Opinions - 04.07.2013

Le message du pays des pharaons

Le peuple Egyptien vient de nous donner une leçon que notre peuple et nos politiciens et notre gagneraient à méditer

Loin de nous l’idée d'appeler à suivre, sans discernement, l’exemple égyptien et de faire courir le risque de plonger notre pays dans de graves soubresauts, voire des luttes fratricides dont on doit faire l’économie.

C’est  le bon sens, le sens de la responsabilité, le réalisme politique et surtout l’amour de notre pays qui pourront éviter à notre pays cette éventualité.

Notons qu’Ennahdha a émis un communiqué pour soutenir le Président Morsi alors que Nidaa Tounes, dont je ne fais pas partie, a soutenu le peuple égyptien. Deux positions diamétralement opposées.

Le réalisme politique a ainsi prévalu sur la conduite des affaires par les sentiments.

Le Président égyptien s’était adressé à ses concitoyens en se prévalant de la légitimité issue des urnes pour se maintenir au Pouvoir. Plus d’une cinquantaine de fois, il a évoqué cette légitimité refusant de reconnaître que le peuple qui a voté un jour pour lui conférer cette légitimité pouvait, au vu de sa gestion des affaires de l’Etat, la lui retirer en toute légitimité. Tous ceux qui invoquent, en Tunisie, cet argument tiré de la légitimité  électorale devraient réviser leur position en respectant davantage l’opposition et les avis contraires. Si les partis au Pouvoir ont un brin de réalisme politique, ils devraient tirer la leçon de l’expérience égyptienne. L’Egypte allait tout droit, sous Morsi et les frères musulmans, vers une débâcle touchant par ricochet les intérêts économiques de l’armée qui ne pouvait plus rester les bras croisés. Ses intérêts ont coïncidé avec ceux du peuple auquel la révolution n'a rien rapporté. Morsi a eu certes le courage de reconnaître ses nombreuses erreurs mais, mais il était trop tard. En outre, il avait commis la lourde erreur de gouverner sans associer l’opposition bien qu’il ait été élu à une faible majorité.

L’exemple de l’Egypte doit pousser les partis politiques qui nous gouvernent à prêter plus d'attention aux revendications d'une fraction importante du peuple:

-rédiger enfin une constitution sans aucune ambiguïté et à cet effet tenir compte de l’avis de nos experts qui ont travaillé sur la question, c’est là une priorité.

-veiller à ce que la Commission chargée de superviser les élections soit à l’abri de toute interférence politique et prendre en compte les avis de l’équipe de l’ISIE.

-promulguer rapidement une loi électorale en évitant  tout esprit partisan.


-commencer par réformer la justice en vue d’une plus grande indépendance et ce en tenant compte de l’avis de la profession sans chercher à y interférer.

-mettre en place une cour constitutionnelle indépendante avant les élections.

-assurer effectivement la liberté des médias et exiger d’eux qu’ils arrêtent leur propre code de déontologie.
Veiller à ce que l’activité des partis politiques soit à l’abri de toute violence d’où qu’elle vienne en appliquant strictement la loi.

-mettre en place un organe interdépartemental chargé de collecter les renseignements nécessaires à la sécurité du pays et dresser un plan d’action pour lutter notamment sur le terrorisme.

-enfin, et pour couronner le tout, constituer un Gouvernement d’union nationale sur la base d’un programme économique ambitieux réalisable sur plus d’une année et sauver le pays de la débâcle.

Bien que l’Egypte et la Tunisie aient leurs spécificités, je pense que ces deux pays ont aussi des points communs dont  la maturité de leurs peuples et leur volonté de vivre en Paix dans le respect, la justice et l’égalité.

Le peuple tunisien  a contraint l'ancien président à prendre la fuite. Il a manifesté pacifiquement sa douleur et sa désapprobation à la suite du décès de feu Chokri Belaid  sans qu’aucun parti politique ne l’ait mobilisé. Il pourrait se manifester une nouvelle fois.

Après la leçon égyptienne, nous attendons de nos députés de s’affranchir enfin de leurs attaches partisanes, de rédiger enfin une constitution acceptable par tous et de jouer leur rôle d’organe législatif fondateur provisoire car le message est on ne peut plus clair.

Que Dieu  préserve notre pays de tout soubresaut.

Mokhtar El Khlifi