Qualité, Financement et Gouvernance de l'Enseignement Supérieur en Tunisie
L'enseignement supérieur, monopolise en Tunisie comme dans la plupart des pays émergents des ressources significatives, et présente des enjeux de taille : pérenniser la croissance et soutenir l'effort de développement.
La part grandissante que représente ce secteur dans le PIB national, n'est pas seulement due à la transition démographique que vit un pays jeune disposant de ressources naturelles limitées et contraint de parier sur l'humain, elle est aussi et surtout dictée par l'intime relation entre la compétitivité de l'économie tunisienne et le niveau de productivité de sa main d'œuvre, elle même fortement corrélée à la qualité du système d'éducation notamment l'enseignement supérieur. Ayant pris partie de faire de l'économie du savoir un axe de différentiation et un avantage compétitif, c’est à l'éducation et l'enseignement supérieur en particulier qu'incombe cette responsabilité.
Cet état de fait est certainement ce qui motive aujourd'hui l'Association des Tunisiens des Grandes Ecoles de s'attaquer à ce sujet épineux pour le Forum 2010. L'engagement citoyen de nos membres nous fait parfois oublier que ce qui nous unit d'abord et ce qui fait l'identité même de notre association n'est ni plus ni moins que la qualité de la formation et de l'enseignement que nous avons reçu en Tunisie et à l'étranger.
On entend souvent que la disponibilité des ressources financières est le nerf de la guerre quand il s'agit de la performance d'un système d'enseignement. L'argent serait le "bottleneck", le facteur limitant, le "make or break". En « bons ingénieurs », nous nous intéresserons en priorité à la problématique de financement de l'enseignement supérieur.
Nous nous sommes donc proposé, pour le premier atelier de la journée du forum, d’ouvrir le débat sur la question de la disponibilité des fonds, sur la gouvernance des établissements d'enseignement supérieur et sur la gestion de ressources en tant que levier d'amélioration de la qualité
La communauté n'investit elle pas assez dans ce secteur ? La qualité de notre système d'enseignement supérieure est elle directement liée au niveau des dépenses? Faudrait-il trouver des moyens alternatifs pour investir dans le secteur? Telles sont les questions que nos invités aborderont dans un premier temps.
Force est de constater que la question ne se pose pas seulement en Tunisie ou dans les pays de niveaux économiques égal, elle est aussi d'actualité pour la France et les Etats?Unis pour ne citer que des pays qui ont développé des modèles bien à eux. Seulement, il a été prouvé que dans ces pays la corrélation entre dépenses par étudiant et indice de performance standard est trop incertaine pour résumer une stratégie de mise a niveau du système à une intensification de l'investissement et un accroissement du niveau du CAPEX ou de l’OPEX.
Toutefois certains témoignages d'enseignants et d'étudiants rendent crédible la thèse selon laquelle le manque de moyens des établissements d'enseignement public n'est pas étranger à la modeste performance de l'Ecole tunisienne comparée à celle des pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord. Nous assistons également à une dévalorisation de la profession, qui se répercute par ailleurs dans l'opinion que s’en font les étudiants et dans leurs rapports avec le corps enseignant.
Quels seraient les différents modèles et sources de financement ? Quelle serait la part de l'investissement privé sachant que le niveau des dépenses publiques est déjà très élevé ?
L’accroissement de l'investissement privé, le positionnement de ce secteur en termes de sections, de branches et de spécialités et le choix de « Business mode », c’est ce que nous ne manquerons pas d'évoquer avec nos invités et membres du panel.
Malgré le niveau d'investissement public élevé, la performance du système reste en deçà des aspirations et des exigences de qualité, ceci pourrait se justifier par l’inefficacité dans la gestion de ces ressources plutôt que par leur disponibilité. Il en découle la question de la gouvernance. Il conviendrait de clarifier et de simplifier la relation entre les établissements d'enseignement et leurs organismes de tutelle. Cette question sera également soulevée et débattue
L'Atuge, dans son souci d'être un agitateur d'opinions et un acteur citoyen, pose librement le débat. Ses invités de marque ne manqueront pas d'apporter des éclaircissements, des opinions et des positions qui, nous l’espérons, feront avancer le débat national. Nous donnons rendez vous aux lecteurs de Leaders, le jour du Forum de l'Atuge, le 30 Juin 2010, pour contribuer et enrichir cette réflexion collective.
Bilel Bouraoui
PDG AWS
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Il faut totalement privatiser et angliciser progressivement mais surement l'université. La Tunisie exploitera au mieux ses énormes ressources humaines et leur fera gagner à eux et à la communauté nationale beaucoup d'argent.
Le thème du forum ATUGE de l'année 2OO9 a été la productivité,alors que le thème du forum 2O1O a traité de l'éducation.Ce sont des instruments à mettre en oeuvre pour réaliser les objctifs ambitieux de la Tunisie.Ces concepts requièrent des mesures fiables,précises et récentes afin de pouvoir comparer l'expérience tunisienne à d'autres.Les leçons à tirer du passé vécu par la société tunisienne devraient faciliter la réorientation des efforts consentis pour l'avenir.Comme le disait Moncef Bercous,tailleur de notériété internationale:l'avenir appartient à ceux qui voient bein et loin.