Le ministre allemand des Affaires étrangères à Leaders : "Tunisie : vous êtes sur la bonne voie. Tenez-bon !"
Le ministre fédéral allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle effectue ce mardi une visite de travail en Tunisie d’une journée au cours de la quelle il s’entretiendra avec les trois présidents, de la République, du Gouvernement et de l’Assemblée nationale constituante, ainsi qu'avec son nouveau homologue, le ministre des Affaires étrangères. Il rencontrera également des chefs de parti de l’opposition. Avant de quitter Berlin à destination de Tunis, il a accepté de répondre aux questions de Leaders. Le ministre allemand adresse un message clair à la Tunisie : « malgré toutes les difficultés, vous êtes sur la bonne voie. Tenez-bon ! ».
Tout en rappelant qu’« il ne faut jamais perdre de vue les raisons pour lesquelles la révolution fût faite», il déclare : « On comprend alors qu'un retour en arrière n’est pas une option ». Pour lui, «la priorité des priorités est la finalisation de la Constitution et l’organisation d’élections libres et équitables ». Au sujet de la situation sécuritaire en Tunisie, il estime qu’ «un État de droit n’est pas un État faible. D’où l’importance de ré-asseoir le monopole de la force de l'Etat. Quant à la coopération bilatérale, le ministre indique qu’«avec la conversion d’une partie de la dette tunisienne et une enveloppe de 112 millions d’euros pour la réalisation du Plan solaire tunisien, le montant global de l’aide allemande à la Tunisie en 2012 s’élève à 267 millions d’euros ». Interview.
C'est la première visite officielle d'un membre du gouvernement allemand depuis l'élection du nouveau gouvernement tunisien. Quelle est la signification de cette visite?
Avec cette visite qui n’intervient que quelques jours après l'entrée en fonction du nouveau gouvernement, je tiens à réitérer le soutien de l’Allemagne pour la nouvelle Tunisie démocratique. Nous savons que l’étape actuelle du processus de transition est difficile. Mais notre message en tant qu’ami est clair : malgré toutes les difficultés, vous êtes sur la bonne voie. Tenez-bon !
Votre optimisme peut surprendre ceux qui suivent de près le climat politique marqué par une certaine morosité…
Avec la Révolution, le peuple tunisien a commencé un voyage vers la démocratie, vers plus de dignité et de liberté. Comme tous les voyages, celui-ci aura forcément ses moments difficiles, il y aura des obstacles à surmonter, et peut-être même des moments où il faudra faire une pause de réflexion pour mieux avancer ensuite. Mais, il ne faut jamais perdre de vue les raisons pour lesquelles la révolution fût faite. On comprend alors qu'un retour en arrière n’est clairement pas une option.
Y a-t-il un message particulier sur lequel vous allez insister auprès de vos interlocuteurs?
J’aimerais conforter mes interlocuteurs dans leurs convictions que la priorité des priorités aujourd’hui est la finalisation de la Constitution et l’organisation d’élections libres et équitables dans un climat politique serein, ce qui veut dire aussi, un meilleur environnement sécuritaire.
J’ai été réconforté par le fait que, dans la présentation de son programme d’action gouvernementale, le nouveau chef du gouvernement, M. Larayedh, a justement mis l’accent sur ces points.
Et pourtant, le calendrier politique discuté au sein de l’ANC est très ambitieux…
Ambitieux certes, mais faisable. A condition que les deux, Troïka et opposition, abordent ces échéances dans un esprit constructif. Je suis convaincu qu'en retardant un peu le début de la campagne électorale, la Tunisie en sortira gagnante.
Vu l'enjeu, ranimer un esprit d’unité pour franchir les dernières étapes de la phase transitoire est essentiel.
Comment percevez-vous la situation sécuritaire en Tunisie aujourd’hui?
Dans beaucoup de pays qui ont vécu une révolution, la période de transformation démocratique qui suit est marquée par des problèmes de sécurité car certains abusent des nouvelles libertés acquises. Il faut donc être vigilant. En Tunisie, il est dans l’intérêt de tous les citoyens que les forces de l'ordre ainsi que la justice posent des limites très claires à toutes les formes d’extrémisme. Personne ne veut que des citoyens soient poursuivis du fait de leurs croyances, mais quand quelqu’un transgresse la loi, quand une organisation vise à détruire les fondements même d’une démocratie, la réponse de l’État doit être sans ambiguïté et immédiate. Un État de droit n’est pas un État faible. D’où l’importance de ré-asseoir le monopole de la force de l'Etat.
En terme de coopération bilatérale, quels sont les nouveaux projets envisagés?
L’Allemagne a considérablement élargi sa coopération avec la Tunisie après la Révolution. Nous avons augmenté notre coopération bilatérale à presque 100 millions d'euros, notamment dans les domaines de l’environnement et de la formation professionnelle. A cela s’ajoutent environ 25 millions d’euros dans le cadre du partenariat qui prévoit une centaine de projets dans les secteurs de l’économie et de l’emploi, de la démocratie et de la société civile, de la culture et des médias. Avec la conversion d’une partie de la dette tunisienne et une enveloppe de 112 millions d’euros pour la réalisation du Plan solaire tunisien, le montant global de l’aide allemande à la Tunisie en 2012 s’élève à 267 millions d’euros.