News - 22.12.2008

L'ATL s'en va-t-en guerre

En 1991, deux médecins de renom, qui ne sont autres que les drs Kammoun et Zahaf, ont pris l’initiative de mettre sur pied la première association de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles. Cette association s’appellera ATL MST SIDA, abréviation d’Association Tunisienne de la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le Sida. Depuis, l’association se démène pour sensibiliser, informer et apporter son aide aux personnes vivant avec le VIH.

Tout au long de ces 17 années de lutte, l’ATL MST SIDA a été sur tous les fronts essayant de comprendre et d’agir sur ce phénomène dévastateur qu’est le Sida. Et c’est dans cette optique que des campagnes de sensibilisation, de prévention et de soutien ont été mises en place et que des études régulières sont menées afin de cerner les besoins et attentes de la population tunisienne en matière d’information et de soutien.
 
Mais l’ATL peut également compter sur d’autres partenaires tels que le ministère des affaires sociales surtout dans le domaine du soutien psychosocial apporté aux personnes vivant avec le VIH (PV VIH). Et depuis septembre dernier, les cibles du travail de l’ATL ont évolué. Passant de la population générale et les jeunes, elle a atterri dans la cour des drogues injectables (1er mode d’infection chez les hommes), des  homophiles (HSH), des séropositifs et des travailleurs du sexe.
 
Cette catégorie, renferme plusieurs volets. Le 1er s’inscrit dans le domaine de la recherche, des recherches non pas scientifiques, vu le manque de moyens mais sociales et des des enquêtes. Celles ci  portent essentiellement sur l’analyse des besoins sociaux des PV VIH, l’observation des PV VIH par rapport à la trithérapie, et l’observation et analyse du comportement des 15/24 ans non scolarisés afin d’évaluer leurs connaissances en matière d’MST. Il faut savoir que cette tranche de la société n’avait jamais été ciblée auparavant. Il est donc clair que cette association s’est totalement investie dans ce combat contre « le mal du siècle ».
                                                                                                        Oeuvre de Aida Kechaou Khrouf
Le 2ème volet est une stratégie basée sur les medias alternant affichages urbains, présence à la radio, à la télévision et sur internet. Cette campagne vise à pousser la population à la réflexion sur le VIH, dans l’attente d’un dialogue ouvert, sans tabou ni autocensure.
 
Les affiches placardées sur un grand nombre de rues et d’avenues ont remporté un franc succès auprès de la jeunesse tunisienne. Un message clair « Moi aussi je suis concerné » y est arboré, appuyé par la présence d’une icône de la télévision et de l’art en général par affiche.
 
Les clichés, magnifiques, de Sammy Snoussi, ont donc eu un impact positif sur le public tunisien. Malheureusement une contrainte de poids viendra ralentir l’ATL dans son élan.
 
En effet, une autre association a jugé utile de lancer une campagne de sensibilisation à la date du 1er Décembre. Non seulement le message de l’ATL a été parasité car les deux campagnes étaient très différentes alors que le Tunisien était habitué à un seul et unique acteur dans ce domaine, mais en plus l’affiche faite par l’association en question, le Rotary, avait une signification autre que celle espérée, car elle diabolisait le fameux ruban rouge, pourtant, le symbole de la solidarité, de la lutte contre le SIDA, sans parler des messages censés être véhiculés par les affiches et que l’on ne pouvait pratiquement pas percevoir.
 
D’un autre côté, l’ouverture sur les médias s’est révélée être un tremplin pour l’ATL MST SIDA. En utilisant Internet et plus précisément le site « FACEBOOK », l’ATL se rapproche des gens et il lui est  loisible d’évaluer le résultat de ses actions répétées (le groupe compte 6500 membres). Les interventions  sur Radio-Jeune, Mosaïque FM ou encore Radio Tounes Bledi sont des vecteurs d’information qui aident l’ATL dans son travail et dans son combat. Mais les médias, toujours en quête de scoops et d’informations croustillantes qui font vendre, se lassent vite du statut de victimes des personnes vivant avec le VIH et n’en font  presque plus le plaidoyer. C’est pour cette raison que l’ATL a été très présente dans les médias aux alentours du 1er Décembre. Cette date symbolique(c'est la journée mondiale se lutte contre le SIDA) permet à l’association de « légitimer » sa présence sur un plateau.
 
L’association peut également compter parmi ses partenaires, le documentaire « silence » réalisé par Karim Souaki qui montre les PV VIH dans leur vécu, les laissant parler à leur aise car le silence est pire que la maladie elle-même.
 
Ainsi, jetant une lumière crue sur ce problème de société, en montrant des gens qui vivent avec  le virus depuis des années, qui parlent de leurs expériences et de la manière dont ils ont été contaminés, ce film lève un tabou longtemps entretenu par une culture réfractaire à tout débat sur ce sujet.
 
Dans l’attente d’une réponse qui tarde à venir de la part des dirigeants des télévisions tunisiennes, l’ATL a préparé six spots publicitaires dans l’espoir de les diffuser et étendre donc le spectre de leur action au plus grand nombre. Association à but non lucratif, l’ATL MST SIDA a pour source de financement le Fond Mondial international (FMI), certains donateurs tunisiens, les Nations Unis, les ambassades et les bailleurs de fonds sous forme d’appel à proposition. Car ces « bons samaritains » étudient les dossiers de plusieurs associations caritatives et subventionnent celles qu’ils jugent les plus méritantes.
 
          
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           
 
 
                                                                                                                 Mohamed Aziz Bédioui