Wahid Ferchichi: Un parcours très riche
Wahid Ferchichi a intégré l’enseignement supérieur en tant qu’assistant permanent en octobre 1995 à la faculté de Droit de Sfax où il a enseigné différentes disciplines de droit public : droit constitutionnel, droit administratif, droit du contentieux, droit international… mais il avait déjà une sensibilité pour les droits humains et les libertés, qu’il a commencé à enseigner à partir de 1998 (et il continue à le faire aujourd’hui dans le cadre du master « Droits humains et droit international humanitaire » qu’il codirige à la Fsjpst).
Après la soutenance de sa thèse de doctorat en l’an 2000, le professeur Ferchichi est passé maître-assistant et a continué à enseigner à la Faculté de Sfax en intégrant la Fsjpst pour enseigner et diriger le master de Droit de l’environnement à partir de 2002.
A sa réussite au concours d’agrégation, il a été nommé maître de conférences à l’Institut supérieur des études juridiques et politiques de Kairouan, où il a enseigné et dirigé le département de droit public de 2010 à 2014 ; pour réintégrer ensuite la faculté des Sciences juridiques de Tunis, où il enseigne désormais en tant que professeur de l’enseignement supérieur, membre du conseil scientifique, codirecteur du master Droits humains et droit international humanitaire, coordinateur de la clinique juridique Violence fondée sur le genre depuis 2018, et chef du département de droit public et science politique de 2020 à 2024.
Cursus de recherche: les droits humains et l’environnement, une priorité absolue
L’intérêt pour la protection de l’environnement s’est révélé très tôt chez le professeur Ferchichi, qui lui a consacré ses toutes premières recherches (son mémoire de master en 1994 portait sur «l’Administration de la nature en Tunisie», et sa thèse de doctorat en 2000 était intitulée « Le service public de l’environnement en Tunisie : essai sur le rôle de l’Etat dans la protection de l’environnement »). Depuis qu’il est enseignant chercheur, le professeur Ferchichi a publié deux ouvrages (chacun de plus de 600 pages sur les questions environnementales et urbaines) et des dizaines d’articles et a dirigé des dizaines de mémoires et de thèses portant sur la protection de l’environnement…
Alors que le travail sur les thématiques des droits humains n’était pas très recommandé avant 2011, le professeur Ferchichi a pourtant entamé sa carrière de chercheur en publiant, en 1998, sa première recherche non académique sur le droit des personnes vivant avec le VIH/sida en 1998, pour leur consacrer, quelque 20 ans plus tard, une étude entière sous forme de plaidoyer en faveur du respect de leur dignité. En écrivant au sujet du scandale du Queen Boat (2000) en Egypte, le professeur Ferchichi a rédigé la première recherche dans le monde arabe en faveur des droits des personnes Lgbt (étude qui n’a pu être publiée qu’en 2009 au Liban). Cette sensibilité aux causes justes des personnes minorées et discriminées a fait que le professeur Ferchichi a consacré la quasi-totalité de ses recherches aux droits humains des personnes vulnérables : les enfants (étude sur le travail des enfants dans le monde arabe: Liban-Tunisie-Yémen 2007) ; l’indépendance de la justice : les associations de magistrats facteur d’indépendance ; les personnes Lgbt (le droit pénal et l’homosexualité dans les Etats arabes 2009).
A partir de 2011: l’ère de liberté a permis au professeur Ferchichi de publier et de diriger des équipes de recherche qui ont édité un peu plus d’une dizaine d’ouvrages et d’études portant sur le concept même de Libertés individuelles (2014) ; Les libertés religieuses (2015), Le corps dans toutes ses libertés (2016) Les droits sexuels, droits humains à part entière (2017 ) ; Les fiches d’inconstitutionnalité des lois liberticides (2017 ); Les associations Lgbt en Tunisie (2017); Le changement de sexe en Tunisie (2018:); Les minoré.e.s et les discriminé.e.s (2018:); Les circulaires liberticides (2018); Les libertés individuelles des étrangères et des étrangers en Tunisie: les métèques de la République (2019); Les collectivités locales et les libertés individuelles (2019); Les processus de dépénalisation de l’homosexualité: expériences comparées et état des lieux en Tunisie (2020).
Cette richesse des travaux et cette sensibilité aux personnes vulnérables ont été largement influencées par son cursus associatif.
Pendant plus de trente ans, ce cursus sera ponctué par la vulnérabilité des autres qui le motive. Il s’engagera dès 1991 au sein de l’Association tunisienne de lutte contre le sida et les maladies sexuellement transmissibles, section Tunis, rejoindra l’Institut arabe des droits de l’Homme en 2004, et parviendra à constituer avec des ami.e.s l’Association tunisienne de défense des libertés individuelles (Adli) en 2011.
Faisant partie d’un rêve partagé par cinq amis : Nizar Saghieh (Liban), Firas Melhem (Palestine), Abdelhay Sayed (Syrie), Fattouh Chazli (Egypte) et Wahid Ferchichi (Tunisie), la legal Agenda a pu être créée selon la loi libanaise en 2011 et une filière Tunisie-Maghreb a été créée selon la loi tunisienne en 2015. Elle est conçue pour être un forum de réflexion de publication et d’action en matière de droits humains, d’indépendance de la magistrature et des droits des minoré.e.s. Elle publie quotidiennement sur son site (arabe et anglais) les écrits portant sur ces thématiques partagées par les différents Etats arabes et publie périodiquement son magazine (mensuellement au Liban) et trimestriellement en Tunisie ; Wahid Ferchichi, membre fondateur dirige aujourd’hui le bureau de Tunis.
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