux rives de la Méditerranée, des initiatives similaires d’échanges multisectoriels massifs devraient être développées pour faire ancrer chez le citoyen le vécu quotidien du  bon voisinage et de  la solidarité.

Pour un véritable partenariat euro-méditerranéen

  • Vous semblez vouloir bouleverser certains axes fondamentaux ?

Peut- être pas bouleverser mais améliorer… surtout que les exigences futures l’imposent.

Je voudrais vous citer quelques exemples révélateurs du caractère restrictif de l’élan communautaire vers les pays du sud. Je signale par exemple  l’implantation à Marseille du Centre de l’Intégration Méditerranéenne qui devait servir « de plate forme d’assistance à la modernisations des politiques publiques des pays du sud de la Méditerranée notamment dans les domaines de la croissance démographique, l’urbanisation, les problèmes de l’eau…. ». Encore une fois, les pays du sud n’ont pas mérité la confiance pour abriter  un  tel centre de réflexion et d’actions prospectives pour des sujets qui les concernent en toute priorité. La ville de Marseille aurait trouvé  de meilleures opportunités de coopération  si Elle était allée avec ses riches expériences vers le sud. Cet élan aurait ouvert la voix à de multiples actions de coopération.

Il en est de même de l’Université Euro Méditerranéenne qui aurait été plus avantageusement implantée dans un des pays du sud ouvrant la voie à de nouvelles  formes de coopération recherchées par de  très nombreuses Universités du sud. Je reconnais qu’à notre époque  les distances ne signifient plus rien mais pour moi c’est un symbole significatif sur tous les plans.
 
Enfin, je ne pouvais  oublier le  feuilleton  du  Siège de l’UpM et du choix de son Secrétaire Général. La solution - sud pour le Siège aurait apporté un signal fort de l’engagement communautaire. Mais, comme  vous avez suivi de prés la question, on a vécu malheureusement les péripéties du Siège et nous poursuivons celles de l’appartenance du Secrétaire Général. Ces deux volets ont encore mis de nombreux pays- surtout ceux  du sud-  en compétition pour ne pas dire en situation  de  surenchère  qui ne manquaient pas toutes  de calculs ; le Projet pouvant  être déclaré mort-né à tout moment ! 

Faisons donc notre autocritique historique, culturelle et sociale pour en  finir avec les préjugés. Instaurons entre nous de vraies relations de confiance partagée et donnons de la crédibilité aux composantes du Partenariat Euro Méditerranéen.

  • Insinuez-vous par là que l’UpM dans sa version actuelle est en mesure de répondre à ces préoccupations ?

L’initiative originelle du Président SARKOZY aurait été plus souple à concrétiser sans  son  élargissement massif, fruit de compromis de nature stratégique. Ceci  a handicapé  sa dynamique de lancement,  attisé des convoitises contradictoires et a bloqué  les tentatives d’aide pour  la recherche de solutions à des problèmes politiques que la  Région du Moyen-Orient supporte très mal depuis plusieurs décennies.

  • Quelle solution ?

 Contrairement à ceux qui pensent à la nécessité de vider l’UpM de sa substance, il me paraît réaliste et approprié de ne pas abandonner l’idée elle-même à condition de la remodeler  car réunir autant d’Etats autour d’un Projet aussi vital  pour la Région n’est pas chose aisée. Il conviendrait d’enrichir les composantes de l’UpM en intégrant dans leur globalité  les volets culturels, civilisationnels, sociaux - historiques et de mobiliser des moyens surtout financiers qui  soient  à la hauteur de l’ambition que l’on voudrait donner à ce Projet stratégique.

Il n’y a pas intérêt à déléguer la mise en œuvre d’actions de cette nature ; la création d’une « Unité régionale »  se consacrant aux volets évoqués et s’inspirant de la mission de certains organismes Intergouvernementaux  « spécifiques », me semble plus  efficace car elle aura  une coloration d’engagement politique.

Pour soutenir cet ensemble d’idées et d’autres, j’imagine par exemple qu’au niveau de l’information et de la communication, on pourrait envisager quelque chose de global pour ancrer l’esprit euro-méditerranéen. Je pense à ce propos  à une chaîne TV Euro-Méditerranéenne diffusant en plusieurs langues pour la Région et à des radios à fréquences numériques décentralisées développant toutes deux un dialogue respectueux des valeurs des peuples de la Région  et  cultivant une approche de vie en bon voisinage et de coopération dans la tolérance et la solidarité.

Les nombreux et très utiles  projets évoqués dans le document préparé à Marseille auront - dans de tels contextes-les plus grandes chances de s’intégrer dans une stratégie globalisée d’un Partenariat équilibré.

Il ne pourrait y avoir – à mon avis - de mise en œuvre des projets sans l’implication de toutes les Structures de l’U.E et notamment de la Commission, incontournable pour tout projet à dimension stratégique communautaire.

Un "statut avancé" sans grande portée

  • C’est une réorientation  diriez-vous !

Je vous dirais une politique qui soit autrement motivée. Je voudrais expliciter ma pensée en citant quelques repères.

La Politique Européenne mise en œuvre essentiellement par les organes compétents de l’Union ne me semble pas avoir été déterminante pour  favoriser concrètement  une coordination horizontale entre les différents partenaires du sud de la Méditerranée.
 
Si je me référais aux négociations des Accords d’Association avec des  pays maghrébins par exemple, je dois dire que les procédures qui ont été retenues à l’occasion des dits Accords des années 70, ont été largement plus intéressantes que celles qui les ont suivies. On avait observé à l’époque un élan communautaire concret poussant les pays en phase de négociations à coordonner leurs positions et à harmoniser leur Projet dans une perspective d’intégration.

Cela a été fait et a donné une certaine crédibilité à cet élan horizontal recherché et avéré sur les plans  historique et économique. Cette approche positive a laissé place ultérieurement, qu’il s’agisse des négociations  des années 90 ou 2000,  à une tendance communautaire attisant la concurrence entre les frères maghrébins et miroitant des relations privilégiées pour certains. Je ne  citerai à ce sujet que ce prétendu « statut avancé » récent, création subtile et sans grande portée –  sur le plan des avantages à caractère  socio-économique.

  • S’agit-il de sanctionner la proclamation d’une politique qui ne cesse d’encourager les parties concernées à une intégration !

Il y a une certaine différence  entre les déclarations politiques et la réalité d’engagement pour l’édification d’un Partenariat équilibré. Je prends seulement deux exemples. Le premier concerne la problématique de la délocalisation dans  certaines régions du sud de la Méditerranée. C'est comme si la délocalisation est un «  vol de moyens de production » et on s’arrange pour l’étouffer socialement et même politiquement alors que ses objectifs sont aussi – en toute réalité économique - dans l’intérêt  de la rive Nord et de sa compétitivité. Pourquoi s’acharner contre tel  pays alors que l’objectif du Partenariat est un partage des intérêts ? Pourquoi les structures compétentes communautaires ne mèneraient-elles pas des campagnes d’information et de sensibilisation pour expliquer au citoyen européen les avantages qu’il tire d’une telle délocalisation ! Pourquoi ne mettraient-elles pas en relief les nombreux projets économiques réalisés par des entreprises européennes dans ces régions et leurs fortes et diverses  retombées sur la rive Nord ! Pourquoi trouveraient-elles banal le fait pour des multinationales « européennes »  de profiter dans les pays du Sud de la libéralisation des services et de recueillir de très juteux revenus notamment dans les secteurs des  télécoms, bancaires et financiers sans se prononcer sur la nécessité du respect de l’équilibre des concessions réciproques ?

Les diverses structures communautaires devraient de toute évidence changer la nature de l’esprit de coopération qu’elles adoptent avec les pays voisins du Sud pour défendre de vraies politiques de Partenariat solidaire. Ces  Structures devraient se mobiliser pour aider le citoyen européen à apprécier, à juste titre, la portée stratégique  de l’interdépendance des engagements et des intérêts entre les deux rives.

Le deuxième exemple  concerne les problèmes de la migration. Il ne vous échappe pas que les pays de la rive sud subissent eux aussi des pressions migratoires provenant des régions encore plus au sud. Ils se transforment en zone active de transit voire de refuge. En toute objectivité, les problèmes résultant de la  migration ont un caractère global et ils devraient être résolus en tant que tels. Comment pourrait-on instaurer une mondialisation de l’économie sans mondialiser la composante essentielle qui est la ressource humaine ? Ce n’est pas chose facile ! Il est vrai en effet  qu’outre les problèmes suscités par la mondialisation elle-même, ceci coïncide avec une conjoncture internationale où la reprise de la croissance  est hésitante sans compter les autres paramètres de discrimination inhérente ou des  problèmes liés au droit humanitaire pour lesquels d’ailleurs  personne ne peut être insensibles.

 Aussi, conviendrait-il de discuter de ces questions  et d’essayer de leur trouver des solutions durables. Les tentatives d’instaurer les conditions contractuelles d’une émigration maîtrisée d’une manière bilatérale n’ont pas donné de résultants probants; les procédures retenues se sont avérées des bourbiers à répétition pour ne pas dire des solutions d’échec. Soyons raisonnables et parlons de ces problèmes d’une manière globale, coordonnée et partageons les risques et les avantages. Une conférence régionale euro méditerranéenne serait un prélude à des rencontres similaires pour d’autres Régions et qui toutes prépareraient une Conférence Internationale sur ces mouvements migratoires irréversibles  d’autant  plus que les perspectives mondiales d'un possible débordement international ne sont pas exclues. Un long parcours reste à faire!

  • Vous semblez occulter ce que l’U. E  apporte comme moyens financiers et techniques  pour le développement des pays du sud !

Pas du tout, je mesure à leur juste portée les fonds que l’U.E ne cesse d’apporter  depuis de longues années et sous de multiples formes (aide au développement, crédits à conditions avantageuses, dons en  expertises et assistances diverses) à  de nombreux secteurs. Je pense également à toutes les actions menées par exemple  en Tunisie pour apporter notamment  un appui aux réformes de l’enseignement secondaire,  supérieur et à la formation professionnelle. Il en est de même des programmes financés dans les domaines de l’environnement, de la compétitivité des entreprises, du renforcement des infrastructures sans oublier les programmes de coopération transfrontalière qui encouragent particulièrement les populations des régions côtières à la réalisation de projets en leur faveur. Voilà d’excellents exemples qui gagneraient à être multipliés car leurs effets sont des éléments de consolidation de l’interdépendance au niveau du citoyen.

La dernière manifestation que certains avaient jugée un peu tardive, concerne l’octroi d’environ 250 Millions d’euros  pour aider les PME de la Région à faire face à la crise économique et financière mondiale. Je pense que c’est un signe de solidarité incontestable qui, selon moi, ne se mesure pas à l'aune des apports  mais à  l’engagement qu’on manifeste et qui peut être ancré  dans le processus global de l’interdépendance recherchée; les symboles sont dans les phases de démarrage de toute action stratégique aussi importants que ceux  des substantielles contributions matérielles ! C’est cette approche qui rendrait indissociable la stabilité des deux rives.

  • Les observations que vous avez soulignées révèlent une certaine hésitation  pour l’avenir de l’UpM !

Je  suis  de ceux qui veulent que l’on construise un avenir meilleur pour les relations euro méditerranéennes. L’UpM traverse une situation quasi-similaire à celle de l’U.M.A (Union du Maghreb Arabe). Toutes deux subissent  une paralysie partielle. Dans ces enceintes, on se réunit, on  discute, on projette, on ficelle des projets régionaux, on se félicite de quelques avancées significatives et on recommence. Ce n’est pas inutile de s’adonner à de tels exercices mais cela ne fera que retarder la réalisation  des objectifs visés. Qu’il s’agisse des problèmes du Sahara Occidental ou de ceux  du Moyen – Orient – Palestine, il y a une absence de volonté politique collective et globale non susceptible de faire traduire en actes l’objectif vital de l’intégration ; les divers calculs handicapent  un  mouvement, pourtant  irréversible!

  • Quelle sortie de cette inertie ? 

Certains avaient imaginé de former et de lancer un noyau euro ééditerranéen de démarrage et cité même le 5 + 5. d’autres avaient cru plus facile de s’orienter vers un espace restreint de libre échange – d’ailleurs embryonnaire bilatéralement- ou de création d’une « Unité Opérationnelle » retenant une série de Projets Régionaux réalisables en tranches géographiques volontaristes et  semblable à la démarche au niveau de l’U. M.A.

Ces différentes ouvertures ont toutes leurs inconvénients surtout que les Projets ne sont pas tous susceptibles de fractionnement.                                                                    

  • Quelle solution ?

J’ai eu l’occasion de faire un commentaire  suite à la  publication par  Medafrique  d’une interview de M.GUAINO pour insister sur le fait qu’une paix imposée à Israël et dont les orientations de principe sont  déjà acceptées  par les pays arabes,  est seule de nature à lancer dans leur globalité les Projets Régionaux de coopération stratégique Euro Méditerranéenne.
Dans l’intervalle, les réalités imposent la poursuite de la  réflexion et peut-être de redoubler d’efforts pour  favoriser  de minimes actions géographiquement restreintes pour que cette belle idée de l’U.p.M ne meure pas.

Pour tous ceux qui ambitionnent des comportements expansionnistes et hégémoniques  ou qui ne sont pas  prêts à rompre avec les réflexes dépassés de la prépondérance  pour s’intégrer dans un espace de paix, de coopération solidaire et de stabilité, ils ne seront pas loin de se trouver dans des situations de dérapage régional  grave, situations  qui ne pourraient encore que  nourrir la pauvreté, la haine et  déboucher sur des manifestations violentes de toute forme d’extrémisme. Aussi, la Communauté internationale - y compris  les Grandes Puissances-  a-t-elle l’obligation d’imposer d’abord  au Moyen- Orient - Palestine une paix juste et durable sur la base de la légalité internationale pour que tous les peuples de la région vivent dans la tolérance et en bons voisins et non en peuples en perpétuelle revendication territoriale !