News - 01.07.2013

Chronique d'une dangereuse dérive

La loi d'immunisation de la Révolution qui vient d'etre présentée pour discussion à l'Assemblée Nationale Constituante est, dans le meilleur des cas, une immense diversion qui va entraver la discussion du projet de constitution et retarder d'autant son adoption et dans le pire des cas, une instrumentalisation de la violence "légale" au service d'un projet partisan. Elle est d'une rare brutalité tout en n'assurant en aucun cas l'objectif prétendument poursuivi. Elle dresse la moitié du pays contre son autre moitié. Elle bafoue le principe de séparation des pouvoirs en donnant au pouvoir législatif des prérogatives du pouvoir judiciaire. Elle érige la violence, l'exclusion et l'ostracisme en principe de gouvernement. Elle sème les graines de la discorde et prépare à la guerre civile. Elle permet à une majorité provisoire au pouvoir d'éliminer ses adversaires politiques et de les écarter de la compétition et du jugement des urnes. Elle prépare en ce sens à l'avènement d'une deuxième dictature aussi brutale que celle qu'elle prétend combattre en adoptant ses mêmes méthodes, ses mêmes pratiques et son même autisme. Elle n'assure pour autant en rien le confort à ses instigateurs, car ce qu'une loi peut faire, une autre pourra tout aussi bien le défaire et ceux qu'une majorité a exclus, feront tout pour exclure à leur tour le moment propice. Voilà qui installerait la Tunisie dans une spirale inacceptable de haine et d'excommunication, à un moment où seuls le consensus, le dialogue et une vraie justice transitionnelle nous permettraient d'aller de l'avant et de répondre aux véritables exigences de la Révolution.

Pour toutes ces raisons, cette loi doit être rejetée par tous les patriotes qui œuvrent honnêtement pour l'approfondissement du processus démocratique.

Radhi Meddeb
 

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