Ali Zenaïdi : Un artiste peintre racé
Les amateurs d’arts plastiques viennent de communier, plus d’un mois durant, avec l’œuvre et le parcours de l’artiste-peintre Ali Zenaïdi. Le Musée de la Ville de Tunis, magnifique palais de Kheireddine Pacha, lui a consacré une rétrospective couvrant la période 1975-2012, sous le signe «Hommage à la Tunisie». Près de 150 œuvres de l’artiste ont meublé cette rétrospective organisée sous le patronage du ministère de la Culture, avec le concours de la municipalité de Tunis.
Une quarantaine d’œuvres nouvelles peintes au cours des deux dernières années en font partie, de même que 31 toiles faisant partie de la collection de l’Etat et mises à disposition par la direction des arts plastiques du ministère de la Culture, le temps de l’exposition. Dans une nouvelle démarche, il présente notamment des dessins rehaussés de pastel, des pastels à l’huile, des dessins sur carton, des techniques mixtes, de l’acrylique et du collage de papier sur les toiles.
Né en 1950 dans la Médina de Tunis où il a grandi, Ali Zenaïdi y a découvert son environnement de prédilection et aimé son ambiance caractéristique : ses lumières, ses couleurs, ses murs, ses places, ses souks, ses ruelles, son brouhaha, les visages de ses habitants et visiteurs. Il s’est nourri de sa richesse, de sa mémoire, mais aussi de ses valeurs : humilité, amour du travail, amitié, tolérance, respect de l’autre…
Sous le signe du Tanit
A travers sa retrospective, Ali Zenaïdi se proposait de présenter au public les principales étapes de ses créations picturales depuis cette année 1975 où il avait quitté l’Ecole des beaux-arts et jusqu’à nos jours, en 2012. Il y fait étalage de ses préoccupations plastiques abstraites portant sur la structure, l’ombre et la lumière, la composition et la matière. Sur sa palette, ce sont les tons bleus et les ocres qui reviennent le plus souvent. Mais il recourt tout aussi volontiers aux couleurs chaudes et froides pour tatouer son travail.
L’artiste puise souvent dans le répertoire graphique du patrimoine arabo-berbère perceptible à travers les signes, tels que les tatouages et les tissages, ainsi que dans les symboles patrimoniaux comme le Tanit, le poisson ou la khomsa, l’incontournable main de Fatma. Il immortalise des scènes de plage, ainsi que des postures émouvantes, parfois envoûtantes, de femmes. Des scènes équestres et de la vie quotidienne font également partie de ses pôles d’intérêt esthétiques et intellectuels.
Le peintre fait montre dans ses toiles d’une très grande maîtrise non seulement technique mais aussi des techniques, y compris une grande maîtrise de l’art du collage érigé en forme d’expression à part entière. Expression du beau s’entend. Y compris quand le collage entre dans la composition et l’harmonie des fresques. Son œuvre révèle aussi la maîtrise de l’espace, dans sa peinture tantôt narrative, tantôt figurative, tantôt abstraite.
A.A.