News - 20.10.2008
Charles Milhaud, le méditerranéen
Il y a presqu’un an jour pour jour, la Financière Océor, filiale du GCE était déclarée adjudicataire des 60% du capital de la BTK. Les formalités accomplies, Charles Milhaud accédait, le 22 janvier 2008, à la présidence du conseil, pour le plus grand bonheur des actionnaires fondateurs, tunisiens et koweitiens. Compter dans son board une personnalité aussi illustre était plus qu’un honneur, un véritable moteur de développement. Ici et là-bas. Jusqu’au Koweit où pourraient se nouer de nouveaux liens et se développer d’utiles synergies.
En moins de 6 mois et malgré un agenda hyper chargé, Charles Milhaud retournera en Tunisie pas moins de 3 fois. Pour présider lui-même les réunions du conseil, lors de la visite du Président Sarkozy et pour la réunion de l’IPEMED. Et chaque fois, le même rituel sur le terrain avec la visite d’agences de la Banque, les réunions avec les équipes et les contacts avec les clients et de hauts responsables. « Un vrai Président de Banque, relèvera un observateur, qui sait flairer la bonne greffe, motiver, animer et inspirer les autres. »
Saluant un à un les jeunes de l’Agence BTK siège, un vendredi après-midi, Charles Milhaud ne leur avait-il pas glissé, avec son accent méridional : « Hé ben ! Travaillez-bien, et amusez-vous bien. Bon week-end ! » Un message affectueux qui a fait son effet.
Jeter des ponts
Il faut le reconnaître, Charles Milhaud, en venant à Tunis, jetait un premier jalon de sa stratégie méditerranéenne. Cet espace qui l’a vu naître sur sa rive Sud et accompagner son ascension sur l’autre rive mérite un pont. Au moins un sinon plus. Acquis depuis ses origines à l’initiative de l’Union pour la Méditerranée, il y a non seulement beaucoup cru mais aussi beaucoup œuvré. Ne le trouve-t-on pas, le samedi 29 mars 2008, plaider devant le Forum de Paris, réuni à la Maison de l’Unesco, la dimension financière et expliciter une vision partagée de la circulation des Hommes.
Moins d’un mois après, n’était-il pas de nouveau à Tunis, cette fois-ci à la faveur de la visite du Président Sarkozy, pour signer un protocole d’intention entre le GCE et la BTK, relatif aux transferts des tunisiens à l’étranger et à la valorisation de leur épargne, premier instrument du genre mis en place. En présence des ministres Brice Hortefeux, Ali Chaouch, du Gouverneur Taoufik Baccar et de tous les PDG de banques. Son engagement méditerranéen se concrétise à travers de grandes actions, telles que l’accord de coopération signé avec 8 banques des deux rives, début juillet à Paris, juste à la veille du Sommet de Chefs d’Etats.
Le sens des valeurs
Méditerranéen dans l’âme, Méditerranéen dans les valeurs. A la première alerte de l’incident financier, ce vendredi 17 octobre 2008, il est le premier à le signaler. Mesurant le sens des responsabilités, il monte au créneau. En premier. L’actualité s’emballe, les médias s’embrasent, les institutionnels et les politiques s’en emparent. Le week-end devient décisif, avant que les bourses n’ouvrent lundi matin. Charles Milhaud, après 44 ans de Caisse dont 9 à la présidence et à un an seulement de la fin de son mandat, s’en remet à ses pairs.
Réuni dimanche, le Conseil de Surveillance du Groupe Caisse d’Epargne a « accepté la démission de Messieurs Charles Milhaud, président du directoire, Nicolas Mérindol, directeur général, et Julien Carmona, membre du directoire en charge des finances. Messieurs Bernard Comolet, président du directoire de la Caisse d’Epargne Ile-de-France, et Alain Lemaire, président du directoire de la Caisse d’Epargne Provence-Alpes-Corse, ont été nommés respectivement président et directeur général », mentionnera un communiqué officiel, diffusé tard dans la soirée. »
« Je ne suis pas un Homme d’Argent »
Quelques minutes plus tard, Charles Milhaud sort de sa réserve et livre un message qui fera date. « Cette perte, écrira-t-il, est la conséquence à la fois de l'exceptionnelle volatilité des marchés dans cette période, et de la violation des instructions que le directoire et moi-même avions données. » En véritable homme d’honneur, il ajoutera : « J'en accepte néanmoins l'entière responsabilité. Ayant consacré ma vie entière aux caisses d'épargne, je n'ai pas un instant envisagé de me soustraire aux responsabilités qui sont les miennes. »
Il explique : « J'ai, en conséquence, démissionné de mon mandat de président du directoire, étant soucieux avant tout, dans des circonstances aussi graves, de donner l'exemple d'un comportement irréprochable. Je le devais à ce groupe auquel je resterai toujours profondément attaché, à ses clients, à ses salariés. »
Son ambition a toujours été grande. « Ceux qui me connaissent, écrit-il, savent que je n'ai pas eu d'autre but que de transformer ce groupe en une grande banque moderne, capable de tenir sa place dans l'économie française et européenne. Je suis heureux et fier d'avoir pu y contribuer, au travers de transformations si profondes qu'elles ont, je le sais bien, dérangé beaucoup d'habitudes et de situations acquises. »
Il explique : « J'ai, en conséquence, démissionné de mon mandat de président du directoire, étant soucieux avant tout, dans des circonstances aussi graves, de donner l'exemple d'un comportement irréprochable. Je le devais à ce groupe auquel je resterai toujours profondément attaché, à ses clients, à ses salariés. »
Son ambition a toujours été grande. « Ceux qui me connaissent, écrit-il, savent que je n'ai pas eu d'autre but que de transformer ce groupe en une grande banque moderne, capable de tenir sa place dans l'économie française et européenne. Je suis heureux et fier d'avoir pu y contribuer, au travers de transformations si profondes qu'elles ont, je le sais bien, dérangé beaucoup d'habitudes et de situations acquises. »
Le grand banquier, méridional dans l’âme, hissé de la caisse d’épargne de Sète jusqu’à la présidence du Groupe, a une autre conception de l’argent. Celui qui a toujours aidé et soutenu, tous ceux qui l’ont sollicité à quelque bord qu'ils appartiennent, a su prendre ses distances avec tout ce qui peut corrompre et avilir: l’argent en premier. Brassant des milliards, il laisse tomber comme un couperet à la fin de son message : « Et ceux qui me connaissent savent aussi que je ne suis pas un homme d'argent. »
« Je ne demande aucune indemnité. » Pas de golden parachute. Pas de super-cagnotte de départ.
« Je ne demande aucune indemnité. » Pas de golden parachute. Pas de super-cagnotte de départ.
Son dernier mot, il le réserve à ses équipes : « Au moment de mon départ, j'assure tous les collaborateurs du groupe de ma reconnaissance et de mon amitié. Je souhaite qu'ils trouvent dans le nouveau groupe auquel la fusion avec les banques populaires donnera lieu, une nouvelle occasion d'espérer et d'entreprendre. »
Une chose est sûre, Charles Milhaud a conquis le cœur des Tunisiens. Avec l'Ecureuil, la BTK aura un bel avenir devant elle.
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