News - 26.01.2013

Toujours pas de remaniement: les raisons d'un échec

Depuis des mois, les Tunisiens vivent dans l’attente du remaniement, estimant à tort ou à raison qu’il pouvait contribuer à sortir la troika de son isolement, en s’ouvrant sur les autres partis et sur les différentes composantes de la société civile et partant décrisper la vie politique. Ils devront prendre leur mal en patience.

A vrai dire, l’intervention du chef du Gouvernement est venue confirmer les rumeurs qui ont circulé ces derniers temps d’abord à propos des tiraillements entre Ennahdha  et ses deux partenaires, notamment Ettakatol, en position de blocage, ensuite s’agissant des négociations difficiles avec les partis d’opposition, surtout Al Joumhouri et accessoirement, l’Alliiance démocratique.

Rached Ghannouchi s’y est même investi personnellement en proposant  le portefeuille des affaires étrangères à Ahmed Najib Chabbi et celui de l’éducation à Mohamed Hamdi. En vain. Le remaniement s’est révélé plus difficile que prévu. Seuls Mohamed Goumani, à titre personnel, et Moez Kammoun  du parti  El Amen du parti ont accepté d’entrer au gouvernement.

En intervenant samedi, Hamadi Jebali ne pouvait que présenter un constat d’échec, se trouvant devant une situation de blocage : les dissensions au sein de la troika à propos des  ministères  régaliens dont les deux partenaires d’Ennahdha demandent la neutralisation et l’impossibilité d’une ouverture.  Il n’était  donc pas possible de présenter la nouvelle formation, par contre, il a promis de la proposer très prochainement à l’Assemblée nationale constituante qui est la plus haute institution  légitime du pays, bien qu'il ne désespère pas d'ici là de parvenir à un accord avec ses partenaires.On peut regretter qu'il se soit contenté d'un état des lieux, tout en faisant l'impasse sur les causes profondes du blocage qu'il déplore.

Le chef du gouvernement a insisté sur la nécessité d’organiser les élections dans les plus brefs délais, appelant l'ANC à accélérer la rédacaction de la constitution. Il a avancé le mois de septembre pour la première fois alors qu’il était question de juin, « car les investisseurs se trouvent dans une position d’attente ». Il s’est situé au dessus des partis en se  présentant comme un homme de consensus. Il a aussi reconnu à demi mot qu’il pouvait être parfois en désaccord avec son parti. C'est la rançon de la démocratie interne au sein du mouvement. Les affaires de l’Etat sont gérées au sein du gouvernement et non ailleurs. C’est le message qu’a voulu donné Jébali, à cet égard, en réponse à ceux qui parlent d'un exécutif à deux têtes, l'un à la Kasbah, l'autre à Montplaisir. Il a renouvelé l'engagement du gouvernement à assurer la sécurité de tous les citoyens, mis l’accent sur la neutralité de l’administration et  insisté sur l’importance de la lutte contre les malversations, le développement régional, l’emploi, tout en œuvrant à l’amélioration du pouvoir d’achat.

 Une source proche d’Ettakattol a qualifié le discours d'"intéressant". "Le positif, poursuit cette même source, c'est que le pouvoir reste dans les institutions de l'Etat et non les partis, puisque c'est à l'ANC que reviendra Jebali, s'en remettant à la plus haute instance de l'Etat. Maintenant, il va faire attention à ce qu'il n'y ait pas de tentative d'un passage en force" .

On a surtout retenu l'insistance de Jebali sur les prérogatives du gouvernement et les précisions qu’il a fournies sur ses relations avec son parti.

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