News - 05.04.2013

Caid Essebsi sur Ettounissia : «Prenez-garde à la Fitna»

Bien que la commission de législation générale de l’Assemblée nationale constituante ait  adopté le projet de loi portant immunisation de la révolution et s’apprête à le transmettre à la présidence de l’Assemblée,  M. Béji Caïd Essebsi espère toujours que « le texte ne passera pas» et que «la raison finira par l’emporter». Il l’a répété jeudi soir sur Ettounissia, lors de l’émission « Attassi’a Massa’an » dont il était l’unique invité. La mise bien soignée comme à son habitude, le président de Nidaa Tounès a crevé l’écran, alternant avec bonheur  l’humour (souvent caustique) et le sérieux (comme le lui avait appris Bourguiba «pour ne pas ennuyer les gens», précisa t-il).». Et ce n'est pas un hasard si l’émission a enregistré  un taux d’audience record  avec  47%  et un pic de 67%  vers  22H 30, laissant des miettes aux autres chaînes. Extraits :

• Projet de loi sur l’immunisation de la révolution: c’est de la loi de la discorde (fitna). C’est une punition collective. Trois pays y ont eu recours : l’Allemagne nazie (contre les juifs), l’Afrique du Sud (contre les noirs) et Israël (contre les Palestiniens). C’est l’affaire de la justice transitionnelle. Les politiques ne doivent pas s’en mêler. J’ai bon espoir que le projet ne passera pas. Ce ne sera pas une bonne chose pour le pays. Car, en ce qui nous concerne, seuls 24 cadres de Nida Tounès, y compris moi-même, serons touchés par cette loi.

Son opinion sur Ennahdha et Ghannouchi: Ce mouvement fait partie du paysage politique. Nous n’avons nullement l’intention, ni les moyens de l’en exclure. Mon but en créant Nida est  d'abord d’équilibrer la scène politique. Car la menace la plus grave qui pèse sur la démocratie tunisienne, c’est l’hégémonisme d’un parti. Ennahdha, en devenant le parti dominant, ne fait que reproduire l’ancien système. Car cela engendre inévitablement le parti unique puis la dictature. Aucun parti ne doit gouverner seul. C'est le meilleur antidote contre les tentations totalitaires. Ensuite, il s'agit de défendre le mode de vie tunisien, l'islam tunisien celui de la Zitouna, l'islam des lumières et non celui des ténèbres, L'Etat civil.  Il faut aimer la Tunisie, son drapeau rouge et blanc.  Pourquoi n'a-t-on pas fêté comme il le fallait l'indépendance du pays ? Parce qu'on a d'autres allégeances. Quant à Rached Ghannouchi, j'ai entretenu avec lui des rapports cordiaux avant les élections et il m'était arrivé de tomber d'accord avec lui sur bien des points au cours de nos rencontres. Quant à une éventuelle alliance, c'est encore prématuré de l'envisager. On verra après les élections. En tout cas, si alliance il y a, elle se fera sur la base d'une plate-forme commune.

• Sur Bourguiba: qu'on se le dise une fois pour toutes. Il n'était pas un démocrate. Mais on lui doit des acquis extraordinaires. La création d'un Etat moderne. Le Code du Statut Personnel, l'unification de la justice, la généralisation de l'enseignement, la couverture sociale, l'éradication des épidémies, la modernisation de l'agriculture. C'était un génie.

Son avis sur les guignols: j'en raffolle. Mais je trouve que ma marionnette ne me rassemble pas sur un point : elle est mal habillée. Si vous ne voyez pas d'inconvénient, je me porte volontaire pour y remédier.

• Son âge avancé: «l’âge est plus un état d’esprit  qu’un état civil»



 

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