News - 26.05.2009

Pourquoi a t-on licencié le Tunisien Ridha Ben Salha, après 37 ans à Roland Garros?

Pourquoi a t-on licencié le Tunisien Ridha Ben Salha, après 37 ans à Roland Garros?

Grand émoi du côté de la Porte d'Auteuil alors que Roland Garros commence à peine. On vient d'apprendre que le Tunisien Ridha Bensalha, directeur des ramasseurs de balles depuis 1972, a officiellement été licencié le 12 mai  pour “faute grave". Depuis, une pétition de soutien circule sur le Net.

Mais justement, que signifie exactement “faute grave” ? Contactée par la rédaction du site lesdessousdusport.fr, la FFT n’a pas souhaité répondre à la question. Seule certitude, Ridha Bensalha était connu, et reconnu, pour être un homme exigeant avec les jeunes “ballos”. Un caractère autoritaire qui aurait peut-être choqué certains parents.

En tout cas, sur le web, la défense s’organise. Une pétition a vu le jour à l’initiative de Valérie Bellières, maman d’un jeune ramasseur de balle présent Porte d’Auteuil l’année dernière. “M. Ridha Bensalha Ridha, responsable des ramasseurs de balles de Roland Garros depuis 37 ans, est aujourd’hui licencié pour faute grave sans aucune indemnité, par la Fédération française de tennis, suite à des accusations sans fondement concernant son attitude envers des jeunes“, explique la mère de famille.

“Il s’avère qu’il s’agit de malveillance venant de son propre entourage professionnel, visant à l’éliminer de son poste à la FFT. Que ceux qui ont eu la chance de le connaître, l’aident à rétablir la vérité en témoignant. Il est juste regrettable que M. Jean Gachassin, Président de la FFT, soit resté silencieux sur cette affaire, malgré les courriers, les mails, les signatures et tous les soutiens exprimés au travers de cette pétition“.

Une pétition qui regroupe aujourd’hui 287 signatures. Parmi elles, celles d’anciens ramasseurs qui ont gardé un bon souvenir de Ridha Bensalha. “Je soutiens Ridha pour nous avoir permis de réaliser notre rêve”, insiste Margaux, “ballos” 2008. “Accuser une personne sans fondement est une injustice. Ridha est quelqu’un de franc, et qui fait avancer les choses, la preuve, les meilleurs ramasseurs sont ceux de Roland Garros”.

Même son de cloche pour Caroline. “Ridha est un homme de qualité, dont l’engagement total envers les ramasseurs n’est pas à remettre en question. Certes, son style “direct” et son franc-parler ne sont pas du goût de tout le monde. Mais son licenciement est injustifié et inadmissible. Il en va de la carrière d’un homme engagé et du travail de toute une vie“. En attendant d’en savoir davantage sur cette affaire, c’est son adjoint, David Portier, qui sera en charge du service “ramasseurs de balles“.

Ridha Bensalha travaille pour la FFT depuis 1972, date à laquelle il crée le service ramasseurs de balles. Il a testé, sélectionné et formé des dizaines de milliers de « ballos » qui s'époumonnent à récolter les balles perdues par leurs idôles.

Alors, lorsqu'il reçoit, le 7 mai dernier, une lettre de convocation en guise de cadeau d'anniversaire (il fêtait ses 59 ans), il ne comprend pas. Joint par téléphone, il s'indigne : «C'est dégueulasse, malsain, inhumain. Je n'accepte pas que ce soit fait de cette façon-là».  Il met en cause la nouvelle équipe de la FFT, présidée par Jean Gachassin, en poste depuis février: «J'avais tout le soutien de Christian Bîmes [président de la fédération de 1993 à 2009]. Là, ils m'accusent de “harcèlement moral”. Je ne peux rien dire avant leur réponse, mais je suppose qu'il veulent me virer pour prendre un jeune. Ils ont trouvé n'importe quel prétexte».

"La fédération n'a pas à prendre de risq
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Côté FFT, une responsable de la communication indique que la décision s'est faite après qu'elle a reçu de « lettres et des mails de parents qui se plaignent » : «En plus d'une tendance à l'abus d'autorité, Ridha Bensalha a fait preuve de comportements inappropriés, d'attitudes équivoques. La fédération n'a pas à prendre de risque. C'est sa responsabilité».

En tout cas, son avocat a envoyé un courrier  à la Fédération lui donnant jusqu'à la fin de la semaine pour négocier. Faute de quoi, l'échange se poursuivra devant les prud'hommes.

« Les motifs invoqués sont aberrants. Ce qu'on lui reproche vraiment, c'est son franc-parler, et de sortir de son rôle de recruteur. Lui conçoit son travail comme celui d'un éducateur, c'est pour ça qu'il est proche des gamins. Mais quand on travaille avec les enfants, il y a toujours un risque de suspicion. », a t-il confié à un de ses amis.