Le "Projet Sfax" : Une belle occasion ratée
Je reviens du vernissage d'une expo dont peu de gens ont entendu parler: "Le projet Sfax", "1º Résidence Euromaghrébine de Photographes" financée par l'Union européenne en Tunisie, au Palais Khéreddine.
De fait, pas grand monde en ce mardi hivernal. Une expo confidentielle, des tirages médiocres.
Il y a un catalogue, bien imprimé, avec un texte du Commissaire de l'expo, Juan Angel de Corral, photographe de publicité et directeur artistique d'un livre que je découvre sur place, près de 300 pages, cartonné avec jaquette. Je n'ai pas pu le feuilleter, A ma grande surprise, on me dit qu'il ne sera pas commercialisé.
Cette importante opération médiatique financée sur fonds publics européens aura donc abouti à une expo décevante, inaugurée en catimini un mardi, et à un livre d'art offert entre happy few.
Le public tunisien ne saura rien de ce travail, pourtant ambitieux et intéressant, et les amateurs de beaux livres ne le verront pas. On peut déplorer qu'un projet éditorial de cette dimension, initié par la délégation européenne, n'ait pas intégré un élément essentiel au livre: un éditeur.
Il est regrettable qu'une telle publication (le dernier livre sur Sfax date de 25 ans!) ne soit pas mise sur le marché et portée par un éditeur tunisien. Il existe à Sfax des éditeurs qui auraient été ravis de s'inscrire dans cette logique (l'un d'entre eux a même été président de l'union des éditeurs).
Ce livre aurait mérité de venir enrichir l'environnement éditorial tunisien. Avec une distribution efficace, une médiatisation plus professionnelle, et des séances de présentation en librairies avec les photographes, tellement plus en phase avec la dynamique sociale et culturelle tunisienne actuelle, qu'une pompeuse et insignifiante présentation "au Palais". Cela aurait assuré au livre et au projet qu'il porte, un impact, une visibilité et une pérennité réels et utiles à tous.
Je me suis intéressé à cette initiative depuis le mois de mars, ai multiplié les demandes de rendez-vous avec Mme l'Ambassadeur, envoyé des mails, parlé à son secrétariat, à ses standardistes. En vain.
J'ai fini par avoir une réponse du responsable du projet: ravi de mon courrier, il me suggère de contacter "Juan, qui ne sera là qu'après l'été". La suite vous la devinez, une fin de non recevoir... Sans même connaître l'objet de ma requête.
Madame l'ambassadeur est fille d'éditeur.
Dommage.
Karim Ben Smail
Editeur
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une exposition de ce genre aurait pu drainer des foules;pourquoi la prsenter d 'une manière quasi confidentelle?.L 'Union européenne finance mais sans respect pour le public tunisien donc pour les tunisiens;et pourquoi ne pas avoir réponduà Monsieur ben Smail;pourquoi ce dédain?
Le livre est disponible en version PDF sur le site de la Délégation de l'Union européenne à Tunis, et donc disponible au grand public. La finalité de ce projet n'est pas à mon avis lucrative, mais M. Ben Smail, en dépit des bonnes intentions déclarées, en tant qu'éditeur, ce qui le chagrine c'est surtout "On peut déplorer qu'un projet éditorial de cette dimension, initié par la délégation européenne, n'ait pas intégré un élément essentiel au livre: un éditeur" : http://eeas.europa.eu/delegations/tunisia/documents/press_corner/presskit_projetsfax_tunis2014_fr.pdf
@Dhafer: Ce qui me "chagrine" c'est exactement ce que j'ai écris dans mon billet . je vous confirme que j'aurais effectivement été ravi d'être associé en tant qu'éditeur à cette initiative, c'est mon métier et ce n'est pas tous les jours qu'une chancellerie européenne mets de tels moyens en Tunisie pour un livre. Malheureusement, et comme je l'ai dis, je n'ai même pas pu avoir accès aux promoteurs du projet, ce que je trouve très cavalier (pour rester poli). Ce type d'intervention "en terrain conquis" ne devrait plus exister en Tunisie. Quand l'UE affecte des fonds à une initiative culturelle en Tunisie, ce n'est pas pour que les choses se fassent en circuit fermé. Enfin ce "livre" n'en est pas un, il n'en a que l'apparence, précisément parce qu'il y a un maillon manquant essentiel, un métier: l'édition. Et un éditeur saurait par exemple qu'un fichier PDF n'est pas pas un livre! Je finirai bien par rencontrer un jour Mme l'ambassadeur, et en tant qu'enfants d'éditeurs nous nous comprendrons certainement. D'ici là comptez sur moi pour répondre à tous ceux qui me serviront d'anonymes "...mais M. Ben Smail, en dépit des bonnes intentions déclarées..."