Opinions - 01.10.2011

Trente jours décisifs

On n’a plus donc qu’un temps limité pour prendre des décisions importantes pour l’avenir du pays. C’est l’heure du choix.

La première urgence consiste à sortir le pays du « provisoire » et à l’installer dans la durée. Si les élections du 23 octobre prochain ne devaient aboutir qu’à un « gouvernement transitoire » dont le durée serait limitée à quelques mois ou un an, le temps d’établir une nouvelle Constitution et si après cela on doit refaire des élections législatives, et si la nouvelle Constitution l’impose, des élections présidentielles suivies probablement d’élections municipales ou régionales, on ne pourra plus s’occuper des affaires du pays, les esprits étant ailleurs et l’agitation pouvant alors atteindre des sommets. Déjà notre première élection provoque des remous de toutes sortes.

Donc, simplifions. Les élections du 23 octobre doivent et peuvent être à la fois constitutionnelles, pour établir une nouvelle Constitution, législatives pour élaborer la loi, et politiques pour désigner un gouvernement. Ces élections doivent aboutir à une Assemblée nationale, un Parlement qui aura un mandat de quelques années lui permettant, ainsi qu’au gouvernement qu’il désignera, de travailler dans la durée et de s’occuper des problèmes fondamentaux du pays : emploi, éducation, équilibre extérieur, développement régional, établissement de plans et de perspectives pour les dix prochaines années.

Le monde entier attend qu’on s’installe dans la durée pour nous parler. Un nouveau gouvernement « transitoire » n’aura pas l’audience nécessaire auprès de nos partenaires et aussi auprès de nos compatriotes.

Cette stabilisation du pays est nécessaire pour qu’on puisse examiner le résultat souhaitable de ces élections et le moyen de réduire les inconvénients d’une loi électorale qui va se traduire par une Assemblée hétérogène où aucune formation ne peut apparemment prétendre constituer une majorité gouvernementale. Il aurait fallu établir une loi sur les partis politiques, pour éviter la pléthore qui existe aujourd’hui avant d’adopter cette loi électorale qui est à l’origine du grand nombre de partis. Mais elle est là et on doit essayer de réduire ses effets négatifs.

Il est évident que dans la conjoncture actuelle, aussi bien à l’intérieur qu’à l’échelle internationale, la Tunisie ne peut être gouvernée qu’au centre étant donné la modération de la population dans sa majorité qui appelle de ses voeux une évolution réelle vers le progrès sans violence et excès, toute tentative extrême ne pouvant qu’échouer comme la généralisation violente du système coopératif ou l’improvisation irréfléchie de l’union avec la Libye, union souhaitée mais mal conduite étant donné les rivalités au sein du personnel politique. Il en est de même de l’exploitation de la religion à des fins politiques comme au cours des deux dernières décennies.
Il est donc nécessaire que les formations politiques se réclamant du Centre démocratique abordent les élections avec un minimum de rapprochement et de coordination pour constituer aux yeux du corps électoral une alternative crédible. On aurait souhaité que les principales et plus anciennes formations de ce centre démocratique puissent s’unir et former un grand parti du centre qui aurait constitué l’ossature du corps politique et du système de gouvernement. Il faut espérer que cette union puisse intervenir un jour proche. En attendant, et faute d’avoir pu établir des listes communes, ces formations pourraient au moins avoir un projet commun de gouvernement portant sur l’essentiel et déclarer qu’ils s’engagent à gouverner ensemble après le 23 octobre et à réduire leurs divergences et mettre entre parenthèses les questions et les ambitions personnelles que le temps et les circonstances seuls permettront de résoudre. Dans le cas contraire et si la dispersion continue après le 23 octobre, ils seront contraints à opérer des alliances de circonstance.

Ce serait évidemment meilleur si une « union nationale » pouvait voir le jour, basée uniquement sur les intérêts du pays, écartant les désaccords nuisibles et pouvant gouverner le pays efficacement. Mais ce sera difficile, pour ne pas dire impossible à obtenir ou alors ce sera une « fausse » union.
Il reste que les partis qui n’appartiennent pas au centre ont un rôle à jouer dans le gouvernement du pays : celui de l’opposition constructive et respectée sans laquelle le gouvernement risque de céder à la facilité et de prendre de mauvaises décisions.

Donc aujourd’hui, il importe de stabiliser le pays, de réussir les élections et d’obtenir une majorité et un gouvernement pouvant durer suffisamment pour faire face aux problèmes du pays.
Qui fixera cette durée ? Celui qui doit convoquer les électeurs pour le 23 octobre. Il doit leur dire :
• Quel est l’objet de ces élections ?
• Quelle Assemblée doivent-ils élire et quelles sont ses attributions ?
• Quelle est la durée de son mandat ?

C’est le Président « provisoire » qui a déjà lancé une convocation pour le 24 juillet qui n’a pas eu de suite. Celle qu’il doit édicter pour le 23 octobre doit être plus explicite. On ne voit pas qui d’autre pourrait le faire. On ne peut pas dire que l’Assemblée élue sera « souveraine » et décidera de la durée de son mandat : cela n’a pas de sens.

Mansour Moalla
 

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
4 Commentaires
Les Commentaires
Tounsi - 01-10-2011 16:50

bravo si MANSOUR, J ai 32 ans et je n ai pas eu l occasion d assister a vos réalisations mais en lisant vos mémoires. J ai découvert un grand monsieur et malgré votre âge, vous continuez a faire des bonnes analyses. Mais ce qui m i trigue et je voudrais entendre votre avis. L idéal pour notre pays c est l émergence dune nouvelle génération de décideurs de la tranche d âge 40-50 ans. Je suis contre le retour de votre génération sur la scène. Le deuxième point c est le retour vers le régionalisme. La tunisie n a pas besoin que les régions de l INTERIEUR soient monter contre la cote. Moi, je vis a tunis, mais je ne suis pas tunisois, je suis originaire du nord ouest et je n ai pas de la famille la bas. Je n ai pas de région ni de arch et heureusement. Je voudrais que les meilleures nous gouvernent indépendamment de toutes autres considérations. Il faudrait des leaders d opinion comme vous défendent ce point de vue et non pas son contraire.

hatem jemaa - 01-10-2011 18:12

Compte tenu des differents manquements que Si Mansour a justement relevés, et bien d'autres tout aussi louables et qui ont trait plus directement à la transition démocratique, il nous parait de l'interêt supérieur du pays que Mr le President de la République fixe les éléments cités par Si Mansour auxquels je me permets d'ajouter encore une fois ( pour l'avoir fait à maintes reprises auparavant ) les précisions suivantes: 1- Durée de la Constituante: 1 an - 4 mois pour rédiger un ou plusieurs projets de constitution à soumettre au referendum pour adoption - 4 mois pour l'organisation du referendum en 1 ou 2 tours et pour la promulguation de la nouvelle constitution. - 4 mois pour l'organisation des éléctions législatives et présidentielles dont la chronologie sera fonction du choix de régime prévu par la constitution. 2- Les candidats n'ayant pas été élus pour siéger à la Constituante du fait de leur rang dans la liste ayant obtenu au moins 1 siège, siègeront dans une instance de 217 membres qui sera chargée d'approuver la composition et l'action du gouvernement jusqu'au pourvoi définitif des institutions de la république conformément aux dispositions de la nouvelle constitution une fois adoptée. La distinction entre la mission constitutionnelle et la mission de gouvernance du pays est un gage de " stabilité " accrue pour l'après 23 Octobre. Même si j'en conviens volontiers elle ne sera pas totale. Pour cela il fallait peut être opter pour une autre option mais maintenant il est trop tard et il faut faire avec ce qui existe et nous éviter de rentrer dans une phase d'instabilité qui hypothéquera notre transition démocratique.

Mehdi - 03-10-2011 10:00

Mansour Moalla dit exctement ce que dit le CPR de Dr Moncef Marzouki : On doit entre dans une période "constituante" et non provisoire avec un gouvernement d'union nationale légitime, responsable devant la constituante élue et capacble à entamer les réformes nécessaires politiques, économiques et sociales dès sa formation

khemais _FRINI - 03-10-2011 23:55

Pas d'accord du tout avec cette proposition Il ne peut y avoir de cumul des pouvoirs en démocratie La Constituante aura un seul mandat : Ecrire une Constituante et le proposer en référendum dans un délai ne dépassant pas un an Le 25 JUILLET PROCHAIN SERA LA DATE DU REFERENDUM .

X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.