Lettre ouverte à Monsieur Mehdi Jomaâ
Monsieur Mehdi Jomaâ a été choisi le 14 décembre 2013 pour diriger le Gouvernement.
On ne peut que lui souhaiter la réussite dans sa lourde mission comme l’a d’ailleurs fait avec « fair play » son rival, Monsieur Jelloul Ayed.
C’est vrai que nous aurions souhaité qu’il soit issu d’un large consensus et ne soit pas boudé, particulièrement, par le Front Populaire et Nidaa Tounes.
Il devrait avoir notre préjugé favorable en dépit de son appartenance au Gouvernement de Monsieur Ali Layraydh. Il devrait être soutenu par les partis politiques et la société civile. Il y va de l’intérêt du pays.
Seulement, Monsieur Jomaa devra, au préalable, éditer un livre blanc et surtout réaliser ce qu’on attend de lui.
Le livre blanc est nécessaire pour dissiper les préjugés défavorables qui pèsent sur sa personne accusée, à tort ou à raison, d’avoir des affinités avec le mouvement islamiste ce qui fait douter, a priori, de son indépendance effective.
Qu’a-t-il fait au sein de ce Gouvernement qui démontre son indépendance? A-t-il refusé, par exemple, des nominations douteuses dans son Département?
Par ailleurs, en tant que Ministre de l’Industrie, qu’a-t-il fait de bien et de moins bien ? Quelle est sa responsabilité dans les pertes du Groupe Chimique et de la CPG ? A-t-il tenté de faire quelque chose mais on l’en a empêché?
Un livre blanc sur son parcours, sa formation, ses affinités politiques, son activité à la tête de son Département sont attendus de la part de plus d’un Tunisien pour lever toute ambiguïté et favoriser la conjugaison des efforts de tous.
S’il se révèle qu’il a été vraiment indépendant, que veut-on de plus? Peu importe alors qu’il ait fait partie de l’actuel Gouvernement. S’il a pu «manager» son Département avec brio et qu’il ait fait des choix stratégiques que le secteur de l’Indusrie reconnait explicitement, alors c’est un bon choix.
L’UTICA faisait partie du «Quartet» et a entériné ce choix. Elle porte, à cet égard, une lourde responsabilité. La « Dame de fer » n’aurait-elle pas empêché ce choix en cas de doute?
Faisons donc confiance au «Quartet» qui a entériné ce choix.
Mais le tunisien jugera directement, par lui-même, Monsieur Jomaâ, sur ses actes.
Nous le jugerons, d’abord, sur la composition de son Gouvernement. Qu’il ne s’appuie surtout pas sur le fait que l’actuel Gouvernement comporte des ministres « indépendants » pour les reconduire dans leurs fonctions. Ce serait là la première grave erreur au moins pour certains d’entre eux. Le pays n’est pas content, par exemple, du rendement du Ministère de la justice.
Il sera jugé sur le nombre de ministres et de conseillers et des regroupements qu’il devra effectuer ainsi que sur les limitations des dépenses de l’Etat.
Le peuple attend qu’il ressuscite un Conseil économique et social dans une forme réduite, sans rétribution de ses membres en servant à la limite des jetons de présence.
Le peuple jugera Monsieur le Chef de Gouvernement sur la position qu’il adoptera sur les dossiers prioritaires:
- la sécurité nationale (renforcement des équipements, renseignements, études stratégiques, coopération avec les pays frères et amis, cadre d’activité des agents etc),
- le choc psychologique que les bailleurs de fonds, l’investisseur local et étranger attendent de lui en fixant les grandes orientations qu’il entend imprimer à l’économie concrétisées dans le cadre d’un plan de développement que les économistes et l’Administration concocteront rapidement,
- les aménagements qu’il entend imprimer au projet de loi de finances pour 2014 et au code des investissements,
- la mise en place d’une commission indépendante à l’effet de réexaminer certaines nominations de nature à jeter le doute sur les futures élections,
- la neutralisation immédiate des ligues de protection de la révolution et de toute forme de violence d’où qu’elle vienne,
- la panoplie de mesures à mettre en place pour maitriser le commerce parallèle et la contrebande,
- la politique à suivre en matière de médias,
- les formes de contrôle du financement des associations et des partis politiques,
- le délai qu’il entend négocier avec l’ISIE bis dans la fixation de la date des élections qui devra être fonction de l’assainissement préalable de l’environnement.
- la politique de communication et le contact avec les partis et les associations.
Toutes ces mesures pour être réalisées nécessitent la mobilisation des compétences nécessaires qui ne cherchent qu’à aider le pays à repartir d’un bon pied.
Pour celles qui sont jugées indépendantes, elles pourraient faire partie du Gouvernement. Pour les autres, elles pourraient faire partie du Conseil économique et social à mettre rapidement en place.
Pour profiter de l’expérience des uns et des autres, on doit pouvoir ouvrir les portes à tout ancien ministre, secrétaire d’Etat et Pdg d’entreprise qui auront émettre leurs avis sur les projets de textes et de mesures à mettre en place.
La Tunisie a besoin de tous ses enfants quelle que soit leurs opinions politiques!
Mokhtar El Khlifi
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Tout ce que vous avez dit et suggéré me parait logique et émane de quelqu'un soucieux du bien de la Tunisie. Toutefois, essayons d'écouter M. Jomaa et laissons le former son gouvernement et définir son plan d'action pour les quelques mois à venir, Ce n'est que sur son programme, sur ses premières décisions notamment en relation avec les nominations des gouvernements JEBALI et LAARAYEDH et la dissolution des LPR qu'il nous sera autorisé de le juger. Merci quand même pour tout votre effort.
AVEZ vous oublié qu'il était parmi les technocrates approuvés par l'opposition après la démission du gouvernement Jbali. de quelles affinités vous parlez? le livre blanc est à os éditer dans vos têtes malades avant tout