News - 04.07.2013

En hommage à Kawther Latiri: le secteur agricole, état des lieux et défis

Ses collègues et amis ont tenu à rendre un hommage particulier à Kawther Latiri, agronome de renom qui vient de nous quitter. C’est ainsi qu’une cérémonie lui sera dédiée ce samedi 6 juillet au siège de l’INRAT à Tunis. Outre les mots de l’INRAT et de la famille, le programme prévoit une série d’évocations qui retracent l’itinéraire de la défunte, dans la recherche et l’action :

  • Premiers pas au CRGR, travaux de thèse de Docteur Ingénieur sur l'élaboration du rendement de la betterave : Akissa Bahri 
  • Travaux de recherche dans le cadre du projet : « les systèmes de production à dominante céréalière dans le semi aride (Zaghouan) Mohamed Elloumi, Alia Gana, Christine AUBRY et Thierry DORE (Témoignages)
  •  Le PhD en Angleterre : Natij BEN MECHLIA (en attente de confirmation)
  • La coordination du rapport régional CWANA/ IAASTD, Alia Gana, Rim Ben Zid, Jean Albergel
  • La mise sur pied du Laboratoire d'Agronomie dans le cadre de la restructuration de la recherche par le MERST : Haithem BAHRI, Thourya SOUISSI et Mohamed ANNABI.
  • Les  travaux  de recherche récents sur le blé dur : Jean Paul LHOMME
  • L’analyse du  comportement électoral en relation avec les conditions socio-économiques, à l’échelle des délégations : Taoufik Hermassi.
  • Participation  au groupe : PHARE (Forum Agriculture Ruralité dont elle était vice-présidente (Abdelkader Hamdane ou Ali Abaab)
  • Contribution

En contribution à cet hommage, Leaders publie ci-après la dernière note élaborée par Kawther Latiri sur l’agriculture tunisienne pour l’association Action et développement solidaire (ADS).

Hommage à Kawther Latiri
Samedi  6 juillet 2013 à 10h,
INRAT, rue  Hédi Karray, Centre Urbain Nord, Salle Ali Maamouri

Etat des lieux,  principaux problèmes et principales difficultés dans le secteur

• La Tunisie importe plus de 50% des calories consommées par la population. Durant les cinquante dernières années, la production agricole a augmenté mais les progrès sont inégaux selon les secteurs et les régions et restent inférieurs aux besoins de la population tant en calories qu’en valeur.
• Dans un contexte aux ressources naturelles limitées et fragiles, la production agricole est marquée par l’aléa climatique.Le changement climatique fragilisera encore plus le secteur.
• La pauvreté en milieu rural reste importante et est liée au morcellement ou/et à l’absence de terres agricoles, à l’isolement des régions, à la difficulté de la pluriactivité. De plus, elle conduit à l’exode et à la pauvreté urbaine
• La difficulté du contexte international, la volatilité des prixet la protection de certains marchés rendent la situation encore plus difficile.

La production agricole

Au cours des 50 dernières années, de fortes progressions ont été enregistrées pour certaines des cultures qui bénéficient de l’irrigation (cultures maraîchères et arboriculture fruitière) et également dans le secteur de l’élevage.

Pour les cultures pluviales, et en particulier les céréales, la progression est faible et irrégulière et reste fortement marquée par l’irrégularité de la pluviométrie.Le contexte climatique rend les progrès difficiles, mais des possibilités existent, en particulier les bonnes années. Pas de miracle mais une approche à l’échelle des régions avec de multiples petites améliorations et en réduisant les pertes à tous les niveaux. La gestion du risque climatique doit être au cœur des préoccupations.

Pour les cultures irriguées, des progrès importants ont été accomplis mais des améliorations sont encore possibles et des économies importantes sur les consommations en eau doivent, et peuvent être accomplies.Le choix des cultures et des espèces doit tenir compte du cout en eau (concept d’eau virtuelle).

L’élevage a également fait des progrès importants mais la faible intégration de l’agriculture et de l’élevage, l’importation d’une partie de l’alimentation fragilisent le secteur.

Même dans les zones favorables, les disparités entre agriculteurs sont grandes. Cela tend à prouver  que la contrainte climatique n’est pas seule en cause. Pour une amélioration du secteur, la diversité des exploitations, les potentialités qu'elles recèlent et les contraintes qu'elles subissent sont des facteurs à prendre en considération.

Dans un contexte de ressources naturelles limitées et avec les impacts potentiels du changement climatique, l’adaptation de la production agricole est une urgence et les productions de demain sont à inventer. L’innovation et les nouvelles politiques pour faire face et anticiper de nouveaux besoins des consommateurs doit

Les ressources naturelles

L’agriculture est le premier utilisateur des ressources eau et sol et également le premier pollueur. Des efforts importants doivent être accomplis pour une meilleure gestion des ressources naturelles (eau, sol biodiversité).
Les aspects qualitatifs de l’alimentation doivent également être considérés.Les résidus de pesticide et des multiples produits utilisés par l’agriculture et leurs impacts sur la santé humaine et l’environnement sont peu documentés. Des efforts doivent être effectués pour une utilisation intelligente. Une amélioration qualitative et une gestion durable de notre environnement sont une priorité.

La pauvreté en milieu rural

La pauvreté en milieu rural varie selon les régions. Plus importante dans les zones écologiquement défavorisées et fragiles, et dans les régions isolées, le contexte les fragilise encore plus et ne donne que peu ou pas d’opportunité d’assurer et/ou de diversifier leur revenu.

Rompre l’isolement, faire participer au processus de décision, assurer la pluriactivité et la diversification des sources de revenu sont parmi les moyens qui permettraient de réduire la pauvreté et l’exode rural.
Le contexte international, la volatilité des prix, quelle protection ?

Toute la région est importatrice de produits alimentaires et d’eau virtuelle. Réduire le déficit, réfléchir à des mécanismes de protection face aux fluctuations de prix et mettre en place des accords pour mieux acheter et mieux écouler la production sont parmi les éléments à considérer pour une réflexion sur ces aspects.

Nécessité d’une nouvelle approche

Ainsi il y a eu des progrès mais ils sont limités et il va falloir faire mieux avec moins d’eau, moins de terre et moins de biodiversité. Il faut également protéger les ressources naturelles et assurer un développement durableet équilibré du secteur agricole.

La gestion du risque climatique doit être appréhendée dans le cadre d’une approche intégrée et écologique prenant en compte non seulement les paramètres climatiques mais également les contraintes socio-économiques des agriculteurs et du monde rural.

Ainsi il s’agit de considérer non seulement la production agricole mais un ensemble de problèmes d’aménagement de l’espace, de gestion des ressources naturelles et de développement rural en général, qui sont loin d’être résolus.

Innovation et nouvelles politiques doivent être au cœur du débat.

Kawther Latiri
Juillet 2011
 

Tags : hommage