News - 11.09.2009

50ème rapport de la Banque Centrale de Tunisie: vigilance et reprise

« L’ouverture de l’économie nationale sur son environnement requiert une vigilance constante quant aux actions à entreprendre face à l’évolution de la conjoncture économique et la mise à contribution des avantages comparatifs de la Tunisie, pour tirer le meilleur profit de la reprise de l’économie mondiale, écrit le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie,  M. Taoufik Baccar, en introduction du 50ème Rapport Annuel de la BCT, présenté vendredi au Président de la République. Le défi, poursuit-il, consiste alors à se préparer de manière adéquate à la phase de l’après crise, pour renouer, avec la célérité souhaitée avec un rythme d’activité économique, à la mesure des ambitions du pays en matière de croissance et d’emploi. »

Après avoir analysé la conjoncture internationale et les principaux constats que fait ressortir crise financière et économique mondiale, le gouverneur a rappelé les différentes mesures prises par la Tunisie et qui lui ont permis de bien résister aux aléas, consolidant ses fondamentaux.

« Ainsi, écrit le Gouverneur de la BC dans la lettre introductive, l’économie nationale a pu réaliser en 2008 un taux de croissance de 4,6%, grâce au dynamisme des services marchands, notamment dans les domaines des communications, du transport et du tourisme, alors que le secteur industriel a enregistré une certaine décélération de son rythme de croissance surtout au niveau des industries mécaniques et électriques, du textile et habillement et de l’énergie et des mines.»

« Parallèlement, ajoute-t-il notamment, et à la faveur de la poursuite du rythme des réformes, notamment aux plans de l’amélioration du climat des affaires, de l’encouragement de l’initiative privée et de la création d’entreprises, le volume de l’investissement a augmenté de 14,8% et son taux a atteint 24,9% du PIB. »

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Ci-après le texte intégral de la lettre introductive

Monsieur le Président de la République,

J’ai l’honneur de vous présenter le cinquantième rapport annuel de la Banque Centrale de Tunisie qui analyse les principales évolutions économiques et financières, aux plans international et national et présente les états financiers et les résultats de la Banque, enregistrés au cours de l’exercice 2008.

Monsieur le Président,

L’année 2008 a coïncidé avec la célébration du cinquantenaire de la Banque Centrale de Tunisie, événement marqué, notamment, par la création du musée de la monnaie et du Centre de recherches et d’études financières et monétaires et l’organisation d’un symposium international sur le thème « les banques centrales et les nouveaux défis » avec la participation des Gouverneurs des banques centrales de la plupart des pays arabes et méditerranéens.

La commémoration de ce cinquantenaire que vous avez bien voulu placer sous votre haut patronage, a offert l’opportunité de mesurer les acquis enregistrés au plan de la consécration de la souveraineté monétaire et financière de notre pays et de la consolidation des fondements de l’économie nationale.

Ces réalisations, qui se sont consolidées, depuis l’avènement du 7 novembre 1987, pour connaître une profonde mutation qualitative ne cessent de se renforcer dans le cadre de l’élan réformateur que vous avez impulsé et la politique de développement à portée globale dont vous avez ordonné l’adoption, ce qui a permis de moderniser l’économie nationale, de promouvoir le niveau de vie et de hisser la Tunisie au rang des pays émergents qui progressent à pas sûrs en vue de rejoindre le peloton des pays avancés.


Monsieur le Président,

L’année écoulée a été marquée au niveau international par l’aggravation de la crise financière et économique qui a secoué les fondements du système financier et bouleversé l’économie mondiale. En effet, à l’entame de l’été 2007, une crise financière sévère s’est déclenchée aux Etats-Unis d’Amérique en relation avec les crédits hypothécaires à haut risque « Subprime » entraînant la faillite de grandes institutions financières, notamment celles qui se sont fortement engagées dans le financement du secteur immobilier et qui ont recouru de façon excessive aux opérations de titrisation des créances.

Vers la fin de l’année 2008, la crise financière a pris une ampleur sans précédent, en se transmettant aux marchés financiers des autres pays développés, ainsi qu’aux pays émergents et ceux en développement, pour se transformer en une crise mondiale, dont les retombées ont touché tous les secteurs, ce qui a représenté une menace sérieuse au système économique et financier mondial et en a fait la crise la plus grave que le monde ai jamais connu depuis les années 30 du siècle dernier.

Cette crise a provoqué un assèchement de la liquidité, le blocage de l’activité de crédit, le relèvement des marges et le dysfonctionnement des marchés monétaires et financiers ; ce qui a ébranlé la confiance dans le système bancaire et financier mondial et failli déboucher sur une crise systémique globale.

De leur côté, les bourses mondiales ont vécu de fortes perturbations et un repli généralisé de leurs indicateurs entraînant la perte de plus du tiers de la capitalisation mondiale. Ces évolutions se sont répercutées sur les marchés des changes qui se sont caractérisés à leur tour par de fortes volatilités. Ainsi, le dollar américain a enregistré une hausse importante au cours de la seconde moitié de l’année 2008, après avoir connu une période de forte baisse durant laquelle il a franchi le seuil de 1,60 dollar pour un euro.

Face à cette situation, les autorités monétaires et les gouvernements, notamment dans les pays avancés, se sont empressés d’intervenir, individuellement ou de façon concertée, par des injections massives de liquidités dans le système financier, des réductions des taux d’intérêt, des rachats d’actifs à haut risque et l’extension du champ des garanties sur les dépôts et les prêts bancaires, ainsi que par une contribution massive dans la recapitalisation des banques. Ces mesures non conventionnelles ont constitué un précédent dans les politiques économiques libérales.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la décision commune, prise le 8 octobre 2008, par six grandes banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre, de réduire leur taux directeur de 50 points de base. L’assouplissement des politiques monétaires s’est poursuivi, ramenant les taux directeurs au terme de l’année 2008 à des niveaux jamais atteints auparavant pour se situer entre zéro et 0,25% aux Etats-Unis, 2,5% dans la zone euro et 0,10% au Japon. Cependant, ces mesures, malgré leur importance, n’ont pas été suffisantes pour rétablir le calme dans les marchés financiers et la confiance des investisseurs. Bien au contraire, la crise s’est accentuée, gagnant la sphère réelle et provoquant à partir du troisième trimestre de 2008 une récession des économies des pays industrialisés ; ce qui les a contraint à mettre en place de vastes programmes de relance économique afin d’épargner leurs systèmes financiers et de redynamiser l’économie.

Aussi, l’économie mondiale a-t-elle enregistré un net ralentissement en 2008, réalisant un taux de croissance qui n’a pas dépassé 3,2% contre 5,2% en 2007, le rythme du commerce international a baissé et les flux des investissements directs étrangers, se sont contractés d’une manière significative, leur volume global ayant régressé d’environ 15% par rapport à 2007.
La situation des finances publiques a de son côté connu une détérioration notable, en particulier dans les pays développés.

En effet, comparé à 2007, le déficit budgétaire a atteint 6,1% du PIB aux Etats-Unis d’Amérique, contre 2,9%, 1,8% dans la zone euro contre 0,7% et 5,6% au Japon contre 2,5%. Pour ce qui concerne l’inflation, l’année 2008 a enregistré deux phases contrastées. En effet, si durant la première moitié de l’année, les pressions inflationnistes se sont accrues à cause de la hausse des cours des produits de base, la seconde moitié de l’année a été marquée par une tendance baissière de l’inflation qui a généré des craintes réelles de voir l’économie mondiale entrer dans une période de déflation.

Face à ces évolutions et après avoir pris d’une manière générale une orientation restrictive pour faire face aux pressions inflationnistes, les politiques monétaires, dans la majorité des pays développés ont été marquées par une tendance expansionniste.

La récession de l’économie qui a frappé les pays avancés et le ralentissement enregistré dans les pays émergents et en développement se sont traduits, par ailleurs, par l’accentuation du chômage et la détérioration de la situation sociale dans le monde. En effet, le taux de chômage s’est élevé aux Etats-Unis à 5,8% de la population active contre 4,6%, une année auparavant et à 7,6% dans la zone euro contre 7,5%, combien même les retombées de la crise sur l’activité économique et l’emploi n’étaient alors qu’à leurs débuts.

La lecture des évolutions de la crise financière et économique mondiale fait ressortir un ensemble de constats.

Le premier constat est que la crise financière s’est déclenchée suite à une politique de crédits expansionniste qui n’a pris en considération ni l’étendue des risques, ni la solvabilité des emprunteurs, et que la propagation de ces risques à l’échelle mondiale s’est produite à travers des instruments financiers complexes, et la rupture quasitotale entre la sphère réelle et la sphère financière. Celle-ci ayant eu recours à une panoplie d’instruments non encadrés et sans lien direct avec les secteurs productifs.

Le deuxième constat renvoie aux limites du rôle des autorités nationales de régulation et des agences de notation en matière de supervision, d’encadrement et d’évaluation des produits financiers dérivés et des opérations de titrisation, outre la réalisation d’un nombre important d’opérations financières en dehors des marchés organisés et sans un minimum de transparence.

Le troisième constat a trait au fait que les risques inhérents aux transactions dans une place financière donnée, ne se limitent plus, de par la globalisation des marchés, à la sphère financière de cette même place, mais se propagent aux différentes places financières et à l’économie réelle; ce qui accentue les risques de crises systémiques et constitue une menace de déperdition de l’économie réelle dans son ensemble et des fruits de longues années de réformes structurelles coûteuses, surtout dans les pays émergents et en développement.

Les opérations de spéculation qui s’alimentent des bulles conjoncturelles des marchés financiers, véhiculent également d’énormes risques menaçant la stabilité des ces mêmes marchés.

Cette situation interpelle la Communauté internationale à mettre en oeuvre les décisions qu’elle a annoncées et qui tendent à consacrer un système de régulation et de contrôle efficace, doté des mécanismes réglementaires et opérationnels à même de garantir la transparence et la sécurité des marchés financiers et l’équilibre souhaité entre la libre circulation des capitaux et la création d’instruments financiers novateurs, d’un côté, et la préservation de l’activité économique contre les effets des dérapages financiers dangereux de l’autre.

Par ailleurs, et bien que la communauté internationale ait pris l’initiative de mettre en place des facilités financières afin de soutenir de nombreux pays émergents et en développement qui ont rencontré des difficultés suite au tarissement des liquidités et de consolider les ressources du Fonds monétaire international, pour lui permettre d’aider ces pays à relancer leur activité économique, nombre de pays, dont des pays avancés, ont eu recours à des mesures conservatoires, à caractère protectionniste, dans les domaines du commerce extérieur, de l’investissement direct étranger et de la politique de taux de change.

Monsieur le Président,

L’expérience acquise des marchés financiers depuis 1994 et le suivi rapproché de l’évolution de ces marchés, a permis à la Tunisie d’être l’un des premiers pays à prendre conscience de la gravité de la crise dès l’apparition de ses premiers signes.

C’est d’ailleurs dans ce contexte que s’inscrit votre initiative de créer au sein de la Banque Centrale de Tunisie dès la fin de 2007, une cellule de veille chargée de suivre l’évolution de la situation sur les marchés financiers internationaux et les impacts éventuels de la crise sur l’économie nationale, ce qui a permis d’en anticiper les évolutions et de proposer, à temps, les mesures qui s’imposent.

C’est également dans ce contexte que vous avez ordonné, suite à l’accentuation de la crise et sa propagation au secteur réel, la création d’une commission nationale regroupant les différentes parties concernées.

A cet effet, et suivant vos directives, trois séries de mesures ont été prises compte tenu de l’évolution de la conjoncture. La première série de mesures, arrêtée depuis le début de
2008, s’est assignée pour objectif d’assurer la sécurité des réserves en devises en s’orientant vers les instruments d’investissement les plus sûrs et de prémunir les systèmes bancaire et financier contre les effets de la crise, de garantir le fonctionnement normal du marché monétaire et de renoncer à la mobilisation de ressources sur le marché financier international, privilégiant le recours au marché domestique et mettant à profit les lignes de financement extérieures disponibles.

Avec l’aggravation de la crise et sa propagation à la sphère réelle, une deuxième série de mesures a été prise au terme de l’année 2008. Entrées en vigueur dès l’entame de 2009, ces mesures ont revêtu un caractère tant conjoncturel afin de soutenir les entreprises exportatrices qui seraient affectées par la contraction de la demande extérieure que structurel pour renforcer la compétitivité de l’économie nationale et améliorer le climat des affaires.
Face à la persistance de la crise et ses retombées sur certains secteurs exportateurs, une troisième série de mesures a été prise au cours de la première moitié de l’année 2009.

Elles ont concerné la prorogation des délais pour le bénéfice des décisions précédentes de soutien à l’entreprise exportatrice tout en y introduisant plus de souplesse et l’adoption de programmes supplémentaires pour impulser l’activité économique à travers le renforcement des projets publics dans les domaines de l’infrastructure et des équipements collectifs et l’appui aux programmes de l’emploi.

En appui aux mesures conjoncturelles mises en place par l’Etat et en vue d’accompagner les besoins de financement des entreprises pour les aider à faire face à la conjoncture internationale difficile, la Banque centrale a procédé, à la faveur de la détente des pressions inflationnistes au début de 2009, à la réduction de son taux directeur de 75 points de base et a introduit de nouvelles facilités en faveur des banques dans le but de dynamiser davantage le marché monétaire et d’assurer les conditions adéquates pour soutenir l’activité économique des entreprises et des particuliers.

Il apparaît ainsi que les mesures mises en oeuvre se sont caractérisées par leur complémentarité et l’interaction positive entre leurs composantes pour atténuer les effets de la crise et garantir un niveau minimum de croissance, en puisant dans tous ses leviers dans le cadre de l’approche réaliste qui a toujours imprégné la politique de développement en Tunisie.

Monsieur le Président,

En dépit de l’ampleur de cette crise, l’année 2008 a été marquée par la poursuite de l’activité économique sur le plan national à un rythme satisfaisant, tout en préservant les équilibres financiers.

Ces résultats ont pu être réalisés grâce à la conjugaison de deux facteurs essentiels ; le premier facteur est le suivi des mutations économiques et financières qui s’opèrent sur la scène internationale et l’aptitude à faire face à leurs effets éventuels sur l’économie du pays, en prenant, en temps opportun, les décisions qui s’imposent. Le second facteur a trait au processus de réformes globales et graduelles, visant le développement des secteurs de production, l’amélioration du climat des affaires et le renforcement de la compétitivité de l’économie nationale, tout en veillant à préserver les équilibres financiers.

Ainsi, l’économie nationale a pu réaliser en 2008 un taux de croissance de 4,6%, grâce au dynamisme des services marchands, notamment dans les domaines des communications, du transport et du tourisme, alors que le secteur industriel a enregistré une certaine décélération de son rythme de croissance surtout au niveau des industries mécaniques et électriques, du textile et habillement et de l’énergie et des mines.

Parallèlement et à la faveur de la poursuite du rythme des réformes, notamment aux plans de l’amélioration du climat des affaires, de l’encouragement de l’initiative privée et de la création d’entreprises, le volume de l’investissement a augmenté de 14,8% et son taux a atteint 24,9% du PIB.

Dans ce contexte, les conférences régionales sur l’investissement et le financement, qui constituent désormais un instrument important dans la stratégie d’impulsion de l’investissement, se sont poursuivies en 2008, permettant l’entrée en phase d’activité ou de réalisation de 353 projets pour un investissement global de plus de 380 MDT et un potentiel de création d’emplois d’environ 10 mille postes.

A travers ces conférences, le secteur bancaire a, encore une fois, renouvelé son adhésion au choix national d’impulser l’investissement dans les régions. L’extension, suite à votre initiative, du réseau d’agences de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME), le doublement de son capital ainsi que l’introduction de davantage d’harmonie entre ses interventions et celles de la SOTUGAR, permettront de donner un nouvel élan à l’investissement dans les régions. Dans le même sillage, l’effort se poursuivra pour consolider la capacité des banques à évaluer les projets, à exploiter l’ensemble des mécanismes de financement disponibles, notamment le leasing et le capital risque.

De son côté, l’investissement direct étranger a enregistré une progression importante, son volume s’étant accru d’environ 64% en 2008 pour atteindre 3.400 MDT. Cette évolution a concerné la plupart des secteurs, notamment l’énergie, les industries manufacturières et les services.

Au plan financier, l’année 2008 s’est distinguée par la poursuite de la maîtrise des équilibres intérieurs et extérieurs, en dépit des pressions dues à l’instabilité de la conjoncture internationale. Les efforts de consolidation de l’épargne nationale ont porté son volume à 11,7 milliards de dinars, soit 23,3% du RNDB, contribuant ainsi au financement adéquat de l’économie.

Pour ce qui concerne les paiements extérieurs, les échanges commerciaux ont connu une croissance soutenue, due en partie à la forte hausse des cours des produits de base et un élargissement du déficit commercial et partant, du déficit courant qui a atteint 4,2% du PIB, contre 2,6% en 2007. Ce déficit a néanmoins été judicieusement couvert par les flux importants des investissements directs étrangers.

La balance générale des paiements a dégagé un excédent important de 2.053 MDT, ce qui a permis de consolider les réserves en devises qui ont atteint 11.656 MDT contre 9.582 MDT au terme de l’année 2007. Parallèlement, les indicateurs de l’endettement extérieur se sont améliorés.

Au plan monétaire, le marché interbancaire a enregistré, au cours de l’année 2008, une forte activité en raison de l’abondance des liquidités, provenant essentiellement de la consolidation des avoirs en devises et de la croissance notable des concours à l’économie de l’ordre de 13,5%. La masse monétaire M3 a augmenté de 14,4%, au terme de l’année 2008.

Dans ce contexte et afin de maîtriser les pressions inflationnistes, la Banque centrale de Tunisie a relevé courant 2008 à deux reprises, les taux de la réserve obligatoire, tout en assurant un suivi plus rapproché de l’évolution du marché monétaire et en procédant aux interventions nécessaires pour réguler la liquidité ; ce qui a contribué graduellement à maîtriser l’inflation.

Parallèlement, les efforts se poursuivent pour développer les instruments de la politique monétaire et préparer les préalables techniques nécessaires au passage à l’étape de ciblage de l’inflation. En ce qui concerne les finances publiques, les ressources propres de l’Etat se sont accrues de 19,8% en 2008 contre 6,7% pour les dépenses ; ce qui a ramené le déficit budgétaire à 1,2% du PIB contre 2,9% en 2007, en dépit de la hausse importante des charges de la Caisse générale de compensation et des subventions des carburants. En effet, les réformes du système fiscal et la rationalisation des dépenses publiques ont permis d’améliorer sensiblement les indicateurs des finances publiques et, en particulier, de réduire le taux d’endettement à 47,5% du PIB contre 50% en 2007.

Ces résultats procurent une marge de manœuvre pouvant être mise à profit pour consolider l’intervention de l’Etat, renforcer les programmes de relance économique et accélérer le rythme de l’investissement public dans les grands projets, notamment dans les zones intérieures du pays, de manière à atténuer les effets de la crise financière mondiale et à freiner l’accentuation du chômage.

Monsieur le Président,

Le système bancaire a continué au cours de l’année 2008, grâce à la sollicitude dont vous l’avez constamment entouré à assurer son rôle moteur dans la promotion de l’investissement et de l’économie à la faveur de la consolidation de son activité et l’amélioration de ses indicateurs financiers et de la qualité de ses services.

Dans le domaine du financement, l’encours des concours à l’économie a atteint environ 32,6 milliards de dinars à la fin de 2008, enregistrant une hausse de 13,5%, en comparaison avec l’année 2007.

Egalement, les banques ont poursuivi leurs efforts visant à consolider leurs assises financières. Ainsi, leurs fonds propres se sont élevés à 3,9 milliards de dinars enregistrant une hausse de
12,6% pour porter l’indicateur de couverture des risques à 11,7%.

En ce qui concerne la qualité du portefeuille des crédits, les efforts des banques se sont renforcés dans le domaine de la maîtrise des risques, du traitement dynamique des créances classées et de la constitution des provisions nécessaires ; ce qui a permis de ramener la part des créances classées à 15,5% contre 17,6% en 2007 et de porter le ratio de couverture de ces créances par les provisions à 56,8%. Ces efforts se sont répercutés favorablement sur les résultats financiers des banques, dont le produit net a augmenté de 13,3% en 2008, relevant ainsi la rentabilité de leurs fonds propres à 11,2%.

Monsieur le Président,

La crise financière mondiale a conforté la Tunisie dans la justesse de ses choix et la pertinence de ses politiques financières qui ont permis de préserver la bonne tenue et la sécurité du système bancaire, resté à l’abri des effets de la crise.

En effet, contrairement aux dysfonctionnements observés sur les marchés monétaires des pays industrialisés et qui traduisent l’ébranlement de la confiance entre les institutions financières, le marché monétaire national a maintenu un niveau d’activité soutenu et les banques ont continué à financer l’économie à un rythme supérieur à celui enregistré durant la dernière décennie.
Ainsi, le marché financier tunisien a continué à bénéficier de la confiance des intervenants et des investisseurs grâce à la solidité de ses assises et la conjugaison des efforts qui ont permis d’éviter les graves perturbations que la plupart des marchés financiers ont connues et de bien gérer la sortie de quelques fonds étrangers en quête de liquidité suite à l’accentuation de la crise, pour clôturer l’année sur des résultats satisfaisants dans l’ensemble.

Par ailleurs, et dans le cadre des initiatives internationales visant à renforcer les fondements et les mécanismes de contrôle des institutions et des instruments financiers et à créer des structures en charge de la coordination et de la supervision de toutes les composantes du secteur financier et des domaines connexes, tels le rating, la comptabilité et l’audit, il est devenu indispensable d’envisager la mise en place d’un dispositif garantissant la stabilité financière et sa pérennité tout en accordant l’intérêt qu’il faut à la dimension globale du contrôle et du suivi, de manière à déterminer les canaux de transmission entre la sphère financière et la sphère réelle, à asseoir des indicateurs avancés permettant d’anticiper les fluctuations économiques et à mettre en place les mécanismes idoines de prévention.

 C’est dans le cadre de ces orientations, dont la pertinence a été reconnue à l’échelle mondiale, que s’inscrit la création du Centre de recherches et d’études financières et monétaires, institution que vous avez voulue ouverte aux compétences nationales et spécialisée dans les questions en rapport avec la stabilité financière et monétaire.

Les choix pertinents de notre pays ont également permis de poursuivre le processus de réformes avec sérénité et détermination, sans avoir eu à recourir aux diverses mesures protectionnistes derrière lesquelles se sont retranchées nombre d’économies et même de persévérer sur la voie de la libéralisation économique et financière externe et offrir à la place financière tunisienne les préalables à même de la hisser au rang des places de dimension régionale.

C’est dans le cadre de cette orientation que s’inscrit votre décision de mettre en place un dispositif complet de prestation des services financiers offshore permettant d’attirer les institutions financières de renommée mondiale, grâce au cadre qu’offre ce dispositif qui répond aux exigences des meilleures pratiques des places financières internationales, aux garanties dont bénéficient les investisseurs et au renom de la place de Tunis.

Monsieur le Président,


Sous la pression de la crise financière mondiale, la plupart des grands pays industrialisés ont dû adopter des programmes coûteux pour sauver les secteurs financiers et relancer l’activité économique ; ce qui a entamé largement leur marge de manoeuvre au plan monétaire et des finances publiques induisant ainsi d’importants déséquilibres qui pourraient avoir des effets néfastes à l’avenir.

Par ailleurs, la baisse des cours des produits de base, sous l’effet du repli de la demande mondiale ne doit pas occulter la tendance à la hausse de ces cours, à moyen et long termes et partant, la possibilité de recrudescence des pressions inflationnistes. De telles perspectives devraient donc être prises en considération, compte tenu des risques de répliques qu’elles véhiculent sur l’économie mondiale et les marchés financiers internationaux dans les années à venir.

Dans ce contexte, il sied de veiller à la bonne mise en oeuvre des mesures conjoncturelles et structurelles que vous avez ordonnées pour aider l’entreprise et consolider l’activité économique et de les appuyer, si nécessaire, par des mesures supplémentaires, tout en demeurant vigilant et attentif, aux évolutions de la conjoncture économique internationale et en assurant l’exploitation optimale des différentes sources de croissance, de manière à consolider la résilience de l’économie face aux crises et aux chocs externes.

A cet effet, le dialogue national sur l’amélioration de la productivité que vous avez ordonné, permettra sans nul doute d’enrichir les programmes et les plans d’actions en vue de préparer la période de l’après crise, renforcer la solidité de l’économie nationale et consolider le processus de développement dans notre pays. L’ouverture de l’économie nationale sur son environnement requiert une vigilance constante quant aux actions à entreprendre face à l’évolution de la conjoncture économique et la mise à contribution des avantages comparatifs de la Tunisie, pour tirer le meilleur profit de la reprise de l’économie mondiale. Le défi consiste alors à se préparer de manière adéquate à la phase de l’après crise, pour renouer, avec la célérité souhaitée avec un rythme d’activité économique, à la mesure des ambitions du pays en matière de croissance et d’emploi.


Le Gouverneur
Taoufik BACCAR