News - 15.02.2013

Quand Cheikh Mourou réclame la tête de Ghannouchi

Faut-il croire Abdelfattah Mourou lorsqu’il réclame dans une interview à la revue française, Marianne, « la convocation d’un congrès extraordinaire d’Ennahdha pour en changer la direction qui mène le parti et la Tunisie au désastre » ? Quel crédit lui accorder quand il dénonce Habib Ellouz « qui, pendant la manifestation devant l’ambassade de France, criait que les laïcs tunisiens devaient dégager », ou lorsqu'il revendique la paternité de l’initiative attribuée à Hamadi Jebali, le gouvernement de technocrates. « C’est moi qui en ai soufflé l'idée à Jebali ! D’ailleurs il m’a pris dans son comité des sages».

Sur sa lancée, Mourou appelle «Rached Ghannouchi à se retirer pour que d’autres puissent instaurer la paix sociale en Tunisie. Nous avons besoin de dix années de paix pour faire de notre petit pays un nouveau Singapour. Rien ne nous manquera pourvu que nous ayons la liberté entre nos mains. On n’a pas fait la révolution pour donner les clés du pays aux salafistes et aux ultras de la gauche ». Le lecteur n’est pas au bout de ses surprises :  notre cheikh estime que :« la place d’Ennahda est dans l’opposition et elle y restera pendant 20 ans. C’est ce que je prédis, moi son fondateur et son vice-président. Le peuple tunisien ne veut plus d’Ennahda. Il faut que le temps passe et qu’on oublie ses fautes. Il faut qu’une nouvelle génération apprenne à concilier l’islamité et la modernité. Parce que le problème de la Tunisie ne se situe pas entre les islamistes et les laïques. La clé, c’est la modernité. Sommes-nous capables d’une alliance entre l’islam et la démocratie ? Beaucoup de gens viennent me voir pour travailler là-dessus. Ennahda doit apprendre ». Que n'aurait-on pas dit si Béji Caïd Essebsi ou Hamma Hammami avait tenu de tels propos. 

On a beau être un habitué des déclarations qui détonnent par rapport aux  positions du parti, il y a des lignes rouges (et l'appel au départ de Ghannouchi en est une) qu'un Mouvement où on ne badine pas avec la discipline ne peut pas tolérer, même s'il s'agit  du fondateur d'Ennahdha. A moins que ces propos n'entrent dans le cadre du double langage pratiqué par ce parti.

PS: tancé par la direction du Mouvement, Mourou a dû se dédire : "mes propos ont été sortis de leur contexte". Nul ne peut avoir raison contre le parti. Jebali en sait quelque chose.




 

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